La fin de l’enchantement social de la « Révolution »
Le point de vue de nos compagnons anarchistes cubains sur les derniers événements
L’enchantement social répressif qui maintenait pacifié le « musée » d’une grande partie de la gauche internationale a disparu. Derrière la « Révolution cubaine », et contrairement à son image bonasse, l’ »État cubain » a émergé publiquement dans toute sa crudité et sa grandiloquence répressive. Ce même État cubain qui a créé – pour faire face à l’impérialisme américain – une police politique omniprésente qui combat la société et la maintient sous son contrôle. Ce même État cubain destructeur – au nom du socialisme – de toutes les organisations populaires et ouvrières qui, avec leur histoire de lutte, avaient fait des conquêtes sociales une réalité quotidienne. Ce même État cubain qui a fait de la solidarité une marque d’identité internationale, mais nous maintenant plongés dans la défiance et la peur entre voisins. Ce même Etat cubain qui a produit les seuls vaccins d’Amérique latine contre le Covid-19, mais qui maintient son personnel de santé dans une condition de salariés de la police politique.
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Courrier d’un anarchiste cubain après les manifestations
Il y a une très grande agitation qui ne peut pas être mise dans un schéma gauche-droite. C’est un peuple qui découvre sa capacité à ne pas être une simple masse de soutien pour une oligarchie rétrograde et cynique qui utilise les mots “révolution” et “anti-impérialisme” pour légitimer un despotisme ordinaire qui n’est guère différent de n’importe quelle tyrannie. C’est un peuple fatigué des inégalités et des privilèges “révolutionnaires” et “socialistes”. Cuba, en plus d’être un musée de la gauche mondiale, est une société avec un État, une police, des répresseurs, des privilégiés et des marginaux et une oligarchie militaire bureaucratique aussi rapace que les autres. Le fait que nous ayons eu un despote éclairé et humaniste ne l’exonère pas, ni ses héritiers durables, de leur despotisme. Une partie importante de ce peuple a dit qu’il en avait assez. La levée du blocus américain doit avoir lieu, tout comme la fin du monopole de l’oligarchie castriste. Ce sera compliqué et sûrement “impossible”, mais c’est la perspective la plus honnête que je vois. Notre compagnon
Leonardo Romero est actuellement porté disparu, il est un ennemi de l’Etat cubain pour avoir publiquement écrit sur une pancarte « Socialisme oui, répression non ! ». C’est dans cette disparition que se trouve le vrai visage de ce gouvernement.
Légende de la photo : Quiconque entrave la marche en avant régulière de ce frère, est l’ennemi.
Luis Manuel Otero Alcántara, l’État cubain et nous les anarchistes
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Téléchargez tous les numéros de la revue anarchiste “Tierra Nueva”
Disponibles en ligne dès maintenant les 13 numéros publiés par la revue anarchiste cubaine Tierra Nueva depuis mai 2013 :
https://tierranuevacuba.medium.com/descarga-todos-los-números-detierra-nueva-bf5816e3d92d
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Extrait de l’éditorial du numéro 1 :
¡Tierra Nueva! car nous nous sentons héritiers du groupe libertaire qui a produit l’hebdomadaire ¡Tierra Nueva! pendant 22 ans au début du siècle dernier.Cette publication a pour but de contribuer à la mise en relation avec des individus et des collectifs qui vivent au quotidien des relations libres, agréables et solidaires… qui s’inscrivent dans une spiritualité anarchiste, sauvage et spontanée.Nous croyons qu’une société sans médiation, sans spectacle, sans misère, sans autorité, sans lois, exceptées celles que nous choisissons, sans discrimination, sans simulation, sans simulation, sans oppression, sans servitude est possible.Nous n’avons rien contre l’utopie, rien de plus éloigné de la réalité, mais nous savons qu’il est beaucoup plus utopique de penser à un futur “État de bien-être” qu’à une société mise en marche par nous-mêmes pour les temps qui viennent.Pour ceux qui croient que nous voulons vivre dans le désordre, nous aimons le seul ordre qui ne nait pas des chaînes de la servitude, mais dans notre propre liberté réalisée : le seul ordre que nous comprenons comme naturel et antagoniste au désordre actuel, imposé par tant d’autorités.Puisque nous aspirons à une société d’individus libres et pleinement réalisés, puisque nous comprenons que les États garantissent la continuité du régime d’exploitation actuel en ces temps modernes (l’esclavage salarié), nous ne pouvons faire moins que nous déclarer leurs ennemis. Ainsi, toutes les personnes intéressées sont invitées à collaborer, SAUF celles qui, d’une manière ou d’une autre, vivent de la force de travail d’autrui.Alors que les classes dominantes nous maintiennent dans l’inaction, dans la confusion, dans l’absence de solidarité, dans l’isolement, en attendant que des élus nous donnent un avenir meilleur, nous pensons que le principal coupable qui ne nous permette pas de bien vivre ici et maintenant est le policier que nous portons tous en nous. Il sera victime de nos attaques constantes.
