Les Cubains pourront acheter et vendre des maisons
Les Cubains vont pouvoir acheter et vendre des propriétés immobilières pour la première fois depuis les débuts de la révolution, la plus importante réforme économique annoncée jusqu’à maintenant par le président Raul Castro, ont rapporté les médias officiels jeudi.
La nouvelle loi, qui entrera en vigueur le 10 novembre, s’appliquera uniquement aux citoyens cubains et aux résidents permanents de l’île, selon Granma, le quotidien du Parti communiste cubain. Selon ce journal, cela permettre notamment de relancer l’économie et réduire la pénurie de logements.
Les Cubains ne pourront pas posséder plus de deux maisons, une en ville et une autre à la campagne. Cette mesure vise à empêcher l’accumulation des propriétés immobilières.
Toutes les transactions immobilières devront être faites sur des comptes bancaires cubains afin d’être mieux surveillées. Les transactions seront soumises à des frais bancaires.
Les ventes de maison seront aussi soumises à une taxe de 8 % sur la valeur estimée de la propriété, payée à parts égales par le vendeur et l’acheteur. Dans un cas où des Cubains échangeraient des maisons d’une valeur équivalente, chaque partie devrait verser à l’État l’équivalent de 4 % de la valeur de la propriété.
Les exilés cubains ne seront pas autorisés à acheter des propriétés immobilières, puisqu’ils ne sont pas résidents de l’île. Ils pourront cependant envoyer de l’argent pour aider leurs proches à acheter une nouvelle maison.
Jusqu’ici, les Cubains devaient effectuer leurs transactions immobilières au marché noir, avec tous les risques que cela comporte.
La seule manière de déménager pour les Cubains, propriétaires de leur logement à 85%, consistait à pratiquer une “permuta” (échange), généralement accompagnée d’une somme d’argent payée de manière informelle pour équilibrer la transaction.
Seuls les propriétaires d’avant 1958 ont pu conserver leurs maisons. Ils ont pu la transmettre à leurs enfants, à condition toutefois qu’ils ne soient pas partis vivre l’étranger ou qu’ils ne soient pas tombés en disgrâce du régime. La possibilité de vendre et acheter des logements vise à réduire les problèmes immobiliers à Cuba où le déficit de logements est estimé à environ un million.
Près de 40.000 Cubains émigrent légalement chaque année et devaient jusqu’à présent abandonner leur logement à l’Etat. Désormais, ils pourront le vendre ou le transmettre à leur famille avant de quitter l’île.
Avec le droit de voyager librement, d’avoir accès à internet, d’acheter et de vendre leur voiture (ce que le gouvernement vient d’accorder), c’était l’une des grandes revendications des Cubains. Ceux-ci sont tous persuadés qu’ils sont propriétaires de la maison où ils se trouvent, mais le gouvernement peut la reprendre à tout moment. Le président Raul Castro n’a pas précisé les modalités d’accès la propriété.
Cette réforme de l’immobilier survient après la légalisation, en octobre, de la vente et de l’achat de voitures, bien que les restrictions empêchent la plupart des Cubains ordinaires de s’acheter un nouveau véhicule. Une troisième loi concernant les facilités de voyage à l’étranger devrait être promulguée d’ici la fin de l’année.
Le gouvernement a aussi autorisé les citoyens à ouvrir leur propre entreprise dans un certain nombre de domaines approuvés et a promis de rationaliser l’économie dominée par l’État en éliminant dans un premier temps 500 000 emplois de fonctionnaires.
Le gouvernement cubain emploie plus de 80 % des travailleurs du pays. Le salaire moyen des Cubains n’est que de 20 $ par mois, mais les soins de santé et la scolarité sont gratuits, tandis que le logement, le transport et les aliments de base sont fournis à des prix très bas.
Depuis qu’il a succédé à son frère Fidel, Raul Castro a plusieurs fois affirmé que le système économique cubain ne fonctionnait pas, tout en promettant que Cuba resterait un État socialiste.
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L’argent est un intermédiaire… C’est un vil intermédiaire entre l’homme et les biens créés par l’homme. Le jour viendra où celui qui cultive des pommes de terre et distribue des pommes de terre, ne recevront plus d’argent. En échange de ces pommes de terre, ils recevront du café, du riz, du sucre, des vêtements, des chaussures et les choses dont ils ont besoin pour vivre. Alors, nous aurons supprimé ce vil intermédiaire qu’est l’argent. Et c’est cela le communisme, Messieurs…
Discours prononcé par Fidel Castro le 18 mai 1967, lors de la clotûre du congrès de l’ANAP (Association nationale de petits agriculteurs).