Le président cubain Raul Castro est attendu à Paris le 1er février
En mai, François Hollande s’était rendu à Cuba où il avait rencontré Raul Castro mais également son frère Fidel Castro. Il s’agissait de la première visite d’un président français depuis l’indépendance de l’île en 1898, mais également de la première visite d’un chef d’État occidental depuis l’annonce du dégel entre Cuba et les États-Unis, fin 2014.
A La Havane, le président français avait notamment plaidé pour la levée de l’embargo économique américain contre Cuba qui a selon lui « tant nui » au développement de l’île depuis la crise des missiles américano-soviétique de 1962.
Chaque année depuis 1991, Paris vote en faveur de la résolution demandant la levée de cet embargo à l’Assemblée générale de l’ONU.
Fidel Castro, qui a cédé les rênes du pouvoir à son frère en 2006, s’était pour sa part rendu en France pour une visite d’État en mars 1995, dans les dernières semaines du mandat de François Mitterrand, seul prédécesseur de gauche de M. Hollande à l’Élysée sous la Ve République.
Président du Conseil d’Etat, du Conseil des ministres et premier secrétaire du Parti communiste, Général d’armée (quelques-unes de ses fonctions officielles), le frère cadet de Fidel Castro est au pouvoir depuis 57 ans, bien plus d’un demi-siècle.
Cuba reste un régime militaire. Neuf des 14 membres du bureau politique, dirigé par le Parti communiste, sont des officiers. De même, cinq des sept membres du Conseil des ministres sont des officiers. Et les dirigeants d’entreprise sont également des officiers.
Un appel récent lancé par Jacobo Machover contre la visite du chef d’État cubain indiquait que « Raul Castro est celui qui, dès la prise du pouvoir, en janvier 1959, a fait, le premier, fusiller des dizaines de prisonniers en une seule nuit à Santiago de Cuba après un « procès inique de moins d’une demi-heure. Tout au long de son mandat à la tête des Forces armées et de la répression interne, il fit exécuter, emprisonner, et poussa à l’exil des dizaines de milliers d’opposants, par le biais des tristement célèbres « Tribunaux révolutionnaires » et autres juridictions militaires, toujours en activité. Il en est ainsi lorsque le gouvernement décide de se débarrasser de potentiels rivaux, comme lors du « procès Ochoa » en 1989, lorsque des officiers supérieurs sont passés par les armes, ou quand des jeunes voulant abandonner le pays sont condamnés à mort en 2003, lors du « printemps noir », après une parodie de procès. »
Barack Obama a initié, en décembre 2014, un rapprochement qui a conduit au rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays et à de multiples gestes d’amitié dans le but de convaincre le Congrès, à majorité républicaine, de voter la levée de l’embargo. En échange, Raúl Castro, malgré quelques mesures visant à une libéralisation en trompe-l’œil de l’économie de Cuba, n’a fait que renforcer la répression.
François Hollande s’est engouffré dans la brèche, allant même au-delà en rencontrant à La Havane, en avril 2015, un Fidel Castro réduit à l’état de vieillard gâteux. Il oubliait, ce faisant, ses déclarations passées condamnant sans ambages, en 2003, « un pouvoir personnel, voire dynastique, refus d’élections libres, censure, répression policière, enfermement des dissidents, camps de travail, peine de mort, bref, l’arsenal complet d’une dictature ». Celle-ci est toujours en place. Son but est de se perpétuer à l’infini en portant aux postes-clés du pouvoir les héritiers de la famille Castro qui ne se cachent même pas lorsqu’ils profitent des plaisirs « capitalistes » à l’étranger (vacances méditerranéennes sur des yachts de luxe, par exemple), affichant leur indifférence totale au sort d’un peuple soumis au rationnement et à la répression.
La dette de Cuba auprès du Club de Paris, dont la plus grande partie envers la France, a été tout simplement annulée. Des milliers de Cubains continuent à fuir la terreur et leurs déplorables conditions de vie en traversant le détroit de la Floride ou bien -ce qui est encore plus dangereux- en s’aventurant vers d’innombrables pays d’Amérique latine, avant d’être bloqués en Amérique centrale sur leur route vers les États-Unis.
L’accueil de Raúl Castro en France n’entraînera que le renforcement de son pouvoir.