CENSURE : Le réalisateur Fernando Pérez a démissionné de la présidence du “Festival du Film de Jeunesse”
Le cinéaste a expliqué lundi dernier qu’il ne pouvait pas “faire preuve dans la pratique de la cohérence inclusive” qu’il a défendu, après la censure d’un documentaire par l’ICAIC (Institut cubain de l’art et de l’industrie cinématographique).
Le réalisateur cubain Fernando Pérez a annoncé lundi avoir décidé de ne pas continuer à diriger le “Festival du Film de Jeunesse” en raison de divergences avec l’ICAIC à propos d’un documentaire qu’il a proposé de présenter lors de la XIe édition de l’événement.
Pérez a déclaré que sa décision était “personnelle” et qu’elle n’affectera pas son “soutien” à ce festival qu’il considère comme un “espace de valeur incontestable” pour les jeunes qui s’initient dans la réalisation cinématographique.
L’Institut cubain de l’art et de l’industrie cinématographique (ICAIC) parraine cet événement, une présentation de films de fiction et de documentaires qui vise à rassembler la diversité des thèmes et des styles assumés avec des budgets très bas et de manière indépendante. La prochaine édition se tiendra du 3 au 8 avril prochain.
Un article de Fernando Pérez publié ce lundi sur le portail officiel “Cubacine“, sous le titre “La particule de Higgs”, explique qu’une fois que la programmation de cette année a été décidée,”des discussions ont été entamé avec les instances de l’ICAIC dans lesquelles on lui demandait la non présentation des documentaires sélectionnés”.
Le réalisateur de films reconnus comme Suite Habana, La vie c’est siffler et José Martí : l’œil du Canari – son film le plus récent – sa dernière production, considère que cette œuvre, comme quelques autres “n’était pas aboutie” mais que précisément pour cela son inclusion était intéressante pour le débat”.
Le film exclut est Despertar, un documentaire sur le rappeur Raudel Collazo (Escuadrón Patriota), a confirmé lundi Ricardo Oliva Figueredo, co-réalisateur avec Anthony Bubaire Pérez.
Figueredo a déclaré que l’argument utilisé par l’agence d’État était que le documentaire n’est pas conforme avec “la politique culturelle établie”. Il considére que la décision de l’ICAIC est du à la personnalité de Collazo, dont les chansons critiquent ouvertement et durement la situation sur l’île.
“En ne pouvant montrer dans la pratique la cohérence inclusive que j’ai proposé pour le Festival, j’ai pris la décision personnelle de ne pas continuer à la tête de celui-ci”, a déclaré Fernando Perez dans son article. Le cinéaste n’a pas mentionné le nom du documentaire exclus.
Il a souligné qu’il a toujours considéré que le Festival “ne doit pas être un moule auquel doit s’adapter la réalité” et que “c’est la réalité (changeante, sinueuse et sans cesse en mouvement) qui déterminera le profil de chaque édition”.
“Il ne sera pas nécessaire d’être toujours sélectifs ou inclusifs : la vie le dira. Quoi qu’il en soit, mon instinct s’inclinera toujours (comme dans d’autres sphères de la vie -, vers le chemin de la participation, parce que je m’aperçois que pour la majorité des jeunes cinéastes présenter une œuvre sur les écrans de cet événement est un objectif rêvé et crucial”, a déclaré Pérez.
Participer à l’événement “sera toujours beaucoup plus gratifiant pour tout jeune cinéaste qui subit une exclusion et c’est tout” at-il dit.