Un prisonnier politique meurt après une grève de la faim

Un prisonnier politique cubain, Wilman Villar, âgé de 31 ans, est décédé hier dans un hôpital de Santiago de Cuba (région orientale de l’île) après 50 jours de grève de la faim, a annoncé la presse officielle cubaine.

Wilman Villar avait cessé de s’alimenter pour protester contre une condamnation de quatre ans de prison prononcée le 24 novembre par un tribunal. Son état de santé s’est lentement détérioré et il mort à 18h 45 hier heure locale.

Wilman Villar était depuis plusieurs jours dans un état critique dans le service des soins intensifs de l’hôpital de Santiago de Cuba, à 900 km au sud-est de La Havane.

Wilman Villar appartenait depuis le mois de septembre dernier à un groupe appelé Union patriotique de Cuba. Il fut détenu le 14 novembre après avoir participé à une manifestation de son groupe dans la ville de Contramaestre, là où il résidait. Il a été ensuite soumis à un procès sommaire sous l’accusation d’outrage et de violation de l’autorité. Il était incarcéré à la prison d’Aguadores où il a commencé sa grève de la faim pour protester contre sa condamnation. Selon ses proches, sa santé s’est détériorée rapidement et il a été transféré vendredi dernier à l’hôpital Juan Bruno Zayas de Santiago de Cuba où il est mort.

Plusieurs secteurs de l’opposition à Cuba accusent le gouvernement cubain pour la mort de Wilman Villar. La CCDHRN (Commission des droits de l’homme) “considère que la responsabilité morale, politique et juridique de la mort de Wilman revient au gouvernement cubain”, a affirmé Elizardo Sanchez pour qui il s’agissait d’”une mort évitable”.

À l’heure qu’il est, la police et la Sécurité d’État encercle la maison de Wilman à Contramaestre où un groupe d’opposant et les dames en blanc tente d’organiser une veillée funèbre. Hier soir, des défenseurs du régime ont lancé une pluie d’excréments, de pierres et d’autres détritus contre la maison, alors que dans la maison se trouvait les quatre enfants mineurs de Wilman Villar.

Un dispositif de sécurité contre les opposants a été mis en place immédiatement dans toute la région orientale, bien au-delà de Santiago, à Palma Soriano, Palmarito de Cauto, San Luis, Guantanamo et Moa. De nombreuses arrestations ont eu lieu pour empêcher tout type de regroupements à Contramaestre.

Il s’agit du deuxième décès d’un prisonnier politique après une grève de la faim. En 2010, Orlando Zapata, 42 ans, était mort après un jeûne de 85 jours. Il était considéré comme un “prisonnier de conscience” par l’organisation de défense des droits de l’Homme Amnesty International.

Wilman est mort dans un pays où aucune forme d’opposition est acceptée  face au régime des frères Castro. Une fois de plus, c’est le visage le plus répulsif du régime de La Havane qui nous est montré. De fait, toutes les tentatives de modifier la mauvaise image du gouvernement sont anniliées. Les amnisties, les pardons, les accords avec l’église catholique passent pour des gestes à des fins médiatiques pour jouer avec les apparences et pour que de l’extérieur nous ayons une illusion de changement.

Cela montre les aspects les plus sinistres du gouvernement cubain et son incapacité à changer. Depuis sa naissance, le castrisme a été une “dictature imparfaite”, elle nécessite constamment de rectifier sa marche vers l’avenir, rien ne fonctionne et la détérioration de la vie quotidienne des Cubains est un perpétuel présent. Même si la menace est moindre pour le régime, il resserre ses rangs, la terreur est l’unique instrument en qui il confie. En ce sens, peut importe la vie de ses citoyens.

Aujourd’hui, plus que jamais, alors que des manifestations sont organisées dans toute l’île,  le gouvernement a peur de perdre le contrôle de la rue, ce champ de bataille créé depuis le début par Fidel Castro, où l’on ne peut supporter d’entendre aucun autre écho que celui qui reprend les paroles du “leader carismático” et où l”on refuse une voix indépendante.


Enrique   |  Politique   |  01 20th, 2012    |