Lettre ouverte à Jorge Fernández Torres, directeur du Musée national des beaux-arts de Cuba.
Entre le journal et les rues. La presse ouvrière dans la construction de l’anarchisme cubain
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À paraître en Espagne :
Entre le journal et les rues. La presse ouvrière dans la construction de l’anarchisme cubain (1865-1895) de Javier Colodrón Valbuena
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À ses débuts, l’anarchisme cubain s’est servi de la presse comme d’une plate-forme pour diffuser son programme dans toute l’île. Grâce à une série de campagnes de diffusion et de propagande idéologique, les libertaires de la fin du XIXe siècle ont réussi à se positionner comme un guide pour le mouvement des jeunes travailleurs de l’île. Cette consolidation n’était pas une tâche facile, car, sur leur chemin, les anarchistes ont dû faire face non seulement à l’exploitation du travail et à la censure, mais aussi à l’obstacle supplémentaire de se mouvoir dans un système colonial répressif dans lequel coexistaient un modèle décrépit de production esclavagiste et un capitalisme industriel naissant basé sur une nouvelle structure de relations sociales au travail. Ce livre propose une approche de l’évolution de l’anarchisme cubain à travers la production journalistique de ses membres. L’utilisation de sources journalistiques, archivistiques et bibliographiques a permis de reconstruire à la fois le discours libertaire et le contexte socio-politique dans lequel il a été créé, permettant de déterminer le véritable rôle joué par la presse écrite dans la formation et la consolidation du premier socialisme cubain.
Le conflit sur les droits de l’homme à Cuba : commentaires à un moment critique
Le gouvernement cubain maintient, depuis des décennies, l’idée que l’île est régie par un système politique et social dans lequel certains droits humains (les Droits humains que nous défendons) ont plus de poids que d’autres (1). L’embargo américain contre Cuba, imposé depuis le début des années 1960, a servi d’excuse pour perpétuer une approche construite pendant la guerre froide, contrairement à l’universalité, l’indivisibilité et l’applicabilité qui devraient guider la question. Simultanément, les avancées (aujourd’hui en crise) dans la matérialisation des droits sociaux tels que la santé et l’éducation ont été utilisées par l’élite dirigeante pour justifier la répression et la limitation des droits civils et politiques.
Même le poète et communiste chilien Pablo Neruda a applaudi le dictateur cubain Batista
Dans l’œuvre de Pablo Neruda, se trouve caché et passé sous silence son texte publié au Chili, le 27 novembre 1944, dans le journal officiel communiste El Siglo, sous le titre « Salut à Batista. Discours de Pablo Neruda à l’Université du Chili ». Neruda saluaint au nom du communisme Fulgencio Batista, le dictateur cubain, qu’un autre tyran – Fidel Castro – chassa du pouvoir quinze ans plus tard, avec l’approbation et le salut du même Neruda, comme on peut le voir dans l’embrassade du poète chilien à Castro, relaté dans le chapitre « Fidel Castro » de J’avoue avoir vécu.
À cela, il faut ajouter les éloges de Neruda à Lénine, son silence face au goulag soviétique, son inclinaison pour Staline et l’adulation de ce dernier dans des poèmes comme Chant à Stalingrad (1942) ou Nouveau chant d’amour à Stalingrad (1943). Grâce à ceux-ci et à d’autres vers d’ardente défense du stalinisme, il reçut le dénommé « Prix Staline de la Paix » en 1953, ce qui influença aussi l’éloge qu’il fit, comme sénateur communiste au Chili, d’un autre assassin stalinien : Kalinine (1).
SALUT À BATISTA
Pablo Neruda
L’après Raúl Castro et les vicissitudes de la vie quotidienne par un témoin de passage sur l’île
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Ces trois dernières années, un climat d’effervescence fait vibrer d’un air nouveau l’île de la révolution. Un important programme de réformes a été lancé sous le gouvernement de l’actuel président Díaz-Canel. Cuba veut entrer de plain-pied dans le XXIe siècle, mais la sortie de l’ère castriste implique aussi un exercice inédit pour le parti unique au pouvoir : être à l’écoute de ceux qui ne veulent plus se taire. Le sociologue Michael Heisenberg exprime dans cet article ses inquiétudes et les engagements qui lui tiennent à cœur.
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Pourquoi la fin des frères Castro à Cuba ne change rien ?
Le départ à la retraite de Raul Castro, 89 ans, le lundi 19 avril est un symbole fort pour Cuba mais ne change pas la ligne politique du pays.