Un « Buenaventura Durruti » dégoté Plaza de Armas, à La Havane
Juan Carlos qui a quitté notre monde avant que ses collègues libreros aient eu l’obligation de quitter la Plaza de Armas, leur fief havanais durant plus de 20 ans, pour un autre lieu non désiré, était un vrai libraire, un vrai bouquiniste : il savait ce qu’il vendait. Comme tous ses collègues, tous amis et solidaires. Juan Carlos, Sixto, Pedro, Edgar, Barbaro… avaient lu (lisent) ce qu’ils possédaient, avant d’exposer leurs livres, publications, sur leurs murs et tréteaux de bois. Ce qui n’était pas exposé était entreposé dans leurs réserves, en ville. Dont ils connaissaient les moindres recoins.
Leur force : la passion de lire, celle des livres, une mémoire sans faille, sans l’aide de la moindre fiche, sans internet, une culture nourrie chaque jour….
Le client, souvent un touriste, quand il n’est pas juste un flâneur, achète un livre qu’il voit, demande un livre précis ou indique qu’il fait une recherche sur un sujet d’étude en particulier (ce genre de client est minoritaire, il n’est pas touriste).
Cette fois-là, au cours d’une conversation sur un thème précis de la Guerre d’Espagne, c’est Juan Carlos qui en moins de 48 heures, réunit toute une documentation. Avec une pépite : « Buenaventura Durruti à Cuba, une dizaine de pages dans un livre de Abel Paz, dans le chapitre « le Révolté », exclusif mon pote ! » (compadre)
QUAND BUENAVENTURA DURRUTI PASSA PAR CUBA ET AUTRES CONTREES
Buenaventura Durruti, une des figures illustres de l’histoire de la Guerre d’Espagne – il tombera en novembre 1936 lors de la défense de Madrid – avait entreprit dès la fin de 1924 une « campagne de propagande et d’agitation » (1) auprès des Espagnols implantés en Amérique latine. Il avait alors 28 ans.
Durruti (1896-1936) et deux autres anarchistes, les frères Domingo et Francisco Ascaso se trouvaient à Paris où ils étaient chargés d’organiser en France un comité de coordination révolutionnaire pour aider le comité de Barcelone où les militants de Francesco Maciá tentaient d’organiser une guérilla. L’Espagne vivait depuis le 13 septembre 1923 sous la dictature du général Miguel Primo de Rivera. La grève générale du 14 ayant échoué, pour la Confederación Nacional del Trabajo (CNT) et les groupes anarchistes, il n’y eut plus d’autre recours que le passage dans la clandestinité (totale à partir du 5 mai 1924) qui durera jusqu’en janvier 1930, date de la chute du dictateur.
Mais la police française menait, à la demande de Madrid, une chasse acharnée des exilés espagnols. Certains furent arrêtés et expulsés, d’autres purent passer en Belgique. Cependant les trois hommes réussirent à vivre cachés pendant un mois dans une petite maison de Saint Denis, au nord de Paris, mise à leur disposition par des anarchistes français. Vers la fin de décembre 1924, Durruti et Francisco Ascaso parviennent à s’embarquer sur un cargo hollandais, au port du Havre, munis de faux passeports. Escale à New York. Destination Cuba, le Mexique et l’Amérique latine. Objectif : « récolter des appuis financiers ».
« Ils se rendraient d’abord à Cuba puis au Mexique où ils formeraient un groupe avec le benjamin des Ascaso, Alejandro, et Gregorio Jover que l’on ferait venir d’Espagne. Domingo Ascaso s’établirait à Anvers pour assurer, depuis le port, le contact avec eux, grâce à un réseau de marins, coordonné depuis Montevideo », précise (1) l’historien Abel Paz (p. 92).
Cuba, pour Durruti et Francisco Ascaso, ne devait être qu’une courte étape, avant d’entreprendre leur excursion latino-américaine – du Mexique à l’Argentine où l’anarchisme était devenu un mouvement de masse- telle que l’avait ordonnée la direction libertaire de Barcelone.
