Lettre ouverte à Jorge Fernández Torres, directeur du Musée national des beaux-arts de Cuba.

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Un groupe d’artistes vient de demander au directeur du Musée des Beaux-Arts de La Havane, Jorge Fernández, de mettre fin à l’exposition physique et virtuelle de leurs œuvres dans le musée, alors que Luis Manuel Otero Alcántara reste séquestré à l’hôpital et que d’autres artistes sont surveillés, persécutés et détenus arbitrairement. Quiconque souhaite se joindre à la lettre doit envoyer son nom et la fiche technique de l’œuvre de la collection du musée à l’adresse électronique 27N :
27n.comunicaciones@gmail.com.
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La Havane, le 24 mai 2021
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Cher Jorge Fernández,
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Nous vous écrivons motivés par un véritable sentiment de préoccupation et de solidarité envers le jeune artiste et collègue cubain Luis Manuel Otero Alcántara. Depuis le 2 mai, il se trouve à l’hôpital universitaire chirurgical Calixto García, il a été enlevé et détenu au secret par la Sécurité de l’État. Otero Alcántara a été emmené de son domicile contre son gré, alors qu’il menait une grève pacifique de la faim et de la soif pour réclamer les exigences qui, jusqu’à présent, n’ont pas été satisfaites : restitution de ses œuvres saisies illégalement par des agents de l’État le 16 avril, indemnisation pour les œuvres endommagées ou détruites, fin du siège policier auquel il est soumis depuis novembre 2020 et garantie du libre exercice de l’art.
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La situation d’emprisonnement dans laquelle se trouve Otero est illégale, la réponse à son habeas corpus du 5 mai indique que : Luis Manuel Otero Alcántara n’est ni détenu ni poursuivi. Il ne s’agit pas d’un incident isolé ; ces dernières semaines, la répression à l’encontre d’autres artistes et de la société civile en général s’est intensifiée : harcèlement policier, arrestations arbitraires et poursuites pénales, atteinte à leur réputation dans les médias publics, séquestration à leur domicile, interruption des communications par téléphone portable, etc.
Comme on le sait, le 27 novembre dernier, plus de 300 artistes, cinéastes, écrivains, journalistes et intellectuels en général se sont rassemblés devant le ministère de la culture pour exiger la liberté d’expression, la fin de la répression et les droits civils en général, par le dialogue et la compréhension avec les autorités culturelles. Cependant, la proposition de dialogue a été rejetée et la répression de l’État à l’encontre des artistes et de la société civile s’est considérablement accrue depuis cette date.
La situation de détention au secret dans laquelle se trouve Luis Manuel depuis plus de trois semaines, hospitalisé contre son gré, sans accès au téléphone ni visites de sa famille, de ses amis et de ses collègues, nous inquiète et nous alarme. Nous exprimons également une inquiétude légitime quant au traitement qu’il pourrait subir dans cette institution, puisque son état physique s’est nettement détérioré, comme en témoignent plusieurs vidéos divulguées sur les réseaux sociaux et à la télévision nationale, en violation flagrante de son droit à la vie privée et à la confidentialité de son dossier médical.
En conséquence, nous, les artistes soussignés, nous adressons à vous en votre qualité de directeur du Musée national des Beaux-Arts, établissement public dépendant du ministère de la Culture et du Conseil d’État, pour exiger ce qui suit :
En vertu du droit reconnu à l’article 4, alinéa c), de la loi no. 14/1977 Loi sur le droit d’auteur pour « Exécuter ou autoriser la publication, la reproduction ou la communication de son œuvre au public par tout moyen licite, sous son propre nom, sous un pseudonyme ou anonymement », nous demandons que ces œuvres de notre paternité, qui sont actuellement exposées dans les salles d’exposition permanente et temporaire du Musée national des Beaux-Arts, soient recouvertes de manière à empêcher leur « communication » au public et que les œuvres qui ne sont pas exposées mais qui appartiennent à la collection soient retirées de la page web du Musée, tant que les exigences suivantes ne sont pas satisfaites :
1. Libération immédiate de Luis Manuel Otero Alcántara et transfert en toute sécurité à sa résidence permanente au 955 rue Damas, San Isidro, Vieille Havane.
2. la garantie de l’accès de ses parents, amis et collègues à sa résidence, afin de vérifier son état de santé physique et mentale.
3. Élimination du siège policier qu’il subit depuis novembre 2020.
J’attends votre réponse,
Tania Bruguera
Sandra Ceballos
Tomás Sánchez
César Leal
Jorge Luis Marrero
Sandra Ramos
Fernando Rodriguez
Consuelo Castañeda
Douglas Arguelles
Ibrahim Miranda
Carlos A. García de la Nuez
Marco Castillo
Celia González
Reynier Leyva Novo
Cirenaica Moreira
Juan Pablo Ballester
Jorge Wellesley
Javier Castro
Yunior Aguiar
Carlos Garaicoa
Alberto Jorge Carol
Gustavo Acosta
Ana Albertina Delgado Alvarez
Fondation Amelia Pelaez

Enrique   |  Non classé   |  05 28th, 2021    |