À PROPOS DE LA MUTINERIE DES DOCKERS DE LA HAVANE
L’information concernant la mutinerie des dockers de La Havane s’est répandue à la vitesse de l’éclair sur l’ensemble de l’île et sur l’ensemble de la planète. Nous venons de recevoir par l’intermédiaire des compas de l’Observatoire critique des informations plus précises sur les événements.
Les nouvelles circulent vite par le bouche à oreille dans la capitale, l’absence de médias indépendants fait que l’information est la plupart du temps tronquée, manipulée et les événements de ce type occultés. Pour cela, il est toujours difficile d’obtenir des informations précises.
Jusqu’à aujourd’hui seuls les médias aux mains des exilés de Miami (conservateurs pour la plupart) véhiculaient ces informations et il était bien difficile de se faire une idée précise tant les intérêts partisans primaient.
Depuis 10 jours, deux histoires parallèles sont racontées sur le même événement. Celle qui a été reprise par l’ensemble des médias de l’exil et l’histoire officielle racontée par les représentants du régime. L’une et l’autre sont suspectes.
L’histoire racontée officiellement fait état du fait que le Président Raul Castro a fait un discours à propos de cette grève dans lequel il considérait que les dockers étaient surchargés de travail et qu’il leur avait accordé généreusement 15 jours de congés payés. Cette version tente de placer Raul Castro à la hauteur politique de son frère, le compagnon Fidel, un homme capable de faire face à toutes les situations, et en même temps elle disqualifie les contestataires en mettant tout cela sur le compte de l’épuisement des ressources alimentaires, problème que le Président-général a une nouvelle fois promis de résoudre.
Où se situe la vérité, ce que nous savons c’est qu’aucune des deux versions ne dit la vérité. Nous ne savons pas combien d’interpellations il y a eu et en fait jamais Raul Castro ne s’est jamais présenté sur le port, il n’a jamais mis en congés les dockers et il n’a jamais ordonné aux militaires de charger le bateau.
La véritable histoire comporte des éléments des deux versions: les dockers se sont mis en grève quand ils se sont aperçu qu’ils allaient chargé un camion de riz à destination pour Haïti. Le riz avait disparu depuis un mois, non seulement dans les bodegas, les magasins d’État où l’on distribue les denrées alimentaires sur présentation d’un carnet de rationnement, mais aussi dans les magasins où l’on paye en peso convertible et auxquels n’accèdent que les nantis (1 dollar : 1 peso convertible).
Face aux grévistes, les autorités firent appellent aux militaires pour briser la grève. Quand les militaires se présentèrent au port disposés à charger le bateau, les dockers leur barrèrent le chemin et les défièrent en criant qu’ils ne laisseraient pas leurs enfants mourir de faim, et qu’il faudrait marcher sur leur cadavre si l’armée s’en mêlait.
Devant un tel niveau de tension, les militaires se mirent en relation direct avec Raul Castro, qui ordonna alors le retrait de l’armée et l’annulation de la donation à Haïti. Le lendemain, le riz réapparu miraculeusement dans les magasins et les bodegas de La Havane.
Conclusion de cette histoire : la dictature a cédé face à la pression des travailleurs, la peur a disparu dans l’île et les gens excédés commencent à montrer les dents face au pouvoir.