LETTRE DE SÃO PAULO. DEUX CHERCHEURS CUBAINS EMPÊCHÉS DE PARTICIPER À UNE RENCONTRE INTERNATIONALE AU BRÉSIL

Les chercheurs et les militants du Groupe de travail anticapitalismes et sociabilités émergentes (GT ACySE) du Conseil latino-américain des sciences sociales (CLACSO), réunis à l’École nationale Florestan Fernandes, à Guararema, Sao Paulo, le 4 novembre 2011, se voient forcés d’informer la communauté universitaire et les activistes sociaux d’Amérique latine, à propos d’une série d’événements qui ont conduit à l’absence malheureuse de deux chercheurs cubains à la réunion annuelle du Groupe de travail, en raison d’empêchements bureaucratico-administratifs à Cuba.

Le Groupe de travail ACySE, se déclare en conformité avec ce qui avait été décidé, au début de 2010, par 15 chercheurs et militants venus de sept pays d’Amérique latine. Ce groupe est dédié à l’étude et à l’accompagnement critique de divers expériences de mobilisation et d’action politique contre-hégémoniques sur le continent.

Le Groupe a pour dynamique de travail une réunion annuelle qui constitue un moment d’articulation générale et de bilan des activités réalisées pour tous ses membres. Ce moment suppose l’échange, la réflexion et le questionnement sur l’avancement des recherches des chercheurs membres du groupe.

L’organisation et la logistique de l’évènement sont des tâches autogérées par les membres, cela représente un effort financier significatif de la part du CLACSO. L’importance de cette réunion et l’énergie que nous investissons se justifient par la richesse des échanges produits et par la capacité de développement de projets du groupe afin de produire des connaissances.

Dans ce contexte, le Groupe de travail s’est mis en conformité, en temps opportun et en tenant compte des règlements internationaux, à travers des échanges de type bureaucratico-administratifs, avec les exigences des gouvernements représentatifs des chercheurs membres. Le groupe de travail a également fait auprès du gouvernement cubain les démarches nécessaires. Démarches qui nécessitent une attention particulière, notamment par rapport à l’autorisation de sortie du territoire délivrée à Cuba.

C’est ainsi que les chercheurs cubains ont fait, en temps opportun, des démarches concernant la justification académique, les raisons et les dates du voyage. Il faut noter, aussi, que ces chercheurs ont expliqué la relation qu’il y a entre leur production académique, les activités du centre où ils effectuent leurs recherches et les objectifs du groupe de travail.

Cependant, une fraction des autorités cubaines a entravé la réalisation de ce voyage. Parmi les mesures d’obstruction, il faut mettre en évidence les interférences récurrentes par rapport aux demandes d’information, le retard dans les réponses, le retard injustifié dans le traitement des permis de voyage, la nécessité de reporter la date de celui-ci, avec pour conséquence les pénalités que facture la compagnie aérienne pour toute modification d’un billet d’avion, et enfin l’empêchement du voyage.

Suite à ces événements, nous sommes obligés de dénoncer l’arbitraire des décisions prises par certains représentants de la bureaucratie de l’État cubain, et en même temps remercier ceux et celles qui ont soutenu les deux chercheurs afin qu’ils puissent voyager, hélas sans résultat.

Pour conclure, nous mettons en évidence l’importance qu’acquière – pour tous ceux qui sont compromis avec la connaissance critique et avec les luttes émancipatrices de Notre Amérique – le débat sur les expériences et les réformes à Cuba, en concertation avec les processus de démocratisation dans un certain nombre de pays de la région.

Nous appelons à une réflexion sur cet évènement, non seulement parce que ces faits remettent en question les possibilités de production de connaissances critiques et d’échange entre différentes approches, mais aussi parce que nous croyons que ces faits ne permettent pas la nécessaire revitalisation de l’héritage émancipateur de la Révolution Cubaine.

Les membres du Groupe de travail anticapitalismes et sociabilités émergentes.

GT ACySE – CLACSO

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Nous nous associons à la dénonciation des membres du CLACSO. Les deux chercheurs empêchés de participer à cette réunion sont membres de l’Observatoire critique de La Havane, un réseau que nous soutenons depuis maintenant plusieurs années.

Sur l’Observatoire critique :

http://www.polemicacubana.fr/?p=3941


Enrique   |  International, Société   |  11 22nd, 2011    |