L’esprit combatif des troupes des Comités de défense de la révolution est en baisse
Un photo-reportage de Dariela Aquique :
http://www.havanatimes.org/sp/?p=50349
Le 28 septembre est une date qui eut une grande importance pour la Cuba de 1960, une époque où on assista au déchaînement populaire des premières années de la Révolution et où les hommes et les femmes du peuple semblaient vénérer le “Messie” – le leader sauveur qui libéra la patrie d’un tyran oppresseur et de l’ingérence étrangère.
C’était des temps où l’on ovationnait les leaders lors d’innumérables réunions publiques et que l’on écoutait des discours enfiévrés qui promettait une révolution : pour les humbles, avec les humbles et pour les humbles.
Ce jour-là, cela fait aujourd’hui 51 ans, le Commandant en chef fonda les Comités de Défense de la Révolution (CDR), une organisation de masse qui devait rassembler tout le peuple âgé de plus de 14 ans, une organisation à caractère volontariste. Dès le début de la Révolution, le fait de ne pas se joindre à ses rangs constituait un mauvais précédent social qui pouvait coûter cher à celui qui manifestait son désintérêt ou son apathie.
Maison par maison, quartier par quartier, un Comité (CDR) devait exister, celui-ci devait exercer un contrôle absolu de tous les individus résidant dans le quartier et même de ceux qui devaient passer la nuit dans le quartier. À partir d’un enregistrement rigoureux du nom, du prénom, de l’âge, de la profession, du sexe, de la race, de la croyance, de l’idéologie politique, de la préférence sexuelle, les CDR devaient tout connaître sur chacun des citoyens, ce qui devait permettre de tous les contrôler.
D’autres tâches, certaines à caractère plus sain (comme faire don de son sang pour les nécessiteux, ou recycler des matières premières, ou être bénévole pour nettoyer les zones urbaines), étaient organisées par les Comités.
Mais elles ont été accompagnées par d’autres actions se révélant plus nocives comme les tours de garde. Ils étaient justifiés au départ par le fait d’assurer un contrôle afin qu’il n’y ait pas de sabotages, de vols ou d’autres types d’illégalités, cependant cela déboucha à court terme, à une forme de contrôle des uns par les autres, pour savoir qui entre et qui sort de chaque maison, qui dort avec qui ?
Les réunions dérivèrent en quelque chose qui n’avait plus rien de fraternel, où les fiels s’exprimaient et où l’on condamnait ceux qui pour avoir tenu certains propos ou en raison de certaines attitudes donnaient des signes de désaccord ou de mécontentement face aux statuts et aux principes de la Révolution.
Les CDR ont été les protagonistes d’actions infâmes comme les tristement célèbres actes de répudiation des années 80. Aujourd’hui, la plus populaire et la plus importante des organisations sociales voit ses rangs décimés. Elle est devenue hautement impopulaire, chaque année les gens se montrent moins motivés par l’adhésion des CDR et expriment un rejet presque unanime.
Chaque année, à la veille de cette journée, une fête est célébrée, où tous les voisins doivent participer, préparer une soupe, la ‘caldosa” (le point culminant de la célébration), pour remercier les militants les plus actifs et boire de façon euphorique à la santé des CDR.
J’ai eu l’occasion de faire quelques photos pour l’occasion, elles démontrent le désintérêt et le peu de ferveur que montrent que les militants peu nombreux qui assistent à la célébration, l’indifférence règne et seuls les enfants semblent avoir une raison d’aller au lit plus tard que d’habitude, afin de rire et de danser le reggaeton.
Ceci avec l’absence des jeunes et une maigre participation des anciens. Alors, mes amis, nous pouvons constater que l’esprit combatif des troupes des CDR est bien en baisse.
Dariela Aquique