Le premier Festival culturel ArtEco de San Antonio de los Baños a été interdit

Le premier Festival culturel ArtEco : Art, Ecologie et Communauté “Pour l’amour de la terre!” devait avoir lieu le 26 novembre dans le quartier du Paso del Soldado, à San Antonio de los Baños, près de La Havane. C’était un événement communautaire organisé par le collectif la Rueda, la Roue, avec l’aide et les efforts des habitants et des artistes du quartier. Ce festival a été interdit par le responsable municipal de la culture la veille de son inauguration, sans explications et sans informer les organisateurs.

De nombreux enfants s’étaient déguisés pour la parade, les familles préparaient depuis des jours des costumes de clowns, de gitanes, d’Indiens et de pirates, les enfants apprenaient des chansons et des poèmes.

Les raisons invoquées sont absurdes. Le matin de l’inauguration, les voisins ont vu deux personnes à moto arracher les affiches réalisées par les habitants et lorsqu’ils ont demandé des comptes aux censeurs, il leur fut répondu qu’ils emmenaient les affiches “là-haut” (lieu où se situaient leurs chefs). Les éducateurs et les artistes impliqués ont été appelés par téléphone et intimidés, et deux membres du collectif la Rueda ont été convoqués par la Direction municipale de la culture. On leur a posé des questions : qu’est ce que c’est une performance, un forum public, une collecte de vêtements et de jouets, un magasin de troc, et en particulier qu’est-ce que voulait dire “Soutien la communauté, unis-toi au mouvement du changement !”, on leur demanda aussi quels étaient leurs noms et leurs lieux de travail ? Ces informations ont été donnés à “quelqu’un” qui a appelé par téléphone et qui n’a pas été identifiée.

Le Festival se trouvait dans le programme d’activités de la Direction municipale de la culture depuis 15 jours, les organisateurs ont participé à la réunion de programmation de la Maison de la culture où ils ont expliqué les principales actions prévues et demandé la collaboration de la Direction pour faire une répétition générale le jeudi. Un appareil de sonorisation a été prêté de même que du matériel pour accrocher les œuvres de l’artiste plasticien invité. Les organisateurs furent écoutés et ils reçurent toutes les assurances des autorités concernant le déroulement du festival.

Le matériel de promotion a été montré, avant l’interdiction, aux promoteurs de la culture, sans qu’aucune objection ne soit formulée, et les réