L’île risque d’être privée de 55 000 barils de pétrole par jour si Maduro s’en va
Cuba a importé du Venezuela 55 615 barils de pétrole par jour (bdp) en 2023. Ce chiffre représente 8% de la production nationale des Pétroles du Venezuela S.A. (Pdvsa) cette année, selon les documents consultés par Reuters.
La crise post électorale vénézuélienne et les dénonciations de fraude lors des élections qui ont eu lieu le 28 juillet 2024 plongent La Havane dans l’inquiétude qui estime qu’est menacée une importante fourniture de pétrole. En mai 2024, les importations ont augmenté de 70 000 bpd, comparés aux 23 000 bpd importés de Caracas le mois précédent. Une fourniture très supérieure aux 55 000 bpd enregistrés pour l’année 2023.
L’opposition vénézuélienne a fait clairement comprendre sa position concernant l’échange commercial entre les deux pays. En novembre 2023, la leader María Corina Machado a déclaré dans une conférence de presse que la fourniture ne se poursuivrait que si le Gouvernement cubain payait.
De son côté Edmundo González Urrutia [1] a assuré que la relation bilatérale entre les deux États seraient « revue » quand le pouvoir serait en place.
« Il faut revoir les relations avec Cuba car ce n’est pas seulement le domaine du SAIME (service automatisé d’identification de migration des étrangers), la question des ports et des aéroports, du contrôle d’identité, des services d’intelligence… il y a un large éventail de coopération qui devra être révisé à la lumière du moment », a déclaré González Urrutia dans un entretien réalisé par Voz de América.
Les échanges entre les deux pays vont bien au-delà de la fourniture de combustible il suppose aussi le transport par la flotte pétrolière. En juin 2024, Reuters a révélé l’usage de pétroliers qui naviguent sous les radars pour ne pas être identifiés à un moment où la flotte d’État des deux Gouvernements est réduite par des avaries et immobilisée au port par les sanctions économiques états-uniennes.
Les termes de l’échange pétrolier entre Cuba et le Venezuela ont été actualisés en septembre 2023 quand les entreprises d’État Unión Cuba-Petróleo (Cupet et Pdvsa) ont signé un accord de coopération pour l’exploration, la production et le raffinage des hydrocarbures.
Même si les exportations de pétrole vénézuélien à Cuba ont diminué de plus de 30/% depuis 2020 — quand la fourniture moyenne était de 80 000 barils en moyenne par jour — une étude de l’Observatoire des monnaies et des finances (OMFi) de el TOQUE assure que, fin 2022, le Venezuela fournissait à Cuba plus de 75% de ses importations de combustibles.
Le gouvernement cubain a compensé la diminution du pétrole vénézuélien en choisissant le Mexique comme allié commercial important. L’île s’est assuré ainsi l’envoi depuis le pays aztèque de 16 800 barils de pétrole brut (bpd) par jour et de 3 300 barils de produits pétroliers pour un montant total de presque 400 millions de dollars, en 2023 seulement.
Le gouvernement cubain s’est empressé de féliciter Nicolás Maduro peu de temps après que le Conseil national électoral l’ait proclamé vainqueur des élections présidentielles pour préserver la relation commerciale avec le Venezuela.
« J’ai appelé mon frère Nicolás Maduro pour lui transmettre les chaleureuses félicitations au nom du Parti, du Gouvernement et du peuple cubain pour son triomphe historique, après une impressionnante démonstration du peuple vénézuélien », a affirmé sur X Miguel Díaz-Canel.
Alors que la situation politique au Venezuela est incertaine et que la pression internationale s’intensifie, le gouvernement cubain fait face au défi de chercher des alternatives qui garantissent ses besoins croissants de combustible sur des marchés autres que celui du Venezuela.
[1] Candidat de l’opposition à Maduro – NdlT.
Traduction française de Françoise Couëdel. Publié sur le site Alterinfos América Latina : https://dial-infos.org/spip.php?article9498
Source (espagnol) : https://eltoque.com/cuba-arriesga-55-mil-barriles-de-petroleo-al-dia-si-no-esta-maduro.
