Le régime cubain en deuil à l’occasion de la mort du dictateur nord-coréen Kim Jong-il
Les drapeaux étaient en berne mardi à Cuba, au début de trois jours de deuil officiel pour la mort du nord-coréen Kim Jong-il, en démonstration de la solidarité qui unie Cuba à la nation asiatique.
Le Conseil d’Etat a ordonné une période de deuil, sans faire de commentaires et a fait savoir que les drapeaux seraient en berne sur tous les édifices gouvernementaux et sur les installations militaires.
Selon une dépêche de Reuters, l’ambassade de Corée du Nord à La Havane a ouvert mardi un livre de condoléances et a installé une grande photo du leader décédé et des fleurs à son entrée.
Pour sa part, Raúl Castro a envoyé lundi dernier à Kim Jong-un un message de “sincères condoléances” au nom du Parti communiste de Cuba, du gouvernement et du peuple cubains, lors du décès du “compagnon” Kim Jong-il, “Grand dirigeant du peuple coréen, Président du Comité de défense nationale de la République populaire démocratique de Corée et secrétaire général du Parti du travail de Corée”, selon les notes de Korea News Service.
“Recevez le témoignage de ma très haute considération” conclut la note du leader cubain.
Les médias cubains et particulièrement les journaux télévisés ont couvert les cérémonies officielles rendant hommage à Kim Jong-il. Les liens qui unissaient les gouvernants cubains et Kim II-Sung furent très étroits et ils se sont renforcés avec son fils Kim Jong-il. En plusieurs occasions, des rencontres entre hauts fonctionnaires coréens et les principaux dirigeants cubains ont eu lieu à La Havane. De même, des délégations cubaines sont reçues régulièrement à Pyongyang.
En cette occasion, des reportages sur la lutte héroïques des dirigeants coréens contre la menace des États-Unis et de la Corée du Sud sont diffusés à la télévision. Mais, rien n’a jamais été dit sur le règne despotique de Kim II-Sung dans l’un des pays les fermés et les plus répressifs de la planète.
Dans les années 1990, sous le règne de Kim Jong-il aucune information officielle n’a parlé des centaines de milliers de morts nord-coréens en raison de la malnutrition, ce qui affecta 37 % des mineurs. Le mandat au pouvoir de Kim Jong-il fut marqué par une répression systématique, les tortures et les exécutions, y compris des familles des opposants.
Dans un rapport publié récemment Amnesty International dénonce les crimes commis ces 10 dernières années, l’existence de 6 camps de concentrations regroupant 200 000 prisonniers politiques, parmi eux Yodok, qui retient prisonniers 50 000 hommes, femmes et enfants. Amnesty dénonce un système de rééducation pour toute la population afin d’exercé un contrôle permanent.
Kim, selon Human Rights Watch est un des leaders les plus brutaux, responsable de centaines de milliers de morts et une série d’atrocités qui constituent l’antithèse de la dignité humaine.
Cuba et la Corée du Nord sont deux des derniers pays “communistes” du monde et ont maintenu de bonnes relations depuis l’établissement des relations diplomatiques en 1960, un an après la prise de pouvoir de Fidel Castro et après la Révolution de 1959.
Kim Jong-Il, 69 ans, est décédé d’une crise cardiaque le samedi et son fils Kim Jong-un a été choisi comme son successeur, en continuant la ligne de succession qui a commencé avec son grand-père, le fondateur de la Corée du Nord Kim Il-Sun .
Cuba fait face à sa propre succession à un moment où ses leaders historiques vieillissent et on voit peu de remplaçants potentiels à des dirigeants qui ont régné pendant un demi-siècle. Depuis 49 ans, Cuba a été gouvernée par Fidel Castro, 85 ans, son frère Raul Castro lui a succédé en 2008, alors qu’il était jusque-là le premier vice-président du pays.
Il faut enfin mettre en évidence que le décès de Vaclav Havel est passé inaperçue à Cuba. Une petite note dans le quotidien Granma a annoncé la disparition du dissident tchèque qui fut longtemps la cible des médias cubains pour son opposition au régime pro-soviétique de Tchécoslovaquie et pour son soutien à la dissidence cubaine. Pendant ce temps, tous les “défauts” des pays amis sont occultés et le gouvernement cubain continue à soutenir Bachar el-Assad et le régime syrien qui massacre son peuple.
Tout cela nous rappelle qu’en 1975, lors du décès de Franco, le dictateur espagnol, un deuil national de trois jours fut décrété par Fidel Castro en solidarité avec les liquidateurs de la République espagnole.
Wenceslao Giménez