Éclairs printaniers de libertaires récurrents
La semaine dernière, l’Observatoire critique (OC) a accueilli la troisième édition du Printemps libertaire de La Havane. Ceux qui ont assisté à ses réunions, ont pu se connecter une nouveau fois avec l’esprit de rébellion, l’anti-autoritarisme, l’anti-capitalisme, fraternel et critique que notre collectif partage avec des gens de toutes les nationalités, de tous les âges et toutes les latitudes.
À ce printemps havanais, ont participé des camarades de plusieurs pays, qui partagent les labeurs, les souffrances et les espoirs des travailleurs cubains. Ensemble, nous partageons les expériences générales et particulières des luttes dans toutes les situations, à partir du processus nouveau de normalisation des relations entre La Havane et Washington, jusqu’aux offensives néo-libérales en Europe et en Amérique latine ; en considérant le développement des activismes, des espaces d’autonomie, de solidarité et d’art.
Dans ce printemps, a été mis en évidence l’importance et les soins que l’on doit porter aux potentialités de l’unité entre les groupes et les personnes ayant des idéaux semblables. L’OC a réussi, au fil du temps, à fusionner, dans un creuset polychrome, les pensées de gauche dans une ample diversité, depuis les tendances libertaires jusqu’aux autres, ceux qui nous définissons comme marxistes et trotskystes occasionnellement. Un groupe prometteur de récente formation, le Réseau des jeunes anticapitalistes, a également fait une présentation de ses positions, ce qui montre le potentiel renouvelé de la pensée de gauche cubaine.
À propos du panorama national cubain, bien sûr a été montré quel processus de réforme conduit le gouvernement. Les conjonctures liées au VIIe Congrès du Parti communiste de Cuba et la « normalisation des relations entre Cuba et les Etats-Unis » sont liées à un processus antérieur qui inquiète beaucoup. Les chemins ouverts au petit et au moyen capitalisme local, et au capitalisme étranger, liés aux stratégies économiques de développement technocratique ne sont pas compatibles avec un projet que le gouvernement insiste à appeler socialisme prospère et durable. Nous avons réfléchi au résistance de la population aux abus manifestes, par exemple quabd les gouvernants ne respectnt pas des politiques laborales inconvenantes.
Sur les expériences étrangères, plusieurs latino-américains donnèrent leur point vue. Celui qui m’a le plus marqué a été celui des compagnons mexicains. Il se trouve qu’il s’agit de compagnons des jeunes de l’état de Guerrero, disparus dans les tragiques événements du Ayotzinapa. De tels témoignages mettent bien en évidence les dangers et les épreuves que vivent les sociétés prisent en tenailles par les État dédiés à la spoliation et au crime organisé.
D’autres amis abordèrent la situations dans d’autres pays pas moins complexes, comme le Brésil. La droite a renversé une présidente, qui au nom de la gauche, menait à bien des programme identiques à ceux des conservateurs, en favorisant le grand capital ; même s’il est vrai que, pendant la période de « vaches grasses », cette présidente redistribua certaines ressources qui soulagèrent la misère de beaucoup de gens. En tout cas, une droite tapageuse se précipite sans scrupules au pouvoir, en menaçant que les temps futurs seront pires que ceux d’aujourd’hui.
On a également appris beaucoup de choses, au sujet de la surprenante campagne de Bernie Sanders pour la présidence des États-Unis. Ce sénateur s’est défini ouvertement socialiste, mais il a finalement été vaincu par un puissant appareil de parti, mais cela peut avoir signifié la naissance d’une phase de renouveau pour la gauche dans ce pays.
Beaucoup de dialogues et d’échanges fascinants ont eu lieu et malheureusement, j’ai manqué la plupart. Pour cette raison, je ne peux pas donner beaucoup plus d’explications, mais d’autres compagnons continueront à informer. Les journées vécues laissèrent, comme toujours, une empreinte stimulante en renforçant la fraternité, avec la conscience de l’importance de continuer à être actif, avec l’espoir de renforcer nos liens avec la coopération et solidarité.
Je ne voudrais pas terminer cette histoire sans aborder rapidement des événements. Parallèlement à notre événement et sans rapport avec lui, a été célébré dans le pays la déjà habituelle journée contre l’homophobie et la transphobie. Cette dernière initiative appartient au Centre national d’éducation sexuelle (CENESEX), qui fait avance lentement les choses dans ces domaines. Il semble qu’un haut commandant a décidé de saboter la campagne modeste du CENESEX, et la police de la ville de Cardenas, dans la province de Matanzas, a entrepris une nuit un raid violent contre la communauté LGBTI. Le samedi suivant, à la fin de notre événement, le CENESEX organisa sa marche dansante dans la rue 23 de la capitale, dans le quartier du Vedado, où deux compagnons de notre OC et du collectif Arc-en-ciel portait une pancarte dénonçant de tels actes de la police.
La pancarte n’a pas été apprécié par les agents de la sécurité. Ils ont harcelé nos compagnons et arraché la pancarte par la force. La réalité exige justice, et les exigences d’aujourd’hui ne sont pas pour le siècle prochain, nous exigeons que le respect de la diversité soit un fait de chaque jour. L’image de notre pays dans le regard des étrangers - et des nationaux – ne peut pas être positive en faisant taire des manifestants par la force, mais elle peut être transformé en sanctionnant ceux qui sont responsables de cette violence afin que de tels actes ne se reproduisent pas. Nous insistons pour que de tels agissements de la police ne se répètent jamais, et que les responsables soient dûment punis. Si on ne satisfait pas des exigences de justice aussi élémentaires, la rébellion et les protestations recommenceront d’une manière ou d’une autre, inexorablement, parce qu’on a pas besoin de permis pour aspirer à la pleine dignité de tous les êtres humains.
Rogelio M. Díaz Moreno
Observatoire critique de La Havane