Polémica Cubana

« Articulation plébéienne » à propos des événements au ministère de la Culture

Au moment où plus de 200 personnes se rassemblaient le 27 novembre dernier devant le ministère de la Culture à La Havane pour exiger le respect de la liberté d’expression, de création et du droit à la dissidence, un groupe d’intellectuels cubains a décidé d’exprimer son soutien à cette possibilité de dialogue qui s’ouvre comme jamais auparavant, par le biais d’une déclaration.

Pour l’instant, il s’agit du document le plus complet qui a été publié par la gauche que l’on peut appeler « alternative » à Cuba. Bien sûr, pour certains il a le défaut de ne pas refléter des positions libertaires, mais  beaucoup plus des propositions allant vers un socialisme démocratique. Certains libertaires cubains ne l’ont pas signé, d’autres oui, parce que le document prend clairement position contre les abus du pouvoir actuels et parce qu’il maintient une logique de gauche anti-autoritaire.

Beaucoup d’autres gens l’ont signé, ceux qui l’ont écrit sont ouverts à la signature d’autres cubains afin qu’ils puissent à leur tour promouvoir l’appel. Un autre des défauts de l’appel est qu’il n’explique pas bien ce qui s’est passé, pour quelqu’un qui ne connaît que ce document, ce sera difficile de comprendre le contexte. Mais nous avons largement informé nos lecteurs ces dernières semaines sur le Mouvement San Isidro et le rassemblement devant le ministère de la Culture.

Retrouver nos articles sur le sujet sur Polémica cubana :

http://www.polemicacubana.fr/?p=15265

http://www.polemicacubana.fr/?p=15147#more-15147

Polémica cubana reproduit cette « articulation plébéienne », comme l’ont appelée ses créateurs :

27 novembre 2020

Nous avons suivi de près les événements de ces derniers jours et maintenant au ministère de la Culture à La Havane. Ceux d’entre-nous qui se trouvent par ailleurs sur des positions divergentes, souscrivent à cette déclaration, ils sont animés par une exigence éthique commune de rejeter toute action violente de l’État. Ce sont des idées et des propositions de citoyens qui veulent accompagner et participer au dialogue même s’ils ne sont pas physiquement présents.

Toute connaissance engagée pour le bien de Cuba et la préservation de la souveraineté nationale, de l’indépendance et de l’intégrité de la patrie est la bienvenue.

Notre horizon est de créer une référence éthique, politique et humaine de justice sociale, d’inclusion, de démocratie et de rejet de toute forme de discrimination, afin de rendre possible un climat de dialogue et de réconciliation à Cuba et dans tous les endroits du monde où vivent les Cubains.

Pour la pleine réalisation de la République démocratique, de la légalité, de l’État de droit et des droits de l’homme pour tous, pour le respect du pluralisme politique, pour la réconciliation avec l’environnement et avec la vie, pour la paix et le bien-être de l’homme, nous demandons : que le calendrier législatif, qui a été violé, et la douzième disposition constitutionnelle transitoire soient respectés, que la constitutionnalité de toutes les normes inférieures qui contredisent la Constitution soit examinée et qu’un modèle de l’État de droit, de ses droits, libertés et garanties soit élaboré.

Nous pensons qu’il est essentiel de créer des ponts de dialogue, d’abord au sein de la société civile cubaine, comme nous le voyons dans cette expérience spontanée et autonome d’organisation en dehors du ministère de la Culture, afin d’avancer vers un consensus sur d’autres sujets sociaux.

Nous pensons qu’il est nécessaire de promouvoir une culture civique de respect des droits de l’homme et des relations fraternelles, qui permettra de surmonter le langage politique polarisant, comme condition pour vaincre toutes les formes de violence et d’inégalité.

Il sera très important que cette articulation ait une portée nationale et transnationale, ainsi que la diversité des idéologies et des croyances soient respectées.

Nous rejetons toute action violente et répressive, et exigeons le respect des espaces de dialogue dans le cadre de la loi et de la constitution. Notre voie est pacifique, conflictuelle, mais par le dialogue.

Nous souscrivons au présent, dans une articulation plébéienne,