C’était en Avril… et toute la Havane dansait !

Le mois d’avril apporte dans son sillage le printemps, mais depuis 1996, dans la Vieille Havane, ce ne sont pas des fleurs qui jaillissent de toutes parts mais des danseurs. C’est le temps d’un envoûtement qui dure jusqu’à ce que chaque rue du Centre Historique dispose de son quota de danse.

Ce rêve est possible grâce au « Festival International de Danse en Paysages Urbains ». Le festival, organisé par la Compagnie Danza Teatro Retazos, le bureau de l’Historien de la Ville et le Conseil des Arts de la Scène est un prétexte pour promouvoir la magie de la Danse.

Dans ce rassemblement appelé aussi « La Vieille Havane, une ville en mouvement », le patrimoine culturel et architectural du Centre Historique se mêle au talent des différentes compagnies de danse issues de 16 pays. Cette édition 2013 a fait la part belle aux danseurs  de Cuba et venus du Mexique.

Eugenio Chávez, coordinateur général du festival, en présente sa vision : « on a commencé en créant une interaction entre les danseurs de Retazos et les portes de La Vieille Havane. Isabel Bustos, Prix National de Danse 2012, y a vu l’opportunité de se servir des détails architecturaux pour les intégrer dans la chorégraphie. Dès la 2ème année  d’organisation de cet évènement, j’en ai assumé la coordination générale et depuis c’est un apprentissage constant qui nous a fait évoluer. En effet, ce n’était qu’un rendez-vous mineur quand j’ai commencé il y a 12 ans, car il n’y avait que 6 compagnies étrangères ».

Selon l’organisateur, le succès de ce festival réside dans le fait qu’il est maintenant réputé, dans le rapport que le public entretient avec la danse contemporaine et dans la mise en scène d’œuvres de jeunes chorégraphes. Et il permet aussi de renforcer la passion des spectateurs pour les merveilles architecturales de La Havane.

« Les vitraux, les Réverbères, le Parc sont amenés à être vus depuis la perspective des danseurs. Prendre quelques minutes et découvrir ces derniers au milieu de l’exceptionnel paysage urbain de la capitale est une façon d’aimer davantage la ville, les rues et tout  ce qu’on ne regarde pas assez », dit-il.

Dans cette édition, plus de 1000 artistes ont participé et au total 82 compagnies de danse sont venues, dont 42 étrangères. « Le nombre de danseurs s’accroit chaque année. Nous sommes débordés de propositions de troupes qui veulent participer ».

Comme coordinateur général, Chávez témoigne : « on compte parmi les participants des compagnies de danse très connues comme le Groupe de Danse Folklorique de Nilufer de Turquie et la Compagnie Butoh Space Dance du Japon dirigée par Tetsuro Fukuhara. Cette dernière a reçu un accueil fantastique durant sa présentation à la Factoría Habana. Pendant des années nous avons travaillé sur la variété, la totale diversité dans la façon de faire de la danse. Nous avons des étudiants qui sont en pleine évolution scénique et c’est donc une opportunité pour eux, une façon de ne pas fermer la porte à leurs créations ».

Il ne s’agit pas seulement d’admirer des scènes exceptionnelles, mais aussi  d’enrichir les étudiants en leur permettant d’avoir à leur côté des artistes de diverses formations intenationales. C’est aussi une des forces de « La Vieille havane : une ville en mouvement »

Chávez se définit lui-même comme un « créateur d’harmonie ». Il reconnaît que son rôle principal est de favoriser la création de façon harmonieuse et agréable. « Souvent les organisateurs et moi, sommes les garants de l’imagination. Les créateurs ne savent rien du travail de production, de la réalité. Ils l’oublient car sont au-dessus de tout cela, comme en lévitation et il m’appartient alors de faire en sorte qu’ils restent dans l’irréalité de leurs créations, afin de continuer à inventer et à nous offrir un peu de leur magie. Il faut laisser évoluer les artistes dans leur espace ».

« On ne peut admirer que ce que l’on partage avec autrui et il en va ainsi de l’art. Les festivités sont le fruit d’une année entière d’efforts, de travail et d’échanges permis par de vraies interactions avec des espaces web, avec des festivals du monde entier. Un dialogue constant avec des producteurs, des artistes et des organisateurs ».

Ces réjouissances sont un prétexte pour donner plus de liberté à l’Art présent sur les murs du patrimoine architectural et culturel du Centre Historique de La Havane. Cette manifestation fait partie-depuis 1999-du Circuit International des Villes qui dansent. Ce réseau est reconnu et approuvé par des villes d’Europe et d’Amérique et a été créé en 1992 à Barcelone.

Ernesto San Juan


Enrique   |  Culture, Société   |  05 31st, 2013    |