Monter la garde pour quoi faire ?
Comme beaucoup le savent déjà, le 11 juillet 2021 des milliers de Cubains dans nombre de villes et de villages du pays sont descendus dans la rue pour manifester et exiger des changements politiques sur l’île confrontée à la pire crise sanitaire de l’histoire, à de fréquentes coupures de courant et à une extrême pénurie de produits de base.
Depuis ce jour-là, l’augmentation de la répression ne s’est pas fait attendre. Cette nuit-là s’est déjà soldée par un mort, des dizaines de blessés et des centaines d’arrestations, parmi lesquelles celles de nombreux jeunes qui encourent des condamnations allant jusqu’à 20 ans de détention. Pour le seul fait, s’agissant de la plupart d’entre eux, d’avoir manifesté pacifiquement ou d’avoir filmé avec leur téléphone mobile certains incidents des manifestations.
« T’es au courant, camarade ? A propos du soutien de la gauche au gouvernement cubain, sans tenir compte des expériences des Cubains noirs »
Juan Fernando a 31 ans, il est cubain, noir et docker au port de La Havane, dans cet ordre, comme il le souligne. Le matin du 11 juillet, Juan a reçu par WhatsApp et Facebook des vidéos montrant une sorte de révolte à San Antonio de los Baños, une ville située au sud-est de La Havane, dans la province occidentale d’Artemisa.
Juan a rapidement négligé les vidéos et n’a pas fait grand cas de l’affaire. Après tout, au cours des derniers mois, Cuba a connu des manifestations sans précédent de dissidence publique de masse. Le mouvement de San Isidro, le #27N et les manifestations individuelles de frustration à l’égard du système dans toute l’île ont remis en question le message officiel de consensus social et de soutien au Parti. Comme le dit Juan, «rien ne change jamais, alors pourquoi trop y penser?». Mais Juan avait tort. Rien de tel n’est jamais arrivé dans le Cuba révolutionnaire.
La protestation à San Antonio de los Baños s’est rapidement répandue dans tout le pays. Palma Soriano, Camaguey, Holguin, Matanzas, La Havane et des dizaines d’autres villes ont connu des manifestations de masse ce jour-là. Les Cubains étaient furieux des coupures de courant omniprésentes, des pénuries de médicaments, de nourriture et de tout ce que l’on peut imaginer, et frustrés par la réponse du gouvernement à la pandémie de Covid-19. Ils sont donc descendus dans la rue pour exiger ce qui leur a été refusé.
Amérique latine : institutions ou idéologies ?
« J’ai chéri l’idéal d’une société démocratique et libre,
dans laquelle toutes les personnes vivent ensemble dans l’harmonie et l’égalité des chances. »
Nelson Mandela
La démocratie n’est pas seulement un type de régime qui abrite un pouvoir réparti entre des institutions, ouvert à des groupes et des programmes concurrents. C’est aussi un projet culturel considérable en tant que patrimoine de l’humanité et non pas, comme certains l’affirment du haut de leurs philiasmes ou de leurs phobies, un signe de supériorité innée ou le zèle colonialiste de l’Occident. Elle est capable d’inspirer un processus historique d’horizon civilisationnel – la démocratisation – qui donne du pouvoir aux diverses luttes pour l’inclusion et la reconnaissance dans le monde contemporain. Cette grande transformation politique de notre époque -– la consolidation de la république libérale des masses assemblée à un État social fondé sur l’État de droit – a été le fruit d’un travail intergénérationnel de certaines sociétés européennes, latino-américaines et d’autres régions du monde.
Il est possible de penser de manière rigoureuse Cuba, malgré les silences et les abandons
Le triomphe révolutionnaire de Cuba en 1959 a entraîné de profonds changements dans une île qui était jusqu’alors considérée comme l’un des pays les plus avancés d’Amérique latine. Il s’agissait de changements politiques, sociaux et économiques, qui se reflétaient de diverses manières dans tous les aspects de la vie quotidienne, y compris, bien sûr, dans les études universitaires.
Ainsi, l’économique et le social ont été irrévocablement subordonnés au politique.
Impasse mortifère à Cuba
Les Etats-Unis ont cru maintes fois que leur stratégie de l’étranglement économique de l’île allait finir par payer, mais les capacités de survie de la dictature cubaine ne doivent pas être sous-estimées.
Cuba : un cocktail de militarisation et de censure
Le premier cas de Covid-19 a été détecté à Cuba le 11 mars 2020. Selon la propagande officielle, un « Plan de prévention et de contrôle du coronavirus » avait été approuvé des mois auparavant, de sorte que lorsque la maladie est arrivée sur l’île, « les conditions organisationnelles et matérielles essentielles étaient en place ». Le gouvernement a fait appel à tous – le porte-parole officiel nous l’assure – pour offrir une réponse sociale, scientifique, politique et sanitaire capable de faire face au défi posé par la pandémie.
Fidel Castro contre les anarchistes. Un regard anarchiste sur le leader de la révolution cubaine
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Agustin Souchy était un anarchiste allemand, un spécialiste des révolutions. Il a été invité par le gouvernement de Fidel Castro à étudier la révolution cubaine naissante. Lorsque le gouvernement a lu ce qu’il avait écrit, il a fait brûler l’édition de « Témoignages de la révolution cubaine » et Souchy a réussi à s’échapper de Cuba à temps.
Un film : “Baracoa. Deux à Cuba”
Le premier long métrage du cinéaste argentin Pablo Briones dépeint le quotidien de deux enfants dans la grande banlieue de La Havane. Sean Clark et Jace Freeman partagent la réalisation de ce film qui brouille les frontières entre fiction et documentaire en accentuant les liens doux-amers de l’enfance, pleine de taquineries, d’espièglerie et de tendresse innocente.
C’est un film sur la vie quotidienne de deux enfants cubains quand les vacances d’un été caniculaire viennent de commencer : Antuán, treize ans, à l’allure modeste et au tempérament explosif, et Leonel, neuf ans, mince, réservé et sensible. Les deux amis ont grandi à Pueblo Textil (1), un village cubain. Ils sont les seuls protagonistes de cette fascinante promenade dans des paysages abandonnés où les terres non-cultivées et les friches industrielles témoignent de la débâcle économique qui affecte l’île de Cuba.
Le seul antidote à la répression à Cuba est la collectivité
Suppression, érosion, démolition : les autoritarismes contre les académies (1)
Sans la liberté de presse et de réunion sans restriction, sans une libre lutte d’opinions, la vie meurt dans chaque institution publique, la vie meurt dans chaque institution publique, elle devient un simple semblant de vie, dans laquelle seule la bureaucratie reste un élément actif.
Rosa Luxemburg
Les universités sont des vecteurs fondamentaux de la culture démocratique. Elles deviennent des écoles de citoyenneté, où les gens apprennent à coexister avec des idées différentes des leurs et à exercer leur esprit critique. Dans leurs classes, nous pouvons, si nous vivons dans un ordre démocratique, voir à travers les mensonges du pouvoir – qu’il soit politique, économique ou pastoral – et forger des critères alternatifs. C’est pourquoi les universités et les instituts de recherche sont des cibles privilégiées pour ceux qui aspirent, indépendamment de leur idéologie et de leur légitimité, à concentrer le pouvoir d’une nation entre les mains de quelques-uns.