Sur ce séjour à Cuba, qui allait être plus long que prévu, reproduire les grandes lignes du récit qu’en fait Abel Paz est un recours commode en l’absence d’autres sources fiables à la portée de la main, à commencer par celles qui le contrediraient.
Selon Abel Paz, à La Havane, les travailleurs qui les accueillirent leur firent un tel tableau de la situation sociale dans l’île qu’ils décidèrent d’y rester quelque temps. Gerardo Machado, alors dictateur (depuis le 20 mai 1925) avait instauré une « pacification » artificielle liée étroitement au capital américain et aux propriétaires terriens. Un vernis superficiel d’opulence cachait, à La Havane, la dure misère et la corruption. La police pratiquait sans frein l’arbitraire, endiguait par la violence les tensions fréquentes dans les classes exploitées. La révolte populaire grondait sourdement.
Cependant, les anarchistes cubains préconisaient une stratégie patiente et longue, un travail ininterrompu et sans secousses, unique voie, à leur avis, vers la révolution sociale. Ils reprochèrent à Durruti et F.Ascaso « leur impatience activiste » : « « Votre entreprise est condamnée à l’échec, leur dirent-ils, les ouvriers cubains, même s’ils manquent de nourriture, vous donneront quelques pesos, mais les commerçants vous dénonceront à la police. »
Durruti et Ascaso se firent embaucher comme arrimeurs dans le port. Au travail, à la cantine, ils ne cessaient d’exposer aux travailleurs du port la nécessité de l’organisation, de la cohésion, de la solidarité.et en les mettant en garde contre le danger du bureaucratisme dans les syndicats Bientôt, les travailleurs du port s’organisèrent en un puissant syndicat qui se fédéra avec d’autres qui existaient à La Havane : celui de la Gastronomie et celui des ouvriers du Tabac, tous deux marqués par l’influence anarchiste (2).
Ce fut, toujours selon Paz, une époque importante pour Durruti, car il se révéla excellent orateur au cours de ses harangues journalières aux ouvriers : ses discours simples mais d’une chaleur communicative firent rapidement connaître et estimer son nom. Cette renommée parvint aussi très vite aux oreilles de la police qui le rechercha pour l’arrêter.
Durruti et Ascaso et lui abandonnèrent alors la capitale, un jeune Cubain les guidant jusqu’à Santa Clara. Ils y trouvèrent du travail comme coupeurs de canne à sucre dans une hacienda située entre Cruces et Palmira.
Quelques jours après leur embauche, une tentative de grève éclata parmi les coupeurs de canne : on avait diminué leur salaire sous prétexte d’une baisse du prix du sucre et ils refusaient de travailler. Les contremaîtres forcèrent, sous la menace, les travailleurs à se rassembler sur une esplanade proche de la maison du patron.
Celui-ci parut, adressa de violents reproches aux rebelles et, désignant au hasard trois d’entre eux, les accusa d’avoir mené cette révolte : les contremaîtres s’en emparèrent et les escortèrent, en armes, jusqu’au poste le plus proche des guardias rurales.
Une heure plus tard, un détachement des gardes ramena sur les lieux de la grève les corps inertes des trois hommes qui, bien que vivants, avaient subi d’affreuses tortures. Ils les jetèrent par terre tandis que le patron concluait : « Voici ce qui vous arrivera si vous ne reprenez pas immédiatement le travail. De plus, vous recevrez un salaire inférieur à cause des heures que vous avez perdues. »L’intimidation agit et le travail reprit.
Durruti et Ascaso discutèrent de l’affaire avec leur ami cubain. Ils décidèrent qu’il fallait exécuter le patron : ce jugement sommaire et cette vengeance rapide seraient un sérieux avertissement pour les autres propriétaires et dégagerait un peu l’horizon bouché des travailleurs. Le lendemain, on trouva le cadavre du patron dans son bureau et cet écriteau : « La Justicia de los Errantes » (la Justice des Errants). La police se lança sur-le-champ à la poursuite des trois hommes, mais ils avaient déjà gagné la province de Camaguey.
