Encore un paradis pour les riches
La péninsule la plus occidentale de Cuba, Guanahacabibes, inhospitalière pour certains, a été la source inépuisable de légendes sur des trésors enfouis par des corsaires et des pirates.
Bien que les recherches en terre n’aient donné aucun résultat, des études réalisées dans les eaux limitrophes estiment à quelque deux cents galions espagnols les épaves qui attendent dans les fonds marins leur repêchage pour l’histoire et le bénéfice du pays.
Cet appendice à l’extrémité de la queue du Caïman vert, comme l’on dépeint l’île de Cuba, tient ses plus grandes richesses avec la mer, sa faune et sa flore, seule zone incluse dans le Protocole des zones spécialement protégées de la Grande Caraïbe.
Sa superficie de 1060 kilomètres carrés de forêts, cataloguées comme celles présentant le meilleur endémisme de l’île, lui valut, en 1987, l’attribution de Réserve de la biosphère par l’Unesco.
Ces titres scientifiques permirent un vaste plan qui depuis 1990 réunit quinze organismes d’Etat dans un travail coordonné par le Bureau pour le développement de Guanahacabibes, dirigé par le commandant en retraite Julio Camacho Aguilera et son épouse Georgina, qui ont dédié vingt-cinq années à cette tâche.
La première chose qu’on chercha fut l’eau douce, qu’on trouva au bout de trois années dans un puits situé à 1800 mètres du phare Roncali. Ensuite, on construisit une route le long de la péninsule, une piste pour hélicoptères et une marina pour l’approvisionnement des embarcations qui naviguent par le détroit de Yucatan. On installa des tours de transmission pour recevoir les signaux de radio, de télévision et de téléphonie mobile.
Un Centre international de plongée fonctionne depuis quelques années sur la plage Maria la Gorda et au cap San Antonio, où cent cinquante capacités de logement existent pour le tourisme, chiffre qui pourrait croître jusqu’à mille habitations sur les six ou sept des vingt-deux plages que compte la péninsule.
La société espagnole La Playa Golf & Resorts S.L. commencera prochainement à construire dans la péninsule un complexe d’installations combinant une marina, des terrains de golf et une résidence exclusive pour touristes.
Le golf, connu dans le monde entier comme le sport des riches, fut critiqué par les leaders cubains et supprimé depuis la révolution de 1959. Fidel Castro et Che Guevara ridiculisèrent publiquement ce sport pour « bourgeois ».
Aujourd’hui les gouvernants cubains voient dans le golf, les marinas et les villas réservées aux seuls étrangers une bonne source de revenus pour les coffres de l’Etat socialiste. Avec l’objectif de convertir Cuba en l’une des principales destinations du golf dans le monde, le complexe touristique comptera une marina sportive, un centre hippique, un club de pêche et trois hôtels-boutiques.
On sait que l’installation portera le nom de Guanahacabibes Golf & Marina Resort et aussi que les travaux, réalisés conjointement avec Palmares SA, commenceront dès que les négociations entre les parties seront terminées.
Zone privilégiée pour la pêche sous-marine, ses fonds quasi vierges éveillent l’intérêt des amoureux du paysage marin. Avec l’île de la Juventud, elle est considérée comme le lieu par excellence pour la plongée, avec cinquante endroits localisés dans les eaux limitrophes auxquels on accède au moyen de petites embarcations depuis le Centre international de plongée.
Tous ces projets devront respecter les règles établies pour protéger ce qui a été réalisé dans cette Réserve de la biosphère…
Pilar Montès (Havana Times)
Traduction : Floreal
Photos : Caridad
* Le titre et la traduction de l’article sont le fait de l’auteur du blog Le blog de Floréal. Croire ou penser, il faut choisir !