La situation des prisonniers politiques à Cuba
Il est difficile d’observer la situation des prisonniers politiques à Cuba. Ce n’est pas une activité autorisée, les observateurs sont considérés come des « traitres à la patrie » qui commettent un « attentat à la souveraineté cubaine ». Aucun groupe cubain ou international des droits de l’homme n’est reconnu juridiquement.
Les organisations internationales comme Amnesty international, ne peuvent pas envoyer de missions à Cuba. Le gouvernement fait partie de la minorité de pays dans le monde, le seul en Amérique latine, qui nie l’accès à ses prisons au Comité international de la Croix rouge.
Malgré ce manque de transparence des informations nous arrivent de l’île. Les conditions d’incarcérations à Cuba, pour les prisonniers de conscience, comme pour les prisonniers de droit commun sont très mauvaises. Les prisonniers vivent dans des conditions difficiles en raison du manque d’hygiène, de la mauvaise alimentation, du manque d’espace, des abus des gardiens et des mises à l’isolement.
Suite à l’accord récent avec les Etats-Unis, les autorités cubaines ont libéré 53 prisonniers. Les libérés sont considérés comme des prisonniers politiques par Amnesty international et par la Commission cubaine des droits de l’homme et de réconciliation cubaine dirigée par Elizardo Sanchez. On ne connaît pas tous les noms des prisonniers libérés, la liste n’a pas été rendue publique par Raul Castro lors de son allocution du 17 décembre. Les Etats-Unis avaient « montré de l’intérêt » pendant les négociations pour ces 53 prisonniers, mais Raul Castro a affirmé que la décision a été prise de manière unilatérale.
Mais est-ce qu’on peut réellement parler de libération pour les prisonniers politiques cubains ? A Cuba on parle d’ « excarcelaciones », parce que ces prisonniers ne sont qu’en liberté conditionnelle. Ils doivent se présenter régulièrement devant les autorités. Aujourd’hui, on les menace d’être à nouveau réprimés s’ils reprennent leurs activités politiques.
Alan Gross, un espion nord-américain qui a purgé cinq ans de prison pour espionnage a été également libéré, de même que les 5 agents cubains (les cinq héros) qui appartenaient à un réseau d’espionnage agissant aux Etats-Unis et qui avaient été condamnés aux Etats-Unis à des peines entre 15 ans et perpétuité.
A Cuba, on a libéré petit à petit ces 53 prisonniers avec des effets d’annonce qui profitent à Raul Castro et son gouvernement, il reste en prison de nombreux prisonniers politiques et pendant ce temps d’autres opposants sont jugés. Les tribunaux continuent à incarcérer des opposants. Le gouvernement poursuit sa politique répressive. Selon les organisations des droits de l’homme, il y a à Cuba plus de 500 détentions par mois. Il faudra des changements profonds à Cuba pour que ce régime autoritaire, toujours aux mains des militaires et d’une bureaucratie toute puissante, puisse changer.
Daniel Pinós Barrieras
Groupe d’appui aux libertaires et aux syndicalistes indépendants de Cuba