A Cuba, le graffeur Danilo Maldonado, El Sexto, a été libéré après dix mois de prison
Le graffeur cubain Danilo Maldonado, 32 ans, connu sous le nom artistique d’« El Sexto », a été relâché par les autorités de La Havane, mardi 20 octobre, après avoir passé dix mois en prison et effectué deux grèves de la faim.
L’artiste avait été incarcéré en décembre 2014 et accusé d’outrage, pour avoir préparé une performance publique avec deux cochons portant les prénoms Fidel et Raul peints sur le dos. Amnesty International le considérait comme un prisonnier d’opinion.
L’artiste a accordé un entretien au site Diario de Cuba, dans lequel il assure : « Ni El Sexto comme artiste ni Danilo Maldonado comme personne ne baisseront jamais les bras. » Et de raconter à propos de son séjour en prison : « Cela a été une expérience pleine de couleurs malgré tout, car je me suis fait beaucoup d’amis là-bas. Des gens que je devais absolument connaître dans ma vie. A cette occasion, j’ai tout vu avec davantage de clarté. Même si, parfois, je sentais que je perdais beaucoup de temps de ma vie et regrettais d’être éloigné de ma famille. Mais je devais accepter que je me trouvais dans une université de la vie. »
« Beaucoup pensent que les dissidents sont des personnes tristes, or ce n’est pas mon cas. Je suis quelqu’un d’heureux. D’abord, parce que je suis libre, content de faire ce que je veux faire. Je n’ai jamais été comme ces gens qui rentrent à la maison pour regarder la télénovela qui leur plait et dire du mal du chef qu’ils doivent regarder le lendemain. Bien entendu, j’ai un rêve : je veux que l’avenir de mon pays change, mais entre-temps, je fais ce que je veux.»
« Je crois que nous devons chercher les noms des prisonniers politiques qui ne sont pas aussi visibles et continuer à lutter jusqu’à la libération du dernier. Si de nombreuses personnes se sont mobilisées pour moi, il faut réussir la même chose pour d’autres. Par exemple, Ernesto Borges est en prison depuis dix-sept ans, il attend depuis longtemps sa libération conditionnelle, en vain. »
« Une des choses que j’ai apprises est que si tu es un inconnu, on te passe par-dessus. Ils profitent du fait qu’à Cuba il n’y a pas d’Internet, que tous les médias sont entre leurs mains. Ils profitent de l’ignorance des gens, alors qu’il y a des prisonniers injustement détenus. Il faut les rendre visibles. Et si je suis maintenant dehors, il me semble juste d’en faire mon nouvel objectif, non ? »
Paulo A. Paranagua
Blog du Monde América latina (VO)