La tentative d’assassinat virtuel de Fidel Castro
Tenter de tuer Fidel Castro, même virtuellement, cela ne plaît pas trop à Cuba. L’une des premières missions du jeu de tir Call of Duty: Black Ops, qui se déroule en pleine guerre froide, demande au joueur de tenter d’assassiner le révolutionnaire, juste après le renversement du dictateur Batista, au nom de l’administration américaine de John F. Kennedy. Si, au final, le joueur tuera un double – et se retrouvera emprisonné en Sibérie –, le site d’information officiel cubain Cuba Debate a violemment dénoncé la mission.
“Ce que les Etats-Unis n’ont jamais réussi à faire en cinquante ans, ils essaient désormais de le faire virtuellement”, affirme le site, qui se présente comme un“média d’information alternatif alertant sur les campagnes de diffamation envers Cuba”. D’après le pouvoir cubain, Fidel Castro aurait échappé à six cents attentats au cours de sa vie. D’autres sources parlent plutôt d’une dizaine de tentatives sérieuses, dont certaines émanaient de la CIA.“Ce nouveau jeu vidéo est doublement pervers”, explique Cuba Debate dans un article intitulé “Nouvelle opération contre Cuba : les Etats-Unis sortent un jeu vidéo dont le but est d’assassiner Fidel” : “D’un côté, il glorifie les tentatives avortées d’assassinat du gouvernement américain sur le leader cubain. De l’autre, il stimule les tendances sociopathes chez les enfants et adolescents américains.
“UNE POLÉMIQUE “CLAIREMENT POLITIQUE”
L’article s’appuie sur des études affirmant que la pratique de jeux vidéo violents développerait l’agressivité et les attitudes antisociales car, pour gagner, le joueur doit activement participer au bain de sang. Au contraire, le visionnage de films violents, une activité passive, n’entraînerait pas de passage à l’acte. Ces études sont contestées par de nombreux psychologues. “A ce jour, il n’y a aucune preuve que la pratique des jeux vidéo, violents ou non, puissent faire du mal aux enfants”, explique Christopher J. Ferguson, professeur de psychologie à l’université du Texas, qui a étudié le rapport entre jeu vidéo et violence. La polémique cubaine “est clairement politique”. Call of Duty: Black Ops, mis en vente dans le monde en novembre 2010, est déconseillé aux moins de 18 ans en Europe et de 17 ans aux Etats-Unis. Le joueur incarne un membre des forces spéciales américaines dans les années 60, alors que la guerre froide a été ravivée par la crise des missiles cubains. Après avoir tenté, sans succès, d’éliminer Fidel Castro, le héros du jeu participera à des missions secrètes en Union soviétique, au Vietnam et au Laos. Black Ops n’est pas le premier jeu de tir à créer la polémique cette année. L’éditeur Electronic Arts a dû supprimer du mode multijoueur de son jeu Medal of Honor, se déroulant en Afghanistan, la possibilité d’incarner des talibans, remplacés par des “forces d’opposition”. Le titre a néanmoins été retiré de la vente des bases militaires américaines.
Vidéo de l’assassinat du faux Fidel Castro dans le jeu Call of Duty, déconseillé aux moins de 18 ans :