L’ICAIC licencie la directrice du Festival des jeunes réalisateurs
Les réalisateurs exigent une fois pour toutes que le débat sur “la liberté de création, le droit de s’exprimer et de montrer en tant que cinéastes notre vision de Cuba” ait enfin lieu.
La présidence de l’ICAIC a licencié la cinéaste Carla Valdés León, qui était directrice du Festival de la jeunesse de l’ICAIC, lors d’un nouveau virage répressif qui accentue le conflit entre l’organe de l’État et les jeunes réalisateurs cubains.
Le conseil d’administration de la compétition, la plus importante à Cuba dédiée aux films réalisés par des personnes de moins de 35 ans, a déclaré dans un communiqué que la décision de l’ICAIC s’inscrit dans le cadre du conflit déclenché après la censure du court métrage Sueños al pairo (Rêves à l’arrêt), de José Luis Aparicio Ferrera et Fernando Fraguela Fosado. C’est une décision de l’Institut après laquelle deux douzaines de cinéastes ont retiré leurs films de la sélection officielle, en solidarité avec les censurés.
“Après le veto mit au Festival du documentaire, l’ICAIC, sans consulter le Conseil, a rendu publique sa décision de reporter l’événement ; puis il a séparé de ses fonctions institutionnelles Carla Valdés León choisie par le reste des membres du Conseil en tant que directrice du festival. Dans sa dernière déclaration, comme nous l’avons vu, le Conseil a essayé de justifier la censure avec des arguments juridiques et il vient de nommer le vice-président de l’ICAIC pour diriger l’événement, en plus de nous refuser la possibilité de gérer directement notre page Facebook. L’ICAIC, a-t-il toujours l’intention d’exercer son monopole sur la vérité”, c’est une question posé dans la déclaration des cinéastes protestataires.
Les jeunes responsables du festival ont assuré qu’ils ne doutaient pas de l’importance du festival, même s’ils considéraient qu’”il devenait impossible à organiser avec une autre direction, car il met en péril son essence : être un foyer commun pour tous les jeunes cinéastes cubains et leurs meilleurs films”.
“Nous ne voyons pas une réelle volonté de surmonter la crise. (…) Après le 17e Festival, le Conseil d’administration a développé un dialogue fluide avec la Présidence de l’Institut, non sans tension, mais généralement positif. (…) Au cours des deux dernières semaines, nous n’avons cessé de le mettre en garde contre les conséquences que l’action inflexible de la présidence pourrait avoir pour l’événement et pour l’ICAIC lui-même. Cependant, tous nos arguments ont été rejetés”.
Le conseil d’administration, composé de Carla Valdés León, Juan Carlos Calahorra, José Luis Aparicio, Daniela Muñoz Barroso et Regis Guedes, a averti que bien que les cinéastes aient obtenu certaines de leurs revendications pour lesquelles ils ont combattu pendant plus d’une décennie – un registre des créateurs, un bureau d’aide à la production, une commission du film et un fonds de développement tant attendu – “le débat est reporté sur une question fondamentale qui fait de l’ombre aux conquêtes de la profession : la liberté de création, le droit d’exprimer et de montrer en tant que cinéastes notre vision de Cuba et de son passé souvent dissonant mais légitime, sans condamner nos œuvres à l’ostracisme.”
Le collectif de cinéastes a indiqué qu’il invitait la présidence de l’ICAIC à “tenir une large assemblée avec la participation de la guilde culturelle et des institutions qui se sentent responsables de l’avenir du cinéma cubain. Une assemblée dans un climat respectueux qui permette la liberté des critères, et d’où puisse émerger un projet réellement viable”.
Au sujet de la controverse, qui laisse en suspens la célébration de l’une des rencontres audiovisuelles les plus populaires de La Havane, la productrice Claudia Calviño a rappelé que chaque année “il se passe quelque chose au festival, toujours un film “dérangeant” (…) nous devons nous asseoir et discuter du cinéma à Cuba, de la liberté artistique et du rôle des cinéastes et de leurs institutions aujourd’hui”, a-t-elle écrit sur son mur Facebook.
Pour sa part, le réalisateur Yimit Ramirez, dont le film Quiero hacer una película(Je veux faire un film) a également été censuré par l’ICAIC lors du Festival de la jeunesse de 2018, a averti sur les réseaux sociaux qu’”il y a des survivances sans importance qui sont pires que des morts prématurées. J’espère que ce n’est pas une mort, mais une transformation, une libération (…) pour comprendre que l’ICAIC est dû aux cinéastes et non l’inverse”.
Luz Escobar
14 y medio