Quand Fidel Castro était l’allié de la dictature militaire argentine
N’en déplaise à nos amis argentins et latino-américains qui se réfugièrent en France dans les années 70 pour fuir les dictatures militaires, il nous faut dénoncer le gouvernement cubain quand il effectua un étrange rapprochement avec le gouvernement dirigé en Argentine depuis le 24 mars 1976 par le général Videla.
À cette époque, non seulement le régime castriste a tu les crimes du gouvernement dirigé par le général Jorge Rafael Videla, mais il lui a également apporté un soutien diplomatique dans les instances internationales, ce qui a évité à l’Argentine d’être condamnée pour une violation massive des droits de l’homme.
Ce fait est soigneusement occulté par les gauche latino-américaines, celles-ci continuent à faire référence à la révolution cubaine et à idolâtrer son chef. Ce sont ces mêmes gauches qui condamne chaque année plus sévèrement le processus militaire argentin qui dura de 1976 à 1983.
Dans ces années de dure répression, le régime cubain empêcha, à travers son représentant à la Commission des droits de l’homme de l’ONU, d’émettre la moindre condamnation contre l’Argentine et d’organiser une mission d’inspection. La faveur fut alors retourné, quand le dictateur Videla, qui prétendait combattre en Argentine le ” marxisme apatride et athée”, donna l’ordre à son représentant à l’ONU de s’abstenir contre toute condamnation de La Havane.
Ceux qui se consacrent au travail “de mémoire, de vérité et de justice”, leitmotiv des organisations des droits de l’homme en Argentine, devraient demander des explications à Fidel Castro. Si la dictature de Pinochet a été condamné à Genève, les militaires argentins ont échappé aux condamnations internationales, cela a été dû à l’intervention du régime cubain. Cependant, l’inverse s’est produit, non seulement on ne demanda pas d’explication à Fidel Castro pour son comportement, la routine voulut qu’à chaque fois que les honneurs étaient rendus à La Havane aux Mères de la Place de Mai, elles se fassent photographiées avec Fidel Castro, le complice du régime qui anéantit leurs enfants.
Comment peut-on expliquer le fait que Fidel Castro, dans ses discours sur la Place de la Révolution à la fin des années 70 et au début des années 80, pouvait dénoncer toutes les dictatures qui entouraient l’Argentine, au Chili, en Uruguay, au Paraguay, au Pérou, en Bolivie et au Brésil, en évitant soigneusement de parler des atteintes aux droits de l’homme de la junte militaire argentine ?
L’absurdité de cette situation n’est qu’apparente. Il y a un autre élément que la gauche pro-cubaine cache soigneusement : la soumission indigne de Cuba à l’Union soviétique, un impérialisme “bénin” selon l’imaginaire du progressisme d’alors. Là se trouve la clé du silence et de la complicité du régime cubain avec les crimes de la dictature argentine. Selon des témoins autorisés, la complicité des deux régimes dictatoriaux a pour base les livraisons permanentes de céréales argentines à l’ URSS, une contribution alimentaire qui fut encore plus appréciée quand Moscou commença à souffrir de l’embargo dicté par Washington après l’invasion de l’Afghanistan par les troupes soviétiques.
Plus précisément, ce fut la junte militaire argentine – à la supposée idéologie anti-marxiste – qui brisa le boycott américain imposé à l’URSS. Et ce fut la raison du soutien de Fidel Castro au dictateur Jorge Rafael Videla. Une vérité très désagréable pour ceux qui voient en Cuba un phare qui illumine encore le chemin “révolutionnaire” sur le continent américain. Cuba a démontré par cette conduite qu’elle n’était qu’un satellite de l’Union soviétique et n’ayant pas la moindre latitude pour se différencier politiquement de son encombrant allié.
Dans ces années-là, le gouvernement de l’URSS, présidé par Leonid Brejnev, sans se soucier des milliers de militants de gauche qui se trouvaient dans des camps de concentration, des militants torturés puis brutalement jeté depuis des avions dans le Rio la Plata, a épinglé la médaille de Lénine sur la poitrine des chefs militaires argentins de haut niveau, afin de contribuer à la cause de la Patrie des prolétaires”. À cette époque, les exilés argentins qui vivaient à Cuba n’ont jamais entendu Fidel Castro Ruz, leur guide, dénoncé les pratiques fascistes et dictatoriales dans le pays qu’ils venaient de fuir. Le pays de, selon lui, son ami le plus cher et un des plus grands révolutionnaires de l’histoire : Che Guevara.
Tout cela pour une poignée de roubles. Les militants de la gauche argentine réfugiés à Cuba acceptèrent cette situation dans un silence absolu. Ils attendirent en vain une condamnation de leurs bourreaux par le Tribunal de l’ONU pour les droits de l’homme. Fidel Castro, par l’ intermédiaire de ses délégués et sous la pression de l’URSS, s’est tu, en devenant le complice d’une infamie historique.
Saturnino Martínez