A Cuba, des écoles sont transformées en prisons ? Oui, vous avez bien entendu
En 2010, l’État a choisi de mettre fin aux bourses et à l’enseignement pré-universitaire à la campagne. Il suffit de faire une promenade à travers l’ancienne province de La Havane pour voir les anciens bâtiments transformés aujourd’hui en centres d’instruction pénaux ou en prisons de travaux forcés avec un régime de “semi-liberté”.
Avons-nous besoin de plus de prisons que de logements à Cuba ?
Il me vient quelques idées simples sur ce que l’on pourrait faire avec les anciennes écoles :
1. Des coopératives paysannes
2. Des logements la population
3. Des auberges pour les ouvriers du bâtiment qui proviennent de la zone orientale comme les marocains qui immigrent en Andalousie.
Pourquoi augmenter la capacité et la quantité des moyens répressifs de l’État cubain ?
Attention, nous sommes à un moment critique pour le pays, les changements que les gouvernants envisagent de mener à bout pour faire de Cuba un pays “normal” et “moderne” vont avoir un coût social qui sera inévitable.
L’augmentation de l’âge de la retraite, le million et demi de chômeurs prévu par l’État et la récente augmentation de la précarité peuvent être constatés dans les quartiers pauvres de La Havane, et ce n’est que la pointe de l’iceberg.
Le “peuple qui lutte”, a été dépolitisé au cours des quelques 50 dernières années, aliéné par la routine insupportable liée à la lutte quotidienne afin de trouver quelque chose à se mettre dans l’estomac, divisé par la méfiance de la possible dénonciation de l’intérieur, pour cela de nombreux cubains ne sont pas en mesure de comprendre le tsunami qui va nous submerger.
Mais ceux qui sont au pouvoir, ceux qui disposent de toutes les structures de l’État et des organes de masse pour mettre en œuvre des lignes directrices avec lesquelles ils prétendent nous sauver ; ceux qui ont tous leurs besoins primaires garantis, les mêmes qui vivent dans des quartiers luxueux avec un accès interdit à la population, ceux-là disposent de toute l’information et donc de la capacité d’analyse nécessaire, ceux-là savent que les changements qui sont mis en œuvre à Cuba vont plonger encore plus dans la pauvreté la majorité des Cubains.
Mais il ne s’agit pas seulement de La Havane. Le moment est un moment clé, ce qui s’approche sera très douloureux pour la grande majorité du peuple.
Pour cela ceux qui contrôlent l’Etat craignent des révoltes, mais ils ont peur aussi de l’organisation populaire qui se met en place aujourd’hui et elle va inévitablement augmenter en raison de la pauvreté dans les quartiers pauvres, à travers tout Cuba.
Pour cela, ils marchent à pas de tortue, pour que nous nous adaptions à la violence comme la grenouille s’adapta à l’eau chaude et il vient un moment où elle ne pu plus bouger la patte. C’est pour cela que le nombre de prisons augmente et qu’on ne créé pas de maisons de la culture.
Pour cela, il y a plus de centres d’instruction pénale et non pas plus de maisons de retraite pour des anciens qui ont plié l’échine lors des récoltes de canne à sucre et lors des missions internationalistes.
Maintenant, nous savons où va le budget, alors qu’ils prétendent qu’il n’existe pas. Nous savons maintenant où sont dilapidés les richesses générées par le peuple avec tant de sacrifices. Auront-ils aujourd’hui le culot de dire que l’État n’a pas d’argent ? Que la construction de prisons se fait à travers l’investissement de l’étranger comme la construction des hôtels, des marinas et des terrains de golf pour millionaires ?
Le souvenir du commandant Camilo Cienfuegos détruisant les murs de la caserne Columbia est toujours dans la tête des gens. “Convertir les casernes en écoles”, c’était le slogan de l’époque.
Les fonctionnaires de l’État cubain disent très fort que Cuba est un pays socialiste et quand viennent à la lumière les contradictions de telle affirmation ils brisent-ils leurs vêtements comme des possédés.
Pourquoi un pays socialiste avec tant de carences matérielles doit-il augmenter le nombre de ses prisons ?
Que les partisans de la révolution cubaine se posent la question, que penseraient-ils si cela se passait dans leur propre pays ? Mais ce qu’il y a de plus triste, si vous me demandez, c’est que là où les gens ne sont pas capables de reconnaître leur capacité à changer ce qui doit être changé, les gens reconnaissent ce droit à l’État. Ils savent bien jusqu’à quel point le peuple peut supporter la situation. Pour cela, ils essayent de mettre des pansements sur la plaie avant qu’elle soit purulente.
La répression, l’exil, la mort, la prison. Si le peuple se révolte, le pouvoir s’enrage, mais l’histoire enseigne aussi, toujours, toujours, elle réveille le géant.
Il n’y a pas de force capable de vaincre les gens lorsqu’ils luttent pour leur vie et leur bonheur. Nous ne gagnerons qu’avec une organisation populaire, avec la conscience de classe, avec la solidarité et l’appui mutuel dans les quartiers, parce que nous n’avons pas d’autre choix .
Adrian Del Valle
Regla, 2013
Article publié sur le journal libertaire ¡Tierra nueva!, dans le n° 4 (spécial prison) :
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“Si vous me demandez ce qu’est la prison, je vous répondrai sans hésiter que c’est la décharge d’un projet socio-économique donné, en son sein ils enferment toutes les personnes qui gênent dans la société… c’est pourquoi les prisons hébergent principalement des pauvres”.