Cuba. révolution dans la révolution
ENTRETIEN AVEC MARCELO “LIBERATO” SALINAS ET DANIEL PINÓS
MILITANTS DE L’OBSERVATOIRE CRITIQUE DE CUBA, DE L’ATELIER LIBERTAIRE ALFREDO LÓPEZ DE LA HAVANE ET DU GROUPE D’APPUI AUX LIBERTAIRE ET AUX SYNDICALISTES INDÉPENDANTS DE CUBA
SAMEDI 29 OCTOBRE 2022 À PARTIR DE 19 HEURES
Émission de la Tribuna Latinoamericana
de Radio libertaire, 89.4 FM
et en direct sur internet : www.radio-libertaire.net
Un serviteur subversif
Selon Reinaldo Arenas (1943-1990), les écrivains latino-américains se trouvent toujours face à un dilemme : se rebeller contre une image « exotique » ou l’exploiter commercialement à leur bénéfice. L’écrivain cubain, éternel révolté, ne pouvait que choisir la subversion, voire la destruction, de cette image attendue. C’est ainsi que l’on assiste à un véritable jeu de massacre dans Le portier, écrit à New York entre 1984 et 1986 et courageusement réédité aujourd’hui.
Cuba : l’heure de la citoyenneté
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Avec des baïonnettes, monsieur, vous pouvez tout faire sauf vous asseoir dessus.
Mais s’asseoir sur eux.
Charles-Maurice de Talleyrand
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Un an après les manifestations sans précédent des 11 et 12 juillet 2021, les Cubains sont à nouveau descendus dans la rue. Accablés par l’absence d’électricité et la paralysie consécutive des services (eau, gaz) suite au passage de l’ouragan Ian, des milliers de Cubains ont manifesté contre le gouvernement en des dizaines de points de la capitale et d’autres villes du pays. Les slogans étaient un mélange de plaintes concernant la gestion des coupures de courant, des pénuries et, de plus en plus, le cri de la « liberté ». Malgré la répression déclenchée – avec des paramilitaires, la nuit et sous le couvert de coupures totales d’Internet – le peuple est sorti dans la rue, pendant cinq jours consécutifs, pour dire « assez ». Les témoignages, de différents types, ont réussi à surmonter la censure ; nous pouvons maintenant les consulter dans les médias professionnels tels que Diario de Cuba (1), El Toque (2), 14ymedio (3) et Inventario (4).
L’épopée mélancolique d’Haydée Santamaria, pasionaria cubaine
Une bio romancée d’une guerillera, par une jeune autrice engagée en littérature.
Les révolutionnaires ne sont pas des poètes mais des soldats ? Pas si sûr ! Il faut avoir une sacrée foi en un idéal, en l’impossible, pour devenir guérillera, se battre contre l’injustice, la pauvreté et l’analphabétisme à Cuba au milieu du XXe siècle. Une bonne dose de courage, de renoncement et d’oubli de soi aussi…
26 personnes arrêtées lors des récentes manifestations à Cuba
Le groupe de surveillance des détentions Justice 11J a porté à 26 le nombre d’arrestations qu’il a pu enregistrer dans le cadre des manifestations qui secouent Cuba depuis jeudi soir dernier. La plateforme a ajouté mardi six autres arrestations effectuées depuis dimanche dernier. Parallèlement, Amnesty International a appelé la communauté internationale à condamner la répression à Cuba « dans les termes les plus forts possibles ».
Face au désastre économique, Cuba s’ouvre aux investissements étrangers dans le commerce
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Jusqu’ici entièrement contrôlées par l’Etat, la vente et la production de biens alimentaires ou de première nécessité va être autorisée à des entreprises étrangères. Celles-ci gèreront les ventes en gros mais l’Etat communiste va garder la mainmise sur la vente au détail. L’île traverse actuellement sa pire crise en trente ans, aggravée par la pandémie et par l’embargo imposé par les Etats-Unis depuis soixante ans.
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La documenta de Francfort contre la répression des artistes et des intellectuels cubains
La documenta (qui s’écrit avec un d minuscule) est l’une des plus grandes manifestations d’art moderne et contemporain avec la Biennale de Venise. Depuis 1955, elle se tient tous les 5 ans, pendant l’été, et dure exactement 100 jours. On l’appelle parfois le « musée des 100 jours ». Elle se déroule à Cassel, à 190 km au nord de Francfort-sur-le-Main en Allemagne. La documenta présente un panorama des créations artistiques contemporaines. Durant 100 jours, Cassel vibre au rythme des expositions, des performances et des installations d’une sélection d’artistes opérée par les commissaires en charge.
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Canek Sánchez Guevara : l’indocile héritier
Anarchiste, écrivain, punk, photographe ou graphiste : bien des mots pourraient décrire Canek Sánchez Guevara. Si son tempérament et son goût pour le voyage rappellent son légendaire grand-père, l’homme n’a jamais voulu qu’on le considère comme « le petit-fils du Che » : impossible, répétait-il, d’incarner ce pantin exemplaire tant attendu par le régime. Il choisit dès lors de s’éloigner de Cuba, en quête d’anonymat.
Des avocats verts, du gingembre et un portrait de Fidel Castro, voilà ce qu’il reste dans un marché de La Havane
« Regardez ça, dit-il, le cadavre du mouvement du 26 juillet, de Fidel Castro, est encore chaud, et aujourd’hui nous n’avons même pas de citrouille pour un triste bouillon ».
La scène de ce matin au marché de La Havane, à l’angle de la 17e avenue et de l’avenue K, dans le quartier du Vedado, pourrait être attribuée à un cyclone. Les palettes vides, squelettiques, qui attendent des produits qui ne sont jamais arrivés ; les boîtes en plastique sur le sol et à l’envers ; la terre rouge, les déchets que personne ne balaie et les vendeurs absents.
Sur l’un des étals était accroché un portrait solitaire de Fidel Castro, renfrogné, en vert olive et maculé de résidus boueux. Lorsque le marché est bondé, le profil de Castro agit souvent comme une amulette pour faire fuir les inspecteurs, reconnaissent les commerçants qui l’ont installé à sa place.
La répression s’intensifie à La Havane. Le Centre social et la bibliothèque libertaire ABRA dans le collimateur de la police
Boris M. Díaz est un compagnon cubain, membre de l’Atelier libertaire Alfredo López et du Centre social et la bibliothèque libertaire ABRA. Lors du premier anniversaire des manifestations qui ont agité Cuba le 11 juillet 2021, Boris a fait partie des victimes de l’intimidation policière et de l’opération militaire mise en place par la dictature cubaine. Il convient de mentionner que Boris souffre d’atrophie musculaire et vit dans un fauteuil roulant, ce qui met en évidence la lâcheté sordide et absolue d’un État fasciste dont le seul but est désormais de se perpétuer au pouvoir. Nous reproduisons ici la dénonciation diffusée par Boris sur les médias sociaux le 17 juillet 2022.