La Havane : Atelier libertaire sur le chômage

La Havane, le 27 octobre.

La chaire Haydée Santamaría, membre de l’association non-gouvernementale des frères Saíz, a organisé en fin de semaine, les 23 et 24 octobre, un vidéo-débat qui fut centré sur le thème du chômage, un problème qui commence, pour la première fois depuis des décennies, à inquiéter sérieusement de larges secteurs de la société cubaine.

Dans son habituel Atelier libertaire “Alfredo Lopez”, la chaire Haydée Santamaría a proposé aux participants de prendre le  documentaire “El taxista full”, “Le taxi complet”, comme point de départ pour lancer un regard critique sur la situation difficile de l’emploi précaire dans l’île.

http://www.zip-films.com/taxistaful/

L’appel a circulé à travers le réseau de l’Observatoire critique et permit de rassembler de nombreux participants aux projets qui donnent vie au réseau. Pour les organisateurs “le chômage est aujourd’hui une réalité à Cuba, cependant, il n’existe pas encore d’espaces de débat et d’analyses sur cette réalité qui commence à nous toucher, nous ne savons pas comment faire face à ce phénomène, au-delà de la réaction critique instinctive”.

Le documentaire présenté par Mario Castillo, coordinateur de la chaire Haydée Santamaría, rend compte des initiatives et des expériences d’un chômeur à Barcelone, qui décide d’occuper des taxis dès le matin. Le protagoniste doit alors s’affronter aux foudres de la loi et à la recherche de solutions il commence un périple intéressant à travers tous les groupes et tous les courants anticapitalistes de la ville.

Miguel Arencibia, membre de l’Observatoire critique et analyste sur les questions économiques et sociales, auteur d’un travail publié en particulier sur le site Kaos en la red, mit en évidence un parallélisme entre la situation racontée dans l’audiovisuel et la situation cubaine.

À partir du quatrième trimestre de cette année et jusqu’au mois d’avril 2011, les institutions de l’État cubain devront réduire d’un demi-million le nombre de personnes employées. Ce chiffre devrait s’élever à 1 300  000 prochainement.

Selon Arencibia, le chômage est généralement utilisé comme un instrument de contrôle social pour réduire les salaires et les avantages sociaux des travailleurs. “Tout ce qui va se passer et va se développer  ici”, assura-t-il.

Il a également mentionné des éléments qui conduisent à aggraver la situation : les réductions d’effectifs, la baisse des stimulants matériels dans les deux monnaies en cours à Cuba, la suspension des gratuités, la mise en vente de grandes étendues de terres à des acheteurs étrangers, la construction d’ensembles immobiliers, entre autres.

Le juriste a évoqué l’actuelle loi sur la sécurité sociale qui augmentera l’âge de la retraite, ce qui est en contradiction manifeste avec le fait que des millions de personnes seront en trop dans le secteur public. Arencibia commenta le fait que les décisions concernant les suppressions d’emplois furent prises sans tenir compte du point de vue des travailleurs. Il mentionna des institutions comme l’Institut de philosophie et la fabrique de tabac La Corona.

Le débat a été approfondi en ce qui concerne le fonctionnement des entreprises cubaines. Hibert García, un activiste du projet Socialisme participatif et démocratique rappela que “les entreprises cubaines sont obligées de fournir l’État avant toute chose, même si elles mettent en danger leur propre existence.”

“En général ce sont des cotes fixes, toujours plus importantes, de sorte que la société est condamnée dès le début à occasionner l’épuisement progressif de la propriété sociale”, expliqua-t-il.

L’effet négatif de la double circulation de monnaie fut signalé durant le débat. Cette double-circulation qui règne à Cuba depuis 1993. “Nous avons l’un des plus haut taux d’inflation dans le monde, il est rendu invisible par la monnaie double”, a rappelé Arencibia.

Dans le même temps, le débat a reconnu les valeurs de solidarité comme un mécanisme efficace pour le développement social et personnel. Tato Quiñones, un membre de la Confrérie de la négritude, a fourni des exemples spécifiques de pratiques de solidarité qui persistent dans des espaces de vie populaire.

Le collectif de la chaire Haydée Santamaría est composé de chercheurs en sciences sociales, d’universitaires, d’écrivains et d’acteurs de la vie culture. Leurs débats sont caractérisés par l’angle critique avec lesquels ils abordent les problèmes de la réalité cubaine du moment. C’est là où se conjugue les débats théoriques et les expériences et les actions culturelles.

Publié le 30 octobre sur le site d’information cubain  ”Voces, comunicación alternativa”.

http://www.cubaalamano.net/voces/index.php?option=com_frontpage&Itemid=1


Enrique   |  Actualité   |  10 30th, 2010    |