LIRE : (en espagnol)
L’auteur espagnol Jorge Diaz (1962) a publié en 2012 « La Justicia de los Errantes », qui n’est ni un essai, ni un livre d’histoire, mais plutôt un grand roman d’aventures, « tout en maintenant la vraisemblance et le respect des protagonistes » (J.Diaz). Près de 200 pages sont consacrés aux « aventures » de Durruti et Ascaso à Cuba, au Mexique, au Chili et en Argentine.
https://ramonchao.wordpress.com/2012/05/29/durruti-y-ascaso-la-justicia-de-los-errantes/
https://www.culturamas.es/blog/2012/04/23/entrevista-a-jorge-diaz-por-la-justicia-de-los-errantes/ ]
La nouvelle de cette exécution se répandit partout : de Palmira à Cruces, puis à Santa Clara et jusqu’à La Havane. La légende se mit à grossir l’affaire : une bande de criminels espagnols, Los Errantes, avaient assassiné une demi-douzaine de propriétaires d’haciendas. Tous les soldats, gardes ruraux et contremaîtres, se mobilisèrent pour capturer les fuyards, brutalisant les paysans soupçonnés de les avoir hébergés, les torturant pour en savoir plus. Pour compliquer leurs recherches, on apprit qu’un contremaître avait également été abattu dans le district de Holguín et le meurtre signé comme le premier. L’ubiquité de cette bande redoutable déconcerta les autorités et effraya les propriétaires qui firent fortifier leurs domiciles.
Abel Paz ne précise pas combien de temps Durruti et Ascaso passèrent à Cuba, mais on peut déduire de son récit que leur séjour dura autour de deux mois. Activement recherchés par la police de Machado et sentant qu’ils n’avaient pas les soutiens cubains espérés, les deux hommes – « Los Errantes » nés à Cuba allaient défrayer la chronique latino-américaine jusqu’à la fin du mois de février 1926 – parvinrent à monter dans une embarcation qui servait à faire visiter la baie de La Havane et, au milieu du trajet, se firent conduire jusqu’à un bateau de pêche qui avait jeté l’ancre.
Auparavant, les deux hommes eurent le temps d’attaquer le Banco de Comercio de La Havane
Montant à bord, ils forcèrent le patron à mettre le bateau en marche en direction des côtes du Yucatán. Arrivés à terre, ils gagnèrent Merida puis le port de Progreso où ils prirent un bateau vers l’ouest, jusqu’à Veracruz où Alejandro Ascaso et Gregorio Jover les y attendaient depuis une semaine. Ils se retrouvèrent au siège de la C.G.T., au numéro 3 de la plaza de la Vizcaina. C’était l’ancienne Casa del Obrero Mundial (Maison de l’ouvrier mondial).
Mais, dit Abel Paz, tout son « dynamisme d’antan s’était sclérosé ». La révolution mexicaine était devenue quelque chose d’ « officiel », sans aucune réalité effective. Le leader anarchiste mexicain Ricardo Flores Magón (1873-1922) avait trouvé la mort quelques années auparavant dans une prison yankee.
Au Mexique, comme à Cuba, en Bolivie, au Chili, au Pérou et surtout l’Argentine, l’anarcho-syndicalisme, bien que souvent minoritaire, quand il n’était pas réduit à des groupuscules, était relativement implanté, sans atteindre nullement la dimension qu’il avait en Europe (Espagne, France et Italie).
Le Mexique avait tiré un trait sur sa Révolution déclenchée en 1910-1911 également par des éléments anarchistes qui allaient s’épuiser à tenter de la préserver. Les deux grands insurgés que furent Emiliano Zapata (1879- 1919) et Pancho Villa (1873-1923), tous les deux assassinés, ayant pratiquant certes eux aussi « le financement de leur effort de guerre » n’ont jamais été associés à l’anarchisme.
