Comment le président de la république de Cuba est-il élu ?
Nous, citoyens cubains, ne sommes pas appelés à voter directement aux élections présidentielles. Un candidat unique est présenté aux députés de l’Assemblée Nationale du Pouvoir Populaire, une institution dont les membres ne sont pas vraiment élus par le peuple, mais désignés par la Commission Nationale des Candidatures
Cette commission est elle-même formée de personnes choisies par les directions nationales des six organisations suivantes : la Centrale des Travailleurs de Cuba (CTC), les Comités de Défenses de la Révolution (CDR), la Fédération des Femmes Cubaines (FMC), l’Association des Petits Agriculteurs (ANAP), la Fédération Etudiante Universitaire (FEU) et la Fédération des Etudiants de l’Enseignement Secondaire (FEEM).
Toutes ces organisations ne bénéficient pas d’un fonctionnement interne démocratique qui leur permettrait d’élire une direction un tant soit peu crédible, leurs dirigeants étant en fait mandatés par le pouvoir actuel. Ceux qui désignent le candidat unique à la présidence de l’état cubain sont donc eux-mêmes sélectionnés par des individus qui doivent leur statut aux détenteurs des pouvoirs politique, militaire, économique, social et culturel de la République de Cuba.
Voyons de plus près le déroulement chronologique du processus.
C’est cette Commission Nationale des Candidatures, non élue par la population, qui présente à l’Assemblée Nationale un candidat choisi parmi les députés pour chacune des fonctions de Président, Premier Vice-président, Vice-présidents, secrétaire et autres membres du Conseil d’Etat.
La proposition est alors soumise à une première validation des députés, qui votent de manière non anonyme. Si une trop grande partie d’entres eux rejettent les propositions, la Commission des Candidatures propose de nouveaux noms pour les places restées vacantes. Le délai dont elle dispose pour ce faire n’est cependant pas précisé par la Loi Electorale.
Une fois la liste complète validée, elle est soumise à un nouveau vote des députés, cette fois à bulletin secret. De nouveau, si un candidat n’obtient pas plus de 50% de votes, la Commission Nationale des Candidatures doit intervenir avec une nouvelle proposition pour le poste vacant. Le président est élu si sa candidature reçoit au moins 50% de votes favorables.
Il paraît évident que ce système confus a pour objectif immédiat d’empêcher une politisation de l’Assemblée Nationale en la réduisant à un simple organe approbateur. Son pouvoir est neutralisé par l’impossibilité que les parlementaires puissent eux-mêmes convenir des candidatures, ce qui aboutirait inévitablement à plus d’interaction entre les députés et à la structuration de l’Assemblée en différents partis, stables ou circonstanciels.
Ces partis auraient alors la possibilité de ne pas être toujours d’accord avec le pouvoir en place. Mais le député, entité complètement isolée au sein de l’Assemblée, ne peut donner son approbation qu’à titre individuel, sans pouvoir bénéficier d’un niveau de communication suffisant avec ses pairs. Le pouvoir applique le vieil adage du diviser pour mieux régner, et empêche ainsi la constitution de l’Assemblée nationale en Organe Suprême du Pouvoir de l’Etat, telle que définie dans l’article 69 de la constitution en vigueur.
L’objectif de cet enchevêtrement de subterfuges législatifs est clair : S’assurer que personne dans la République de Cuba ne puisse concurrencer les Castro, ou ceux à qui ils remettront le gouvernement. C’est-à-dire le pouvoir actuel… pour toujours.
José Gabriel Barrenechea