C’est dommage, mais Wilman Villar ne connaîtra pas les avancées prodigieuses du régime castriste
Samedi et dimanche derniers s’est tenue à La Havane la première conférence nationale de rénovation du Parti communiste cubain, à laquelle les médias n’ont pas apporté l’attention qu’elle méritait.
A l’issue de cette réunion, le président Raul Castro, frère de l’autre, a fait part de cette décision d’une folle audace, comme seuls les partis communistes au pouvoir savent en prendre pour mieux nous surprendre : un seul parti – communiste ! – pourra continuer d’exister sur cette île ! « Renoncer au principe du parti unique reviendrait tout simplement à légaliser le parti ou les partis de l’impérialisme dans notre patrie », a-t-il affirmé. Pour éviter cette terrible catastrophe, il n’y aura donc pas plus de liberté d’expression qu’auparavant, ni d’association, ni de manifestation, ni droit d’entrer et de sortir de l’île. Ça bouge à Cuba !
Sur le plan économique, que tout le monde s’accorde à qualifier là-bas de désastreux, on apprend qu’une grande offensive sera menée contre la corruption, désormais combattue de manière implacable. En effet, après cinquante-deux années de période transitoire devant mener au socialisme véritable, et sans qu’il existe pourtant de partis de l’impérialisme, comme on l’a vu, la corruption gangrène l’économie cubaine. Courage, camarades, et gageons que cette décision phénoménale permettra de faire reculer ce cancer contre-révolutionnaire avant la tenue d’une seconde conférence de rénovation du Parti, dans un petit demi-siècle.
Enfin, car on ne fait jamais les choses à moitié à Cuba quand une ferme volonté d’apporter des bouleversements à la vie politique et sociale anime ses dirigeants, « une application progressive » de la limitation des mandats sera mise en œuvre, pour parvenir (le président cubain n’a pas précisé quand exactement, mais qu’importe !) à deux quinquennats successifs aux postes politiques principaux. Saluons cette proposition révolutionnaire exemplaire, mise en avant par un homme qui fut, entre autres, ministre de la Défense de son pays durant quarante-sept ans.
Si les médias se sont très peu penchés sur cet événement du week-end dernier à La Havane, il en est un autre qu’ils ont, dans une touchante unanimité, totalement ignoré : la mort, le 19 janvier, après cinquante jours de grève de la faim, du prisonnier politique Wilman Villar, dans un hôpital de Santiago de Cuba.
Arrêté le 14 novembre dernier dans sa ville de résidence, Contramaestre, pour avoir participé à une manifestation interdite organisée par l’Union patriotique cubaine, dont il était membre, Wilman Villar avait entrepris sa grève de la faim au lendemain de sa condamnation à quatre ans de prison pour outrage et violation de l’autorité. Il en est mort. Il avait 31 ans.
Comme Orlando Zapata en février 2010, décédé à l’âge de 42 ans après un jeûne de quatre-vingt-cinq jours entrepris « pour promouvoir la société civile à Cuba », Wilman Villar n’aura pas eu le temps de vivre encore un peu pour apprécier les prodigieuses avancées que vient de connaître le régime castriste. C’est dommage !
Floreal
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