Cuba: premier bilan des crédits bancaires autorisés depuis 6 mois
Obtenir un crédit bancaire à Cuba ? Ce n’est possible que depuis sept mois. Et selon les chiffres publiés ce jeudi 19 juillet par la Banque centrale cubaine, 14,4 millions de dollars ont ainsi été distribués aux particuliers en six mois, soit l’équivalent de 50 000 crédits.
La majorité des crédits a été accordée aux Cubains qui réparent leur logement ou achètent du matériel de construction. Le reste a bénéficié aux travailleurs indépendants, aux propriétaires de petites entreprises et aux paysans indépendants.
L’introduction du crédit bancaire a pour objectif de soutenir le secteur privé naissant, dans le cadre d’une vaste réforme économique. Ces 14,4 millions de dollars sont certes insuffisants, mais ils constituent un pas supplémentaire vers la libéralisation de l’économie qu’a entrepris Cuba depuis deux ans.
Ce processus est cependant freiné par l’embargo économique et financier imposé par les Etats-Unis depuis un demi-siècle. Le plus long embargo commercial de l’époque contemporaine.
« Cuba n’a pas accès aux financements des organismes internationaux comme le Fonds monétaire international, la Banque mondiale ou la Banque interaméricaine de développement. L’île ne peut pas non plus bénéficier des organismes européens car il n’y a pas de convention-cadre entre l’Union européenne et Cuba », estime Stéphane Witkowski, président de Bale Conseil, société spécialisée dans les affaires entre l’Amérique latine et l’Europe.
Cuba veut attirer les capitaux étrangers
Pour attirer les investisseurs, l’île va réformer sa loi sur les investissements étrangers avant la fin de l’année. « L’Etat cubain cherche à favoriser les investissements étrangers en complément des efforts d’investissements nationaux, en les orientant vers des secteurs prioritaires comme l’accès à la technologie, l’élargissement de marchés, les apports de financements à moyen et court terme », précise Stéphane Witkowski.
Les investissements étrangers, généralement combinés à des capitaux publics cubains, sont essentiellement limités aux secteurs du tourisme, du pétrole et de l’exploitation minière.
Le président cubain Raul Castro compte s’appuyer sur ses alliés historiques pour attirer ces capitaux. Il a effectué la semaine dernière un voyage officiel au Vietnam, en Chine et en Russie, principaux alliés politiques et partenaires commerciaux de l’île.
Ces visites revêtent une importance stratégique, car la Chine est l’un des trois principaux partenaires commerciaux de Cuba. Pékin était en 2010 le deuxième partenaire commercial de Cuba après le Venezuela, avec des échanges s’élevant à 1,4 milliard d’euros.
En plus d’être une importante source de crédits, la Chine investit sur l’île dans les transports, le pétrole, l’électroménager ou les télécommunications. Le Vietnam est quant à lui le premier fournisseur de riz de Cuba, et mène des explorations dans le domaine des hydrocarbures dans le golfe du Mexique.
Altin Lazaj/RFI