Nov
15
Cuba-URSS: de l’alliance à la rupture
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Pour le Cuba de Fidel Castro, l’Union soviétique a longtemps fait figure de soutien indéfectible militaire et économique face aux États-Unis, avant que sa chute ne provoque une fracture que Moscou et La Havane tentent aujourd’hui de combler.
Le président Vladimir Poutine a rendu hommage au père de la Révolution cubaine, qui avait fait de son pays un allié très stratégique pour Moscou pendant la Guerre froide, disant de lui qu’il était «le symbole d’une époque» et «un ami sincère et fiable de la Russie».
Le dernier président soviétique, Mikhaïl Gorbatchev, a salué un «grand homme politique» qui a «fortifié» son pays face au blocus américain. Le père des réformes politiques et économiques qui ont précipité la chute de l’URSS il y a 25 ans a cependant refusé de s’étendre sur le passage à vide postsoviétique : «Il existe malheureusement des périodes de refroidissement dans les relations internationales et je ne veux pas en parler en cette triste journée».
Nouvel allié
À la fin de la révolution cubaine en 1959 et à l’arrivée au pouvoir de Fidel Castro, Moscou gagne un allié en pleine Guerre froide.
Dans un premier temps, les autorités soviétiques se demandent sur quel pied danser avec le nouveau dirigeant cubain. Mais le blocus américain pousse le Lider Maximo à chercher des soutiens extérieurs et à se rapprocher de l’Union soviétique.
Castro en appelle à Nikita Khrouchtchev et Moscou commence à approvisionner La Havane en carburant en échange de sucre. Progressivement, Cuba devient totalement dépendante de l’Union soviétique.
Le soutien soviétique n’est pas désintéressé dans un contexte de confrontation avec les États-Unis et Cuba se trouve bientôt au coeur des épisodes parmi les plus tendus de la Guerre froide.
En 1961, la tentative de débarquement d’exilés cubains dans la baie des Cochons tourne au fiasco, infligeant un revers à Washington et rapprochant encore Fidel Castro de l’URSS.
L’année suivante, en réponse au déploiement de missiles américains en Italie et en Turquie, Nikita Khrouchtchev parvient à convaincre Castro d’installer des missiles soviétiques sur son île, à moins de 150 kilomètres des côtes des États-Unis.
John Kennedy avertit Khrouchtchev de l’imminence d’une attaque si les missiles ne sont pas retirés. Après une montée de tensions entre les deux superpuissances, le 28 octobre, Khrouchtchev, sans consulter Castro, accepte le retrait des missiles en échange d’un engagement solennel des États-Unis de ne pas envahir Cuba.
Cet accord est pris comme une trahison pour Fidel Castro qui demandait notamment la levée de l’embargo américain et l’arrêt des activités anticastristes à partir des États-Unis. Les années suivantes, La Havane se rapproche de la Chine communiste, tout en conservant des liens étroits avec Moscou, où Castro effectue sa première visite en 1963.
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Rupture
Les Soviétiques investissent massivement dans l’économie cubaine et fournissent une importante aide militaire. Mais, dans les années ayant précédé son éclatement, l’URSS, premier bailleur de fonds de Cuba, n’arrive plus à remplir ses engagements.
Dès 1989, elle coupe son aide, portant un coup terrible à l’économie cubaine. Castro procède alors à de modestes réformes économiques et ouvre l’île aux touristes étrangers.
La chute de l’URSS, en 1991, aggrave les relations entre Moscou et La Havane, désormais glaciales. Près de dix ans plus tard, ces dernières se détériorent encore avec la décision unilatérale de Vladimir Poutine de fermer la base d’écoutes de Lourdes, dans la banlieue de La Havane.
Ce n’est qu’après le retrait de Fidel Castro au profit de son frère cadet Raul que la Russie, dont les relations se tendent avec les Occidentaux, amorce un rapprochement avec l’Amérique latine.
En 2009, Raul Castro devient le premier dirigeant cubain en plus de 20 ans à effectuer une visite en Russie, où il revient dès 2015.
En 2014, Vladimir Poutine annule 90% de l’énorme dette de Cuba envers l’ex-URSS (31 milliards de dollars) à la veille d’un voyage sur l’île pendant lequel il signe d’importants accords économiques et s’entretient avec Fidel Castro.
Entre-temps, La Havane voit ses relations se réchauffer avec les États-Unis, qui assouplit progressivement son embargo. Les relations entre Moscou et Washington sont, quant à elles, au plus bas depuis la fin de la Guerre froide.