Les premiers pas d’un décollage économique à Cuba

Les timides réformes visant a libéraliser l’Etat commencent à porter quelques fruits: la croissance au premier semestre 2012 a atteint 2,1%. Pourtant, La Havane ne peut fonctionner que grâce à l’aide massive apportée par le Venezuela, son premier partenaire.

Raoul Castro, le cadet de Fidel réélu président du Conseil d’état le 24 février 2013, pour un mandat de cinq ans, a plaidé pour la poursuite «des réformes»entreprises «afin de dépasser les barrières de l’immobilisme et les mentalités obsolètes».

Ne pouvant ignorer l’environnement international globalisé, La Havane a commencé à assainir les finances publiques. Les entreprises publiques ont, désormais, une plus grande latitude pour gérer leurs ressources et le personnel. L’industrie, de son côté, doit prendre des mesures indispensables: ainsi, la production sucrière a été divisée par huit en dix ans.

La croissance se redresse. Elle était attendue à 3,1% en 2012 après des déficits budgétaires de 3,8% en 2010 et 2011.

L’économie cubaine possède des atouts
L’île, la plus grande des Caraïbes, est située entre l‘Amérique Latine et les Etats-Unis, position enviable pour les échanges commerciaux. Les services, comme le tourisme et les biotechnologies, affichent de bonnes perspectives.

Possédant les troisièmes réserves de nickel au monde, Cuba a un potentiel intéressant en gaz et pétrole. Pourtant, le manque de financement empêche de réaliser des forages en eau profonde. Jorge Pinon, un expert cubano-américain, recommande de se concentrer sur la production d’éthanol de sucre, qui pourrait atteindre 70.000 barils jour, et exporter le surplus.

Le investisseurs ne sont pour l’heure pas très nombreux, mais Dilma Roussef, la présidente brésilienne, a octroyé après une visite en 2012 une aide de 600 millions de dollars pour financer l’importation de produits brésiliens et participer à la rénovation du port de Mariel, à l’ouest de La Havane.

Le Venezuela, un indispensable partenaire
Pourtant, si le pays a l’espoir à moyen terme de relever la tête, il le doit à un seul Etat, le Venezuela. Ce dernier investit 7 milliards de dollars annuellement (36% des parts de marché en 2010). Les liens entre les deux pays se sont noués dès 1994, lorsque Fidel Castro a apporté son soutien à Hugo Chavez, à sa sortie de prison après un coup d’Etat raté.

Actuellement, Caracas fournit 100.000 barils de pétrole/jour à La Havane (qui en revend d’ailleurs une partie) à un prix très inférieur au marché. Et, depuis 1999, la liste des partenariats et des accords économiques entre les deux capitales est impressionnante. Une aide substantielle, indispensable à la survie du régime.

Le président Maduro, qui a pris les rênes après la mort du chef révolutionnaire vénézuélien, devrait continuer la politique de son prédécesseur. L’homme a suivi des études de sciences politiques à La Havane et est un ami du régime castriste qui a envoyé quelque 5.000 conseillers dans divers strates de l’Etat d’Amérique du Sud.

Commerces individuels: un souffle nouveau
Les activités économiques privées commencent à donner des résultats. Entre juin 2011 et  juin 2012, 47.000 prêts bancaires ont été accordés aux particuliers, principalement pour créer des entreprises de construction, alors qu’il manque quelque 600.000 logements dans l’île. L’ouverture permet également la régulation ou la création d’entreprises individuelles de restauration. 400.000 Cubains se seraient ainsi lancé dans les affaires, selon La Presse.

Et, indice que le pouvoir d’achat est en train d’augmenter avec l’extension du travail indépendant, une responsable d’une agence de voyage de La Havane, indique dans Le Point, qu’«elle a vendu en 2012, pour 53.000 dollars de packages touristiques à des Cubains».

La panier de la ménagère fait de la résistance
Dans sa volonté de résorber les subventions excessives, le gouvernement avait programmé la disparition du carnet d’approvisionnement. Il permettait à chaque famille d’obtenir d’un panier de produits alimentaires à très bas coûts. Mais devant la levée de boucliers auquel il s’est trouvé confronté, il a dû reculer, parlant d’une «mesure progressive».
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Jean-Claude Rongeras/Géopolis


Enrique   |  Actualité, Politique, Société, Économie   |  09 9th, 2013    |