Qui est Miguel Diaz-Canel, le futur président, digne héritier des Castro ?
Il était pourtant décrit comme un homme capable de faire changer le régime. En réalité, le probable remplaçant de Raul Castro s’inscrit dans la lignée des castristes.
Présenté depuis 2013 comme le successeur probable de Raul Castro, lequel doit abandonner son titre de chef de l’Etat l’année prochaine, Miguel Diaz-Canel, 57 ans, avait jusqu’à présent la réputation – un tantinet surfaite – d’un homme de transition plutôt ouvert, susceptible de faire évoluer le régime. La vidéo, qui a filtré par l’entremise d’un groupe d’opposition, de son allocution devant le Parti communiste cubain (PCC) la semaine dernière, à La Havane, laisse au contraire entrevoir un profil de “taliban”, comme on surnomme les castristes les plus intransigeants.
Promu au rang de premier vice-président des Conseils d’Etat et des ministres voilà quatre ans, l’ancien ministre de l’Enseignement supérieur (de 2009 à 2012) vise d’emblée les “médias alternatifs” : “Des sites et portails Internet en apparence inoffensifs sont apparus, avec le projet évident de mener une guerre culturelle contre la révolution. Certains seront bloqués ou censurés, tant pis si ça déplaît”, lance l’ingénieur électrique diplômé en 1982.
Il cible déjà les médias et l’opposition
Puis il définit deux catégories d’opposants : “l’opposition traditionnelle”, selon lui discréditée, comme les Dames en blanc (un groupe de mères et d’épouses de prisonniers politiques) et “l’opposition loyale”, que les Etats-Unis voudraient, selon lui, renforcer. “Il s’agit de gens au discours structuré qui n’attaquent pas directement la révolution, mais emploient le langage social- démocrate”, décrypte- t-il, avant d’ironiser : “Ils ont des solutions pour tout: l’économie, les élections, la politique…”.
Aux yeux du dirigeant communiste, adhérent du parti de longue date, le secteur privé non étatique, c’est-à-dire les micro-entrepreneurs, constitue une autre menace sournoise : “L’idée des Etats-Unis, soupçonne-t-il, est de stimuler leur succès afin de les transformer en opposants à la révolution.”
Cerise sur le gâteau : Miguel Diaz-Canel accuse cinq ambassades d’être des “grands foyers de subversion : Norvège, Allemagne, Espagne, Royaume-Uni, Etats-Unis”. Enfin, sur le dégel américano-cubain amorcé par Barack Obama en décembre 2015, l’apparatchik tranche: “Nous ne devons rien céder en échange de la normalisation de nos relations.” Fidel Castro n’aurait pas dit autre chose.