La CTC (Centrale des travailleurs cubains) et la liberté syndicale
C’est la CTC, la Centrale des travailleurs cubains, le syndicat unique, qui a une nouvelle fois servi de courroie de transmission au gouvernement pour annoncer aux travailleurs la suppression de 1,3 millions d’emplois dans la fonction publique.
À Cuba, le système du syndicat unique persiste, il n’existe pas de réelle négociation collective et le droit de grève n’est pas prévu dans la législation. Les syndicalistes indépendants sont toujours en butte aux persécutions, et sept des dirigeants syndicaux condamnés à de lourdes peines de prison en 2003 sont restés derrière les barreaux. L’aide humanitaire qui leur était destinée ainsi qu’à leurs familles a été confisquée par les autorités. Un autre syndicaliste, arrêté en 2004, est lui aussi toujours en prison.
Les autorités cubaines ne reconnaissent qu’une seule centrale syndicale nationale, la Centrale des travailleurs cubains (CTC). Le Code du travail qui a été promulgué en juillet 1985 n’inclut pas la possibilité réelle et objective de la liberté syndicale. Le gouvernement interdit explicitement les syndicats indépendants, mais nie l’obligation légale pour les travailleurs de s’affilier à la CTC.
Le gouvernement a déclaré à l’OIT qu’il entreprenait une importante révision de son Code du travail. Toutefois, il est peu probable qu’un nouveau code garantisse véritablement la liberté syndicale, étant donné que le gouvernement maintient que les lois existantes établissent déjà cette liberté syndicale. Selon les autorités cubaines, « la liberté syndicale protégée dans la Convention n° 87 ne s’exprime pas dans les termes du faux concept de “pluralisme syndical” imposé par les principaux centres du pouvoir impérialiste et capitaliste ».
Le Code du travail précise que pour avoir une validité sur le plan juridique, les conventions collectives doivent avoir donné lieu à un débat et une adoption par une assemblée de travailleurs, puis être formalisées par écrit et souscrites par les deux parties, à savoir l’établissement employeur et l’organisation syndicale. Tout amendement ou ajout doit également être approuvé par l’assemblée des travailleurs et souscrit par les deux parties.
L’État contrôle le marché de l’emploi et décide des conditions de salaire et de travail dans le secteur public. Dans le secteur privé, la loi sur les investissements étrangers de 1995 exige des investisseurs étrangers qu’ils embauchent les travailleurs via les agences d’emploi de l’État. Les investisseurs payent ces agences en dollars et ces dernières doivent verser l’équivalent en pesos aux travailleurs, or elles retiennent jusqu’à 95 % des salaires.
La législation ne réglemente pas le droit de grève. D’après le gouvernement, il n’est pas nécessaire de convoquer des grèves, puisque les revendications des organisations syndicales officielles sont toujours entendues par les autorités.
Toute tentative de constituer des syndicats indépendants se voit entravée par le gouvernement, notamment avec les dispositions restrictives de la loi sur les associations. Quiconque entreprend une activité syndicale court le risque de subir des persécutions ou de perdre son emploi. Les travailleurs ont l’obligation de surveiller leurs collègues et de signaler toute activité “dissidente”. Les militants des syndicats indépendants sont soumis régulièrement à des détentions, au harcèlement, à des menaces de procès et à des pressions pour prendre le chemin de l’exil.
Les organisations qui existent malgré tout n’ont pas la capacité de représenter les travailleurs de manière efficace. Puisqu’elles ne sont pas reconnues, elles ne peuvent pas entreprendre de négociation collective ni lancer un appel à la grève. Les travailleurs ne peuvent pas exercer leurs droits ou participer à des rassemblements ou manifestations pacifiques pour faire connaître leurs revendications. Les organisations indépendantes ont été établies par des dissidents qui s’opposent au régime de Fidel Castro et bien qu’elles défendent effectivement les droits syndicaux, elles se concentrent toutefois sur la lutte contre le régime et pour le respect des droits humains en général. Leurs bureaux sont soumis à des fouilles, leur équipement est confisqué et leurs communications sont interceptées. Certains de ces syndicats ont été infiltrés par des agents de la sécurité de l’État.
Enrique Varona