A Cuba, l’écrivain et blogueur Angel Santiesteban a été condamné à cinq ans de prison
Le harcèlement des dissidents cubains par des interpellations à répétition et des arrestations de courte durée a connu un rebondissement inédit depuis le remplacement de Fidel Castro par Raul Castro : l’écrivain et blogueur Angel Santiesteban Prats, 46 ans, vient d’être condamné par un tribunal de La Havane à cinq ans de prison, pour violation de domicile et lésions.
Angel Santiesteban Prats est un auteur reconnu, primé à la fois par des institutions cubaines, comme la prestigieuse Casa de las Américas, et étrangères, comme Radio France Internationale.
L’écrivain alimente un blog critique, Los hijos que nadie quiso (Les enfants dont personne n’a voulu).
Depuis trois ans, il a fait l’objet de diverses menaces et agressions de la part d’agents de la Sécurité de l’Etat, la dernière en date le 8 novembre, devant un commissariat de La Havane, lorsqu’il demandait des nouvelles d’une avocate indépendante détenue la veille.
A cette occasion, il avait été brutalement interpellé, puis relâché après que ses proches aient mis en ligne sur Internet la photo de sa chemise ensanglantée.
Santiesteban Prats a été jugé par le tribunal du quartier Diez de Octubre, à La Havane, le 29 octobre, mais la sentence n’a été connue que ce week end, répercutée par la blogosphère cubaine. A défaut de pouvoir l’inculper pour ses activités dissidentes, les autorités ont invoqué des charges de droit commun, la plupart d’entre elles écartées par le tribunal. L’écrivain s’attendait d’ailleurs à une absolution, avant son interpellation musclée du 8 novembre. Il a annoncé son intention de faire appel.
Angel Santiesteban Prats (La Havane, 1966) avait été récompensé par le prix Juan Rulfo de Radio France Internationale en 1989, le Prix National de l’Union nationale des écrivains et artistes de Cuba (UNEAC) en 1995 (pour son ouvrage Songe d’un jour d’été, sur les expériences dramatiques des Cubains dans la guerre d’Angola), le prix Alejo Carpentier de l’Institut cubain du livre en 2001, le prix Casa de las Américas en 2006 pour son recueil de contes Dichosos los que lloran (Heureux ceux qui pleurent).
Les éditions L’atinoir publient la traduction française des nouvelles de Laura à La Havane (134 pages, 14 euros), disponible en librairie à partir du 17 décembre.
Paulo A. Paranagua
Le blog América latina sur le journal Le Monde