La vie quotidienne s’améliore-t-elle à Cuba ?
À partir du 14 janvier, les Cubains auront seulement besoin d’un passeport pour voyager à l’étranger, après la disparition du permis de sortie dans le cadre d’une réforme migratoire annoncée hier par le gouvernement de La Havane.
Cette nouvelle mesure s’inscrit dans une série de décisions déjà prises assouplissant le régime communiste depuis l’arrivée au pouvoir de Raul Castro, officialisée en 2008.
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Entretien avec Marie-Laure Geoffray, Maître de conférences à l’Institut des Hautes Études de l’Amérique latine, publié dans le journal “La Croix” du 16 octobre.
« La suppression, à partir du 14 janvier, du permis de sortie pour voyager hors de Cuba est une vraie réforme, qui était très attendue par les Cubains. Ce permis ne sera plus nécessaire, ainsi que la lettre d’invitation, qui nécessitait non seulement d’avoir des contacts, mais aussi de l’argent, puisqu’il en coûtait au total plusieurs centaines de dollars. Par ailleurs, la durée de séjour hors de l’île ne sera plus limitée à onze mois, mais à vingt-quatre mois.
Tout ceci va donc fluidifier les possibilités de voyages à l’étranger. Surtout, en fait, pour ceux qui sont déjà hors de l’île, et qui étaient confrontés à de nombreux problèmes bureaucratiques : ils devaient rentrer après onze mois, et demander un nouveau permis de sortie. Désormais, ils devront toujours rentrer – mais moins souvent – et n’auront pas à solliciter une nouvelle autorisation. Ce qui devrait favoriser grandement les relations – familiales, économiques, etc. – entre l’île et les Cubains vivant à l’étranger.
En revanche, les choses sont moins claires pour les Cubains résidant dans l’île, et notamment pour les conditions d’attribution d’un passeport. D’après les premiers textes, même ceux disposant aujourd’hui de ce document devront demander son renouvellement. Et à ce stade, des restrictions importantes demeurent, notamment pour éviter la fuite des cerveaux, en particulier pour les Cubains travaillant dans des domaines comme la santé, le sport de haut niveau, etc., ou bien encore pour les diplômés de haut niveau de secteurs spécifiques. Les détails pour l’heure ne sont pas précis. Tout dépendra également de l’application au jour le jour de ces restrictions.
Néanmoins, cette réforme, au caractère symbolique fort, confirme les orientations prises ces dernières années, depuis le retrait de Fidel Castro – possibilité de créer des petites entreprises privées dans certains domaines spécifiques, licenciements dans les emplois publics… Cuba n’a pas emprunté une voie à la chinoise ou à la vietnamienne, mais tout va dans la direction d’une diminution du rôle de l’État, ce qui est déjà notable dans un pays communiste. »
Recueilli par Gilles BIASSETTE