La police politique empêche une exposition sur l’emprisonnement des homosexuels
L’activiste homosexuelle Leannes Imbert a été arrêtée, puis relâchée, mardi. Depuis le début de la révolution, défendre l’identité et les droits de gays et lesbiennes est une activité à haut risque sur l’île cubaine.
Des agents de la Sécurité de l’Etat, la police politique cubaine, ont arrêté mardi 11 septembre, l’activiste homosexuelle Leannes Imbert. Placée en détention et soumise à un interrogatoire serré, elle a finalement été libérée après douze heures de garde à vue.
Leannes Imbert a été embarquée de force dans une Lada par des hommes en civil alors qu’elle s’apprêtait à se rendre au Cenesex (Centre pour l’Education sexuelle), à La Havane, dirigé par Mariela Castro, la fille de Raul Castro. Au moment de son interpellation, Leannes Imbert s’apprêtait à apporter à cette dernière des documents qu’elle souhaitait inclure dans une exposition multimédia programmée à partir d’aujourd’hui, 12 septembre.
L’exposition en question concernait les UMAP (Unités d’aide à la production). Les UMAP symbolisent l’une des pages les plus noires du castrisme: de sinistre mémoire, ces camps de concentration et de travail, créés au début des années 1960, étaient destinés à tenir les homosexuels (mais aussi les autres “déviants” et indésirables, tels que les dissidents) à l’écart de la société cubaine. Et à les réorienter idéologiquement par la contrainte.
Les documents en possession de l’activiste ont été saisis par la police secrète, de sorte que l’exposition sur les UMAP ne peut avoir lieu. Des diplomates étrangers, des membres de la société civile et des correspondants de presse internationaux avaient été invités à cette manifestation qui ambitionnait d’informer les Cubains sur ce que furent vraiment les UMAP. Et cela, conformément à la promesse faite par Mariela Castro, qui est sexologue.
Une nouvelle forme d’intimidation
Leannes Imbert est la coordinatrice nationale du mouvement PLAC LGBT, qui chapeaute 12 organisations LGBT (Lesbien, gay, bisexuel, transgenre). Elle est aussi la fondatrice du Mouvement cubain pour la libération homosexuelle (MLH), créé en 2007, ultérieurement rebaptisé Observatoire cubain pour les droits des lesbiens, gays, bisexuels et transgenres (OBCUD LGTB).
Leannes Imbert est, d’autre part, une journaliste indépendante. Elle collabore au site Cubanet et doit participer à une visio conférence organisée, samedi prochain, 15 septembre, par la New York Public Library.
Bien que son engagement dans le mouvement LGBT n’ait rien de politique, l’activiste est continuellement harcelée par la police cubaine: elle est régulièrement placée en garde à vue, menacée. Et elle se voit systématiquement confisquer les documents qu’elle transporte avec elle, qu’il s’agisse de livres ou d’écrits concernant le mouvement LGTB.
Les gardes à vue et arrestations de courte durée (mais récurrentes) sont devenues, ces dernières années, une nouvelle forme d’intimidation et d’oppression à Cuba, en remplacement des condamnations de longue durée, telles qu’elles étaient pratiquées naguère.
Axel Gyldén