Réouverture historique de l’ambassade américaine à Cuba
Le drapeau étoilé va de nouveau flotter sur le Malecon, promenade qui longe l’océan, à La Havane, et sur laquelle trône l’ambassade des États-Unis. Ce sera l’une des conséquences visibles de la visite de John Kerry, vendredi 14 août, dans la capitale cubaine.
John Kerry sera le premier chef de la diplomatie américaine à se rendre à La Havane en 70 ans. Lors d’une cérémonie officielle en présence des autorités locales, le secrétaire d’État américain lèvera l’étendard de son pays après cinquante-quatre ans de rupture diplomatique.
Marquant la réouverture de l’ambassade des États-Unis, son geste s’inscrit dans un chapitre de moments historiques ouvert le 17 décembre 2014, quand Barack Obama et Raul Castro avaient annoncé le rapprochement de leurs pays.
Le secrétaire d’État procédera à la réouverture officielle de l’ambassade américaine dans une cérémonie qui réunira les deux gouvernements et des élus du Congrès américain.
Le fameux et imposant bloc de béton et de verre du boulevard de front de mer Malecon à La Havane redeviendra l’ambassade des États-Unis au moment où le drapeau américain sera hissé par les mêmes trois Marines qui l’avaient abaissé lors de la rupture des relations diplomatiques en janvier 1961.
Washington et La Havane ont en fait rétabli leurs relations diplomatiques et rouvert leurs ambassades le 20 juillet, selon les termes d’un rapprochement annoncé en décembre dernier par les présidents Barack Obama et Raul Castro, qui s’est aussi manifesté par le retrait de Cuba d’une liste noire américaine « d’États soutenant le terrorisme ».
Mais le rendez-vous se tiendra en marge des cérémonies officielles, à la résidence de l’ambassadeur plutôt qu’à la chancellerie, et sans la presse.
Un symbole parmi les moins heureux dans ceux qui jalonnent la visite historique du secrétaire d’État américain et qui, pour l’agence Associated Press, « illustre avec acuité comment la politique américaine déplace son attention sur le gouvernement de parti unique » alors que, jusqu’à présent, « les dissidents cubains » étaient « au cœur de la politique américaine envers l’île ».
Protection des droits
La visite d’une dizaine d’heures du secrétaire d’État américain permettra également d’aborder certains sujets sensibles pour les deux pays qui ne se sont officiellement pas parlé pendant plus d’un demi-siècle, notamment la restitution à Cuba de la base navale américaine de Guantanamo et la protection des droits de la personne et des dissidents politiques.
« Je vais rencontrer des dissidents au cours d’une réception privée, à la résidence de l’ambassadeur américain à La Havane », a affirmé John Kerry sur la télévision américaine Telemundo News.
« Nous n’allons pas balayer d’un revers de main nos inquiétudes pour la société civile et les droits de l’homme », a indiqué le département d’État, répondant ainsi aux propos du sénateur républicain américain d’origine cubaine Marco Rubio, qui accuse l’administration Obama d’avoir mis sous l’éteignoir ses exigences en matière de droits de la personne et des libertés.
Le cas des dissidents souligne quant à lui la complexité du rapprochement américano-cubain. Les États-Unis ont bien condamné l’arrestation à La Havane, dimanche 9 Août, de 90 manifestants qui portaient un masque de Barack Obama pour dénoncer sa complaisance avec le gouvernement cubain. John Kerry a également prévu de rencontrer certains dissidents lors de sa visite.
Castro réclame la dette de l’embargo
La levée de l’embargo économique que Washington impose toujours à l’île sera aussi au cœur des discussions qui se dérouleront pendant la visite de John Kerry. Cuba exige la fin de ce blocus implanté en 1962 par le président John F. Kennedy.
Un jour avant l’arrivée à La Havane du secrétaire d’État américain, l’ex-président cubain Fidel Castro, qui célébrait son 89e anniversaire jeudi, a rappelé dans un texte paru dans la presse, que les États-Unis doivent aux Cubains de « nombreux millions de dollars » pour les dommages liés à l’embargo économique.