Lors de leur excursion en terres latino-américaines, Durruti et Ascaso, convaincus que « la révolution n’a pas de patrie » s’étaient fixés deux buts : aider dans toute la mesure de leurs moyens le mouvement libertaire sud-américain et trouver, comme prévu, « des appuis financiers », tout en donnant le change, autrement dire se fondre dans la société comme travailleurs. On attribua à Los Errantes, sans qu’on puisse jamais identifier ses membres ni leur nombre, plusieurs attaques de banques au Mexique. « Vous travaillez en luttant contre l’État dans la légalité nous, nous combattons dans l’illégalité et le défions », disaient-ils à leurs « camarades ». Ainsi, selon les termes d’Abel Paz, Los Errantes avaient « choisi un style de vie et d’action illégal. Cela ne venait pas de leur tempérament mais de la constatation que les groupes anarchistes du Vieux et du Nouveau continent avaient besoin d’argent ».
Durant les quatre mois du séjour de Durruti au Mexique, les attaques de banques se multiplièrent, donc leur butin de guerre commença à croitre. Toutes les polices d’Amérique avaient été alertées contre ces Errantes, « es una banda mexicana », disait-on alors, et chaque fois, ils déjouèrent les actions policières, « grâce à leur courage et à leur astuce ».
Ils arrivèrent en Argentine (3) vraisemblablement en juin-juillet 1926, après un séjour au Chili (4) où ils sont arrivés en bateau, à Valparaiso, le 9 juin 1925, venant du Pérou. Une confusion existe sur les dates. Compte tenu de la répression à Buenos Aires des milieux anarchistes (particulièrement réactifs après le déclenchement de l’affaire Sacco et Vanzetti aux Etats-Unis) Durruti et Ascaso marquèrent une pause dans leurs activités illégales, malgré les pressantes demandes d’argent que leur adressait, d’Anvers, Domingo Ascaso. Ils se mirent à travailler, le premier au port de Buenos Aires, le second comme puisatier.
Mais bien vite, ils reprirent leurs multiples « expropriations », avec des succès divers, Gregorio Jover s’étant joint à eux. La police porteña rapprocha ces faits d’indications données par la police mexicaine et celle du Chili selon lesquelles « une certaine bande d’atracadores avait cherché refuge en Argentine ».
Il s’agirait « d’Espagnols, de Mexicains ou de Cubains qui, le 16 juillet de cette année, emportèrent 46 923 pesos chiliens, à la Banque du Chili de Santiago, succursale Mataderos ». On possédait leurs photos. La police chilienne précisait : « Cette bande est composée de cinq individus. À Santiago du Chili, on a découvert la pension où ils vivaient. Leur propriétaire déclara que c’étaient cinq hommes bien élevés, parlant continuellement de luttes sociales et se définissant eux-mêmes comme des révolutionnaires espagnols en tournée en Amérique pour ramasser des fonds dans le but de renverser la monarchie espagnole ». Mais là encore, rien ne filtra sur leur véritable identité. Les forces de police étaient loin de penser que parmi ces hommes se trouvait l’anarchiste le plus célèbre en Europe.
La police de Buenos Aires se lança donc sur cette piste. Elle fit circuler et afficher les photos dans tous les lieux où le groupe avait sévi. La Prensa, quotidien de la capitale, détaillait leur signalement : « Il s’agit d’individus de bonne apparence, correctement vêtus que rien, dans leur aspect, ne rend suspects. Bien plus, leur abord est sympathique selon les déclarations des gens qui, dans la journée d’hier, aperçurent les bandits. » Ainsi désignés et décrits, le petit groupe d’anarchistes n’eut plus qu’à se cacher et à disparaître de la capitale.
Ils s’effacèrent si bien que, jusqu’au 18 janvier 1926, on perd complètement leurs traces. Ce jour-là, la banque de San Martín, Argentine, succursale de la banque de la Provincia, fut attaquée. Butin : 64.085 pesos. Après un contact avec la police espagnole, pour la police argentine il ne fit aucun doute que l’auteur du hold-up était bien l’anarchiste Buenaventura Durruti. Mais, cette fois, ils étaient sept (dont un Cubain, José Manuel Labrada), sans compter le chauffeur…La police centra ses recherches vers les milieux anarchistes locaux, toujours en vain.
Fin février 1926, après beaucoup de difficultés, ils réussirent à embarquer à Montevideo à destination de l’Europe. Ils débarquèrent sous des faux noms (ceux de trois célèbres anarchistes argentins) à Cherbourg, le 30 avril, après avoir changé de bateau aux Canaries.
Durruti, Ascaso et Jover avaient rempli leur mission. Récolter de l’argent, beaucoup d’argent pour renflouer les caisses des groupements anarchistes. Un peu plus de dix ans plus tard, Buenaventura Durruti et Francisco Ascaso n’allaient pas survivre à la guerre civile dans leur pays. 500.000 personnes allaient assister à Barcelone aux funérailles de Durruti.
Michel Porcheron
(Deuxième photo illustrant cet article : Durruti lors d’un meeting à Cuba en 1925)
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BONUS :
(1)- In « Buenaventura Durruti, 1896-1936, Un combattant libertaire dans la révolution espagnole », Les Editions de Paris, 2000, 3 e édition, 498 pages. Cet ouvrage, produit de dix années de travail, est considéré comme un livre de référence sur B. Durruti. L’auteur, Abel Paz (1921-2009), nom de plume de Diego Camacho Escaneze, fils d’ouvriers agricoles, fut lui-même un militant dans les milieux anarchistes, combattit durant la guerre d’Espagne, s’exila en France en 1939. Revenu clandestinement en Espagne en 1942, il est arrêté et emprisonné , passant 11 ans dans les prisons franquistes (1942 -1953). De retour en France, il travaille dans une imprimerie avant de rentrer à Barcelone en 1977, où il décède le 13 avril 2009, à l’âge de 88 ans.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Abel_Paz
Son livre, traduit en 7 langues, a inspiré au réalisateur Jean Louis Comolli un film documentaire « Buenaventura Durruti, anarchiste » pour la chaîne Arte
(2)- Abel Paz cite comme source des « données fournies par un vieux militant anarchiste cubain qui connut Durruti à La Havane ». Préférant garder l’anonymat, il se trouvait à Cuba en 1970.
D’après sa note (p.461), on comprend que l’auteur se rendit à Cuba vers les années 1969-1970, pour recueillir des témoignages ainsi qu’une documentation.
Autre source non consultée : “El amigo del pueblo”, organe de Los Amigos de Durruti, 20 novembre 1937 : “Durruti en tierras americanas”.
Selon deux spécialistes français, Jean Maitron et Robert Paris (pour l’Encyclopedia Universalis) à Cuba, les problèmes du mouvement ouvrier ont été étroitement liés à la cause de l’indépendance nationale. Héritier de La Sociedad de tabaqueros de La Havane, créée en 1868 par des émigrés espagnols, et des sociétés anarcho-syndicalistes de dockers et de producteurs de tabac, le Congrès régional ouvrier de La Havane (1892), d’orientation libertaire, revendiqua simultanément la journée de huit heures et l’indépendance de l’île. Le poète José Martí fut lui-même préoccupé des conditions de vie de la population et très impressionné, lors de son exil aux États-Unis, par l’exécution des anarchistes de Chicago. Jusqu’en 1925, année de la fondation du Parti communiste de Cuba, les anarchistes représentèrent la principale force du prolétariat cubain. La même année la Federación cubana del trabajo (FCT) renonça à l’anarchosyndicalisme.
(3)- L’essor de l’anarchisme en Argentine, de ses organisations et de sa presse est à lier à la forte immigration italienne, dont la majorité se composait de travailleurs agricoles et d’artisans. Jusqu’en 1915, date de son autodissolution, la Fédération ouvrière régionale argentine (F.O.R.A), strictement anarcho-syndicaliste participa à toutes les agitations dans le pays. Cependant les anarchistes prirent une large part, début 1919, à un soulèvement populaire qui suivit la mort de plusieurs ouvriers tués par la police. Ce fut la « Semaine sanglante », qui se solda par 700 ou 800 morts, 4 000 blessés et 52 000 arrestations.
(4)- Sur leurs activités au Chili, on peut trouver sur le site www.rebelion.org, un article (11 octobre 2005) de Luis Olea intitulé « Una historia desconocida del hombre que se haría famoso en la guerra civil española / Buenaventura Durruti, el autor del primer robo a un Banco en Chile ».