Un activiste de l’Observatoire critique licencié pour ses idées socialistes libertaires
Comme je l’avais prévu, mon compagnon Jimmy Roque, membre du réseau de l’Observatorio Crítico, a finalement perdu son emploi en raison de ses positions politiques. La direction de la polyclinique “27 Novembre” a élaboré une stratégie pour se débarrasser de lui.
La première action a été de fixé arbitrairement sa perte d”aptitude”, en lui faisant perdre son emploi d’optométriste, maintenant occupé par une travailleuse, avec une recommandation : elle doit “surmonter ces difficultés à propos de certaines techniques”.
La formation, les compétences et les capacités professionnelles de Jimmy sont supérieures à celles de sa remplaçante, ce qui peut être confirmé par les spécialistes et les patients de la polyclinique.
La résolution qui permet le licenciement de Jimmy n’établit pas explicitement une conduite prouvant qu’il a commis une infraction, elle ne fournit pas de preuves afin de prouver les faits supposées qui déterminèrent une telle décision. Toutes les évaluations professionnelles de Jimmy avait jusque-là été satisfaisantes, et ni la direction ni son supérieur hiérarchique n’avaient mis en doute son “intégrité” ou ses “aptitudes”.
Quelques jours plus tard, l’administration a imposé une “sanction disciplinaire” et Jimmy est puni par un blâme public pour deux supposées absences et quatre retards. Je dis “supposées” parce que l’une de ces absences n’a jamais existé, et l’autre a eu lieu avec l’autorisation de l’administration.
Les arrivées tardives ne dépassent pas une moyenne de 1,7 minutes par jour, sur le total des heures travaillées en un mois, et elles n’ont jamais affecté le service, alors qu’il n’existe qu’un seul équipement de travail et que les techniciens ont toujours été disponibles pour assumer le travail. Enfin, aucune plainte n’a été reçue à ce propos.
Les mauvaises intentions de l’administration sont révélées quand elle ajoute, de façon exagérée dans le texte, que Jimmy a une “mauvaise attitude au travail”, un argument qu’il est impossible d’utiliser de façon rationnelle en l’absence de preuves.
Enfin, le 26 septembre, l’administration met Jimmy ” à disposition de la Direction municipale de santé du quartier de Marianao, c’est à dire qu’il est licencié et que l’administration parvient ainsi à atteindre ainsi ses objectifs initiaux.
L’action directe, pratiquée dans la polyclinique par le réseau de l’Observatoire critique, a déjoué la tentative d’expulser explicitement notre compagnon pour des raisons politiques. C’est pourquoi Bernardo Duque, le secrétaire du Parti communiste, la directrice de la polyclinique Xiomara Iglesias et la vice-directrice Zunilda Crespo ont conçu une stratégie qui en moins d’un mois a réussi à licencier le travailleur incriminé.
À ce jour, Jimmy n’a pas réussi à présenter de recours devant un Organe de justice du travail de base (OJLB) (1), ce qui viole le principe d’immédiateté qui doit prévaloir dans ce type de processus. La raison réside dans le fait que, dans tout le secteurde la santé du quartier Marianao, il n’y avait pas d’organes en fonctionnement. Cela prouve l’incapacité de l’administration à protéger les travailleurs.
Les fonctionnaires de la Direction municipale de santé du quartier de Marianao prétendent que le recours doit être présenté devant l’Organe de justice du travail de base du centre de travail de Jimmy, un organe dirigé ni plus ni moins par Bernardo Duque du Parti communiste, l’initiateur et le principal instigateur de ces injustes mesures prises contre Jimmy.
Jimmy présentera un recours devant le Conseil d’Etat, les ministères du travail et de la santé publique, le journal “Trabajadores (2), le syndicat national, la direction provinciale de la Santé, le procureur, le Parti communiste, le gouvernement municipal et la direction municipale du travail.
Comme à l’accoutumé, il se pourrait que ces instances ne puissent pas rendre justice, mais dans le futur, quand on leur demandera de rendre compte pour leur collaboration avec le pouvoir, ces fonctionnaires ne pourront pas dire qu’ils n’étaient pas liés à lui.
Utiliser de mesures administratives pour s’affronter à une personne qui a des positions politiques critiques, cela a toujours été le style de la bureaucratie autoritaire cubaine. Ces procédés illégitimes, qui contredisent le Code du travail et la Constitution, sont une nouvelle preuve de la pauvreté politique des bureaucrates cubains.
Jimmy a déjà subi cela il y a deux ans, quand il a été renvoyé de l’ hôpital où il travaillait, pour les mêmes raisons. Cependant, il ne renonce pas à ses positions critiques ni à ses idées socialistes libertaires. La police politique devra inventer une nouvelle stratégie pour le faire plier.
Isbel Díaz Torres / Havana Times
1. L’équivalent stalinien de nos prudhommes (NdT).
2. Trabajadores est l’organe de la CTC, la Centrale (unique et inféodée au Parti communiste) des travailleurs cubains (NdT).
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Pour en savoir plus sur le licenciement de Jimmy, voir l’article intitulé “Un fonctionnaire communiste contre les droits de l’homme” paru sur notre blog en août dernier :
http://www.polemicacubana.fr/?p=9175