Cuba exporte ses médecins contre des devises
L’exportation de personnels de santé, notamment de médecins, est une spécialité cubaine. Alors que le Brésil fait aujourd’hui appel aux Espagnols ou aux Portugais, Cuba continue de mener sa politique de mission à l’étranger. Peu de philanthropie dans cette démarche, car elle est l’une des principales sources de revenus en devises de la plus grande île des Caraïbes.
Le 8 juillet 2013, le ministère de la Santé brésilien a mis en avant des problèmes de qualification des Cubains pour freiner le recrutement de 6.000 médecins cubains. Ces derniers pourraient être du coup remplacés par des Espagnols ou des Portugais pour pallier le manque de soignants dans les zones rurales ou les banlieues défavorisées au Brésil.
Si cela ne fait pas les affaires du gouvernement Castro, Cuba entend bien à continuer à développer l’exportation de professionnels médicaux, car cela représente près de la moitié de ses rentrées de devises: 6 milliards de dollars par an, soit autant que les trois autres grandes sources de revenus en devises : le tourisme, les envois d’argent de l’étranger (2,5 milliards chacun) et l’exportation de nickel (1,1 milliard).
Aujourd’hui, 38.868 médecins et personnels de santé sont missionnés dans 66 pays d’Amérique Latine, d’Afrique et d’Asie, dont une quarantaine reçoivent gratuitement cette aide solidaire, selon Cuba. Il s’agit du Nicaragua, de la Bolivie, du Pérou, de l’Erythrée et de l’Ethiopie, alliés politiques de La Havane, selon l’Annuaire de la Santé 2012.
En mai 2013, Cuba – 11 millions d’habitants – entretenait 15.407 médecins à l’étranger.
Aujourd’hui, de nombreux Cubains dénoncent un appauvrissement du système de santé de l’île, entièrement public et gratuit pour tous. Avec ses 82.065 médecins (un pour 137 habitants, selon l’Office national des Statistiques), Cuba est pourtant un des pays les mieux pourvus au monde.
Mais avec des salaires allant de 25 à 40 dollars par mois (moyenne nationale: 20 dollars), très inférieurs à ceux d’un mécanicien auto ou du patron d’un restaurant privé, nombreux sont les médecins qui choisissent de partir en mission internationale, dont les revenus sont jusqu’à dix fois supérieurs.
Catherine Le Brech/Géopolis