Manuel Otero Alcantara, un artiste dissident en grève de la faim hospitalisé
Après huit jours de grève de la faim et de la soif, Luis Manuel Otero Alcantara a été délogé et transféré à l’hôpital dimanche. Les autorités estiment qu’il ne présente aucun signe de malnutrition et dément cette grève de la faim, mais l’artiste cubain est toujours soigné. Il avait cessé de boire et de s’alimenter pour dénoncer la répression dont il fait l’objet et le vol de ses œuvres d’art.
« Si le régime cubain me laisse mourir, c’est son absurde intransigeance qui m’aura tué. » Voilà l’un des derniers messages de Luis Manuel Otero Alcantara, sur les réseaux sociaux, publiés à son septième jour de grève de la faim et de la soif.
Luis Manuel Otero Alcantara était isolé depuis une semaine chez lui, son domicile encerclé par des forces de police. Ses amis et soutiens ont été empêchés de lui rendre visite, provoquant dans les rues de La Havane des protestations inédites, retransmises sur les réseaux sociaux. Une dizaine de protestataires sont encore actuellement en détention.
Début avril, Luis Manuel Otero Alcantara avait été détenu pendant quelques heures alors qu’il tentait de distribuer des bonbons aux enfants de son quartier dans le cadre d’une performance artistique. Prêt à se laisser mourir comme ultime recourt pour dénoncer la persécution dont il fait l’objet, l’artiste de 33 ans s’était déclaré en grève de la faim pour dénoncer la saisie de plusieurs de ses œuvres par les forces de l’ordre.
Ses soutiens exigent des preuves de vie
Dimanche matin, les forces de sécurité l’ont donc transféré à l’hôpital, mettant fin à sa grève de la faim à son huitième jour. Depuis, les autorités ont publié des images montrant l’artiste accompagné d’un médecin marchant de l’ambulance vers l’hôpital. Et la direction de santé de La Havane a fait savoir qu’après plusieurs examens médicaux, il ne présentait aucun signe d’inanition.
Le Mouvement San Isidro, auquel Otero Alcantara appartient et que les autorités cubaines accusent d’être financé par les États-Unis, n’en croit pas un mot et exige à présent des preuves de vie crédibles de l’artiste.
Plusieurs leaders de l’opposition cubaine en appellent au soutien de la communauté internationale et aux ONG de défense des droits de l’homme pour sauver Luis Manuel Otero Alcantara du régime et mettre fin à la répression des artistes et activistes.