« Radio República », porte-voix d’un groupe établi à Miami, le « Directoire Démocratique Cubain », financé par un organisme qui a pris le relais de la CIA, émet depuis le sol français
Grâce à des informations provenant des journaux L’Humanité et le Guardian, nous savons qu’une radio anti-gouvernementale cubaine « Radio República », porte-voix d’un groupe établi à Miami, le «Directoire Démocratique Cubain», financé par la «Fondation Nationale pour la Démocratie» (NED), un organisme qui a pris le relais de la CIA, émet depuis le sol français.
Plus précisément depuis le centre émetteur de radio en ondes courtes d’Issoudun dans l’Indre, géré par TDF. Et pour être très précis non pas à Issoudun même, mais à cinq kilomètres d’Issoudun, dans la petite commune de Saint-Aoustrille qui possède également un poste source électrique.
Le « Directoire Démocratique Cubain » et sa radio « República » ? Cette organisation basée à Miami regroupe des éléments violemment hostiles au gouvernement de La Havane qui vont jusqu’à commettre des actes terroristes sur le sol cubain. Objectifs: campagne de propagande notamment à l’aide de la radio « Republica », actions subversives et de déstabilisation. Le financement de ce groupe est assuré par la Fondation Nationale pour la Démocratie (NED).
Cette « respectable » fondation a pris le relais de la CIA à l’instigation de Ronald Reagan en 1982. Son financement est voté par le Congrès. Elle se veut un outil moins voyant que la CIA en poursuivant les actions secrètes sous un paravent de « coopération » avec le même objectif: déstabiliser les « gouvernement non amis » par le financement des oppositions. Les fonds sont gérés par un conseil d’administration où sont représentés le Parti Républicain, le Parti Démocrate, la Chambre de Commerce des États-Unis et le syndicat AFL-CIO. La fondation entretient des relations avec des institutions dans le monde entier. En France, avec la Fondation Jean-Jaurès et la Fondation Robert-Schuman.
La Fondation Jean-Jaurès est une succursale du Parti Socialiste « reconnue d’utilité publique » qui a pour but de « favoriser l’étude du mouvement ouvrier et du socialisme international, de promouvoir les idéaux démocratiques et humanistes par le débat d’idées et la recherche, de contribuer à la connaissance de l’homme et de son environnement, de mener des actions de coopération économique, culturelle et politique concourant à l’essor du pluralisme et de la démocratie dans le monde » (article 1er des statuts).
Et la Fondation Robert-Schumann ? Cette fondation est également un « think tank », un « laboratoire d’idées », bien évidemment pro-européen à la sauce capitaliste et même ultralibérale. Cette fondation a été reconnue comme la précédente, « d’utilité publique » en 1992, par la « gauche » socialiste. Elle tire son nom du ministre des affaires étrangères qui proposa en 1950 la création de la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier, ancêtre de l’Union Européenne.
L’AFL-CIO est la vieille centrale syndicale bureaucratique étatsunienne fondée en 1955 de la fusion de l’American Federation of Labour (fédération de métiers créée en 1886, ayant monopole à l’embauche et longtemps « apolitique ») et du Congress of Industrial Organisations (une scission née en 1935 de la volonté de développer le syndicalisme chez les ouvriers non qualifiés). En 1955, avec plus de 15 millions d’adhérents, elle regroupait un quart des ouvriers et employés américains.
De nos jours elle est en totale perte de vitesse comme la plupart des syndicats « occidentaux » d’ailleurs, en France en particulier.
Qu’est-ce que le centre TDF d’Issoudun ? Il a été créé avant la Seconde Guerre Mondiale et a pris un réel essor dans les années 1950. Surveillé de très près par les gouvernements, il assurait la diffusion de Radio France International, particulièrement en direction de l’Europe de l’Est. RFI, Radio France International se tournant vers le satellite et la modulation de fréquence ainsi que la fin de l’URSS ont modifié les objectifs de TDF à la recherche de nouveaux clients.
Anciennement « Télédiffusion de France », TDF est la marque légale de l’entreprise depuis 2004. Principaux clients : les chaînes de télévision, les stations de radios, les opérateurs de téléphonie mobile.
Financièrement parlant. L’actionnariat se présente ainsi : Texas Pacific Group, aujourd’hui TPG Capital (42%), Caisse des Dépôt et Consignations (24%), Ardian (ex Axa, 18%), Charterhouse Capital Partners (14%), divers (2%).
TPG Capital, c’est quoi, c’est qui ? Il s’agit du plus important fonds d’investissement nord-américain né en 1992. Il gère environ 30 milliards de dollars. Parmi ses principaux conseillers figure Bernard Attali (frère jumeau de Jacques) qui a occupé des fonctions allant de la Datar à la Cour des Comptes, de la Deutsche Bank au GAN, de Bankers Trust France à Air France… Chez TPG Capital, il a le titre de « senior advisor », conseiller spécial pour la France. Enfin TPG Capital est un « partenaire » de choix de la NED.
Comment expliquer qu’une radio installée à Miami à quelques encablures des côtes cubaines utilise, puisse utiliser des installations françaises éloignées de plusieurs milliers de kilomètres ?
Techniquement, parce que la puissance des structures de TDF Issoudun permet d’arroser en ondes courtes le monde entier, contournant ainsi les brouillages éventuels. Or, la Fondation Nationale pour la Démocratie, vitrine discrète de la CIA, ayant constaté des difficultés de réception de « Radio República » a demandé à son partenaire TPG Capital d’intervenir comme actionnaire principal auprès de TDF pour ouvrir un espace à la radio anti-gouvernementale, pour ne pas dire « radio terroriste ». Bref, du « partenariat » avec l’actionnaire principal.
Légalement parlant, c’est une autre paire de manches. En effet, tous les contrats signés par TDF sont nécessairement soumis pour approbation aux instances gouvernementales. Autrement dit, la responsabilité de la diffusion de la radio anti-cubaine depuis Issoudun repose exclusivement sur TDF et les autorités françaises. Un accord entre la NED, des autorités françaises et la radio a donc obligatoirement été signé. Mais par qui ?
Selon les informations de « L’Humanité », d’autres ondes courtes du centre d’Issoudun sont réservées aux officines de la CIA pour diffusion d’émissions pirates à destination de plusieurs régions du monde. Dans le cas de « Radio República », il s’agit d’une violation de la souveraineté de l’Etat cubain et du droit défini dans la constitution de l’Union internationale de Télécommunication (UIT).
En attendant, TDF soutient les agissements de la NED, rejeton de la CIA qui finance le « Directoire Démocratique Cubain » et donc « Radio República », dans le même temps où TDF « organisme français » est détenu à 42% par le plus que douteux groupe américain TPG Capital. Tout s’explique finalement.
Informations reprises sur le blog Don Quichotte