Cuba, l’économie de l’intelligence et progrès médicaux !
La médecine cubaine entre étonnement et difficultés…
Si l’on reprend l’en tête d’un article sur Cuba « Au-delà des guerres idéologiques », il y a de quoi sans hésiter affirmer qu’il existe deux grandes réussites et acquis de la révolution cubaine, la médecine et l’éducation. Ensuite on peut en critiquer certaines lourdeurs, mais rien que du très réformable en soit. Ce fut et reste un choix politique et économique courageux, notamment dans un pays sans grande puissance financière et qui a su favoriser l’économie de l’intelligence à celle du seul profit.
Face à un monde complexe et des enjeux nouveaux, il est plus que préférable pour l’avenir de favoriser des têtes bien remplis et l’éducation est la clef de voûte d’une richesse difficilement quantifiable, ainsi que de pouvoir vivre le plus longtemps possible et dans de bonne condition. Cuba sur ces questions n’a pas failli à sa mission éducative et médicale, et les indices existants sur l’espérance de vie, le nombre de décès de nourrisson à la naissance ou le niveau scolaire se classent dans les premiers en terres américaines et dans le monde.
Ecrire ou parler de Cuba c’est tomber sur un écueil…
Les visions sont tellement tranchées, que la moindre critique ou reconnaissance des points forts du régime « socialiste » vous catalogue dans un camp ou un autre. Bref, pas simple d’écrire sur un sujet qui ne peut qu’agacer ou vous tenir à distance respectable des camps ou appareils grands et petits qui s’opposent. Un sujet très casse gueule, ou l’objectivité n’a pas vraiment de place. C’est pour ou contre, c’est noir ou blanc, il est donc difficile de faire dans la nuance.
Il est possible de tenter, cet équilibre difficile : être critique à l’égard du pouvoir à Cuba et reconnaître certaines réussites. Pour seul principe que la perfection n’existe nulle part, et que c’est par un exercice intelligent de la critique que nous devons appréhender ce pays. D’autant plus que l’auteur de ces lignes, n’y a pas mis les pieds et à encore beaucoup à apprendre sur son histoire et sa vie sociale et culturelle très riche.
Cependant, il se dessine des évolutions, même si depuis près de cinquante ans le PCC est le seul parti à tenir les leviers du pouvoir, les Cubains ne se taisent plus vraiment, et l’âge du capitaine n’est en rien représentatif d’une société jeune et désireuse d’un futur meilleur. Sur le fond quel devenir pour les Cubains et quelle adaptation faire quand le modèle économique dominant est en crise ou qu’il soit un capitalisme d’état ?
Le retrait presque effectif de Fidel Castro et l’arrivée de son frère Raul ont marqué une nouvelle étape, mais il est difficile d’envisager ce qu’il en sera dans une dizaine d’années. Il faut toutefois s’interroger sur la transition, les ouvertures politiques et économiques. Malgré la perte de son ancien allié l’Union Soviétique, le régime a fini au fil des années par s’assouplir un peu, à lâcher en quelque sorte du leste, bien qu’exerçant toujours un contrôle de sa population.
Même si l’économie est plutôt fragile et que certaines réformes risquent d’avoir des conséquences pour la vie quotidienne, il y a de quoi penser que si Cuba arrive à trouver un développement adéquat, les Cubains disposent d’un potentiel important pour affronter les défis du futur.
C’est tout l’enjeu de cette transition, comment passer d’un système bureaucratique et autoritaire à un état de droit social et démocratique, et le choix le plus fondamental étant de trouver une ligne économique originale, sans perdre certains acquis et ne pas tomber dans le tout néolibéral.
Cuba à la pointe des progrès médicaux
Quand en France les médecins se font rares dans certaines régions, Cuba se paie le luxe d’envoyer dans plus plusieurs pays des milliers de médecins. Depuis 2010 à Haïti ce sont 1 million et demi de personnes qui ont pu recevoir des soins et avec des moyens bien moins considérables que d’autres nations ou ONG du type USAID, les médecins ont pourtant accompli un travail exemplaire, dans un pays où l’aide fonctionne plus que mal et ce malgré les milliards promis par la communauté internationale pour sa reconstruction.
A noter, la découverte ses dernières années de traitements pour des cancers comme celui du poumon par des chercheurs cubains. Cuba à la pointe dans un domaine comme les biotechnologies et à la production de médicaments pour des pathologies lourdes, c’est cela le potentiel et l’atout majeur de cette île des caraïbes, son intelligence et sa créativité.
Le 5 février 2013, l’Organisation Mondiale de la Santé à souligner les progrès médicaux obtenus dans la lutte contre le cancer : « Pour faire face à cette situation, Cuba a suivi les recommandations de l’Organisation mondiale de la Santé et a mis en place un plan national complet qui garantit l’accès à tous les niveaux des services de santé – prévention, diagnostic, traitement et soins palliatifs ».
«Plus de 90 nouveaux produits sont actuellement à l’étude dans le cadre de plus de 60 essais cliniques, et ces chiffres devraient encore augmenter», déclare le Dr José Luis Di Fabio. «Privilégier les biotechnologies de la santé présente l’énorme avantage de pouvoir produire des médicaments plus abordables contre les maladies qui sévissent dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.» (1).
Pour l’éducation, c’est un peu plus de 12% du PIB qui est consacré à la formation de la jeunesse, c’est-à-dire à l’éducation, quand le budget n’est par ailleurs que d’environ 5 % au Venezuela. De quoi comprendre et savoir que Cuba dispose en Amérique Latine de la population la plus diplômée. La richesse de cette île est son capital humain, et ses potentialités d’adaptation aux enjeux du futur et une transition à souhaiter la plus douce possible vers une pluralité politique.
Comment pourrait-on souhaité à ce pays les logiques concurrentielles, que l’on tente d’imposer en Europe et qui faussent les relations entre les travailleurs et citoyens de l’Union. Cette adaptation aux temps nouveaux de toute façon n’est pas que l’affaire des Cubains, il reste à savoir quel monde nous voulons ou du moins quels objectifs voulons-nous atteindre ?
L’erreur fondamentale des « marxistes et léninistes » est probablement, d’avoir mal lu Marx. S’il a défendu l’appropriation collective des moyens de production, il n’a jamais précisé qu’il fallait interdire la libre entreprise privée ou individuelle, il s’est même penché sur la question de la SA (Société Anonyme), et surtout il n’aurait jamais pensé qu’un pays si peu développé aurait pu faire une révolution.
Faire croire que l’on peut changer une société sur le plan économique et social en remplaçant le petit chef d’atelier par un membre du parti, le tout en soumettant les individus à l’anonymat et à la brimade si l’on rue dans les brancards, n’a strictement rien à voir avec les desseins de Marx. Comment aurait-il pu envisager une telle mutation du capitalisme et se voir porteur d’une idéologie dont le but a été la mise en place d’un capitalisme d’état ? Et ce n’est qu’une des multiples contradictions d’un système, qui ne peut fonctionner qu’en vase clos.
Nous sommes bien loin de l’émancipation de tout à chacun, plus encore pour l’ensemble du prolétariat ! Toutefois l’éducation a été un moteur indéniable de toutes les sociétés humaines au vingtième siècle, et les pays socialistes sur cette question des exemples.
Mais ici, comme à La Havane, nous pouvons être conscient que les changements à faire sont considérables, et que notre recours n’est ni dans le marchés financiers ou le parti unique.
Lionel Mesnard
Publié sur le blog Libres Amériques
http://libresameriques.blogspot.fr/2013/03/cuba-leconomie-de-lintelligence-et.html
Note :