Les États-Unis refusent leurs visas à des intellectuels cubains pour une conférence à Washington. Parmi eux des libertaires du réseau de l’Observatoire critique de La Havane
Les autorités américaines ont refusé leurs visas à des intellectuels cubains qui avaient l’intention de participer à une conférence d’études universitaires à venir à Washington.
La journaliste Elaine Díaz Rodriguez, les écrivains Isbel Díaz Torres Dmitri Prieto Samsónov et la professeur Carmen Castillo avaient été invités au XXXIe Congrès de l’Association d’études latino-américaines (LASA, pour le sigle en anglais), qui se tiendra entre le 29 et le 1er juin à Washington DC.
Jeudi, les autorités américaines ont reconsidéré leur décision à propos d’Elaine Díaz Rodriguez et son visa a été approuvé. La demande reste rejeté pour les trois autres.
Isbel Diaz Torres et Dmitri Prieto Samsónov sont reliés au réseau de l’Observatoire critique, un groupe composé par des militants libertaires, des écologistes, des féministes, des activistes communautaires, des écrivains et des artistes qui ont développé une critique du système cubain à partir d’une perspective socialiste. Il est assez paradoxale de constater que Dmitri Prieto Samsónov et Mario Castillo (un autre membre du réseau de l’Observatoire critique) n’ont pu obtenir un permis de sortie des autorités cubaines l’an dernier afin de pouvoir participer à un congrès du Conseil latino-américain de sciences sociales qui se tenait au Brésil. Force est de constater que les libertaires cubains subissent les interdictions et les obstructions des gouvernements cubains et états-uniens. Nos compas cubains sont considérés comme des personnes non-gratas aux États-Unis en raison de leurs idées anticapitalistes, alors qu’ils subissent ces mêmes interdictions et ces mêmes obstructions sur leur territoire national.
Elaine Díaz est professeure de journalisme à l’Université de La Havane et auteure du blog La polémiqua digital, où de nombreuses critiques sont formulées par rapport à la société cubaine et contre le gouvernement de son pays. Elaine Díaz a fermé son blog en août 2012, peu après avoir lancé sur Twitter un appel à ne pas voter aux élections des députés cubains, mais elle l’a réouvert l’an dernier et ce mois elle a recommencé à publier quelques posts en raison du refus de visa des États-Unis auquel elle était affrontée.
En vertu des lois américaines sur l’immigration, les visas sont confidentiels et le Département d’État refuse systématiquement de commenter sur ces cas spécifiques. Un porte-parole a dit à Café Fuerte (un site web d’information) que les décisions étaient fondées sur différents facteurs établis par la loi et que les révisions sont faites au cas par cas.
La décision prise par les autorités consulaires des États-Unis n’est pas inhabituel. Pendant des années, plusieurs chercheurs cubains ont reçu des réponses négatives semblables.
“Refuser un visa pour ces trois jeunes blogueurs et intellectuels cubains est une opportunité manquée par les Etats-Unis d’entendre des voix critiques et authentiques formulées depuis l’intérieur de l’île”, a déclaré Ted Henken, professeur au Baruch College de la Cité universitaire de New York (CUNY).
Ted Henken demande une explication aux fonctionnaires qui interviennent dans les affaires cubaines du Département d’Etat.
“En tant qu’intellectuel qui valorise le débat civilisé et franc, en particulier avec mes collègues de Cuba avec lesquels je ne suis pas toujours d’accord, je demande aux fonctionnaires de l’immigration et de l’administration d’Obama d’intervenir pour accorder ces visas qui permettent de renforcer les échanges universitaires et les relations “peuple à peuple”, at-il ajouté.
Carmen Castillo, assistante du vice-recteur des Relations internationales à l’Université de La Havane, s’est aussi heurté à un refus à sa demande afin de participer XXXIe Congrès de l’Association d’études latino-américaines à San Francisco, en mai dernier.
Près d’une centaine d’universitaires et d’intellectuels ont reçu un visa pour la réunion de l’Association d’études latino-américaines (LASA) de cette année, même si certains ne pourront pas assister à l’événement en raison de problèmes financiers, a déclaré une source proche des organisateurs.
L’an dernier, les autorités américaines refusèrent les visas à 12 chercheurs cubains qui devaient assister à le réunion de LASA, mais elles réexaminèrent une seule demande, celle de l’écrivain Roberto Zurbano. Sur les 11 restants, l’un d’eux, Carlos Alzugaray, s’est rendu ensuite à un forum sur Cuba à l’Université de Californie à Berkeley, en septembre dernier.
La délégation cubaine à Lasa cette année était composé de 65 participants, entre eux la fille de Raúl Castro, Mariela Castro, directeur du Centre pour l’éducation sexuelle à Cuba (CENESEX).