« Fernando Ortiz contre la race et les racismes » Un livre qui ne meurt pas
Lors du dernier Samedi du Livre, la respectée Dr. Ana Cairo a présenté l’ouvrage Fernando Ortiz contra la raza y los racismos (Fernando Ortiz contre la race et les racismes), une compilation de textes réalisée par les Dr Jesús Guanche Pérez et José Antonio Matos Arevalos.
Le livre Fernando Ortiz contra la raza y los racismos a été publié par la maison d’édition Nuevo Milenio, sous son sceau de Sciences Sociales, et regroupe onze textes peu connus de Don Fernando Ortiz, datés entre les années 1910 et 1964, dans lequel l’auteur réfléchi sur le mythe des races et sur les différentes manières dont le racisme se manifeste.
José Antonio Matos Arevalos, docteur en Philosophie de l´Université de La Havane et spécialiste de l’étude des œuvres non publiées de Fernando Ortiz, a remercié les personnes présentes et la Fondation Fernando Ortiz pour le travail qu’il a réalisé durant de nombreuses années et il a souligné qu’une meilleure compréhension de cette personnalité paradigmatique de la culture cubaine dans les écoles et les universités est néanmoins nécessaire.
Pour sa part, l’anthropologue Jesús Guanche Pérez, docteur en Sciences Historiques, professeur agrégé de l’Université de La Havane et de l’Institut Supérieur de l’Art, s’est référé à une lecture « qui est dans le texte ou dans l’intertexte des travaux que nous avons compilé ici et c’est la responsabilité sociale du scientifique avec le résultat de ses investigations ». Il a alors souligné qu’il ne suffit d’atteindre les résultats escomptés, mais qu’il est impératif « de s’engager et de se responsabiliser avec l’introduction de ces résultats dans la vie et la pratique sociale »
La docteur Ana Cairo a parcouru chaque texte du livre, elle a présenté ses aspects et ses vertus essentielles, les a remis dans leur contexte, a signalé les carences, a proposé des compléments, a valorisé l’avantage idéologique du livre pour le présent de la nation, le tout lors d’une intervention agréable et intéressante.
Elle a félicité les compilateurs pour la précieuse sélection des textes de celui qui n’était pas seulement un spécialiste des sciences sociales, mais un promoteur de la société, rappelant que c’était « un homme qui s’est engagé par le biais des associations et des projets pour la mise en pratique des idées sur lesquelles il avait fait des recherches ».
La professeur a souligné l’idée, si transcendantale aujourd’hui, « de la nécessité de lutter contre tous les racismes car il n’y a pas un type de racisme, c’est une mentalité qui se matérialise dans une multitude d’actes racistes, certains conscient, d’autres pas, Ortiz va donc être un combattant de tous les racismes » et l’importance du texte pratiquement inconnu Defensa cubana contra el racismo antisemita (Défense cubaine contre le racisme antisémite), se référant au débat et à tout le travail qui a été fait à Cuba pour combattre les préjugés envers les Juifs et dans lequel Ortiz condamne toute forme de racisme, de persécution et de xénophobie « C’est un chapitre très intéressant de la participation cubaine en défense du peuple juif et dans la lutte contre le fascisme ».
Au sujet de l’article Del fenómeno social de la transculturación y de su importancia en Cuba (Le phénomène social de la transculturation et son importance à Cuba), elle a précisé son importance à partir de la nécessité d´éliminer le traitement réductionniste qu’on donne parfois aux processus interculturels, ceux-ci étant des processus de changement infinis ayant de multiples implications.
Ana Cairo a fait remarquer que dans le texte Por la integración cubana de blancos y negros (Pour l´intégration cubaine des Blancs et des Noirs), écrit en 1942, l´auteur soutient une thèse essentielle aujourd´hui, de grande actualité, car il fait un diagnostic et un pronostic, il parle des phases du thème du racisme pour la couleur de la peau à Cuba « et il dit quelque chose dans laquelle je crois profondément : nous devons continuer à mener la bataille pour à ce qu’il appelait la cinquième phase du problème ». Ensuite elle a expliqué qu’il est temps que les couleurs et d’autres attributs physiques du peuple deviennent des éléments de non différenciation, ce qui est essentiel pour pouvoir livrer une bataille contre les racismes. « Nous savons même que les arguments anthropologiques, médicaux ou génétiques datant de 60 ans sont dépassés aujourd´hui, il y des nouvelles preuves scientifiques qui assurent que les races n’existent pas, mais comme cette idée continue à exister dans l´esprit des gens et il faut passer à une lutte active pour arriver à atteindre le stade de l´indifférence dans lequel personne ne prend en compte les couleurs des gens ».
Elle a appelé l’attention sur le travail La sinrazón de los racismos (La déraison des racismes), où Ortiz étudie les problèmes de racisme après la Seconde Guerre Mondiale, au milieu de la Guerre Froide.
La présentatrice a fait une suggestion car elle considére qu’il manque un texte dans le livre : « quand, Fidel, en mars 1959, a fait deux grands discours sur la question raciale, Ortiz a été interviewé et il me semble que cela devrait être le point culminant de ce livre », et elle a déclaré que le chercheur exprimait sa solidarité avec la position du gouvernement révolutionnaire.
À propos de l’utilité et du bénéfice actuel du volume Fernando Ortiz contra la raza y los racismos, elle a déclaré : « Parfois j’écoute certaines personnes et je m’émerveille de l’audace qu’est l’ignorance, voyant certaines questions – comment dirait José Martí – avec une mentalité de villageois et Ortiz, pour lutter contre les racismes, a utilisé tout l’appareil théorique des sciences sociales du monde (…) La lutte contre les racismes n’est pas une bataille d’ici et de maintenant, c’est une bataille du monde ».
Pour finaliser, la Dr Ana Cairo a assuré que de tels livres ne meurent pas, « c’est pourquoi il est important que de nombreuses personnes l’achètent et qu’il soit dans les maisons pour que les parents, les enseignants, les journalistes puissent le consulter, et, entre tous, nous pouvons continuer à mener une bataille qui est de tous, partout dans le monde ».
Susana Méndez Muñoz | Cubarte