Les belles américaines sont à vendre

Depuis samedi, les majestueuses Cadillac, Dodge et autres Chevrolet vintage qui descendent le Malecon, le boulevard du front de mer de La Havane, changeront de main en toute légalité. Le très attendu décret 292 de la Gazette officielle a, en effet, mis fin à une loi édictée par Fidel Castro en 1959 interdisant aux Cubains d’acheter les voitures fabriquées depuis la révolution. Ce texte avait figé la capitale cubaine en une sorte de musée de l’auto et en royaume de la débrouille, comme en témoignent ces petites annonces sur le site Revolico où sont proposées Chevrolet ou Plymouth greffées, qui d’un moteur Toyota, qui d’un carburateur Lada, qui d’un moteur d’avion…

Si nombre de belles américaines sont utilisées comme taxis, les modèles de collection les plus rares s’approchent des 80 000 dollars au marché noir. Même les Lada ou Moskvith cacochymes, héritages de la guerre froide, s’échangent jusqu’à 12 000 dollars. La pénurie ne va pas s’arrêter du jour au lendemain. Compte tenu des salaires cubains et des restrictions maintenues – comme la nécessité de prouver que l’argent dépensé provient d’un salaire gagné dans une entreprise d’Etat -, la plupart des Cubains n’auront pas la possibilité d’importer des voitures neuves. Les américaines et européennes dernier cri resteront un signe d’appartenance à l’élite.


Enrique   |  Société   |  10 5th, 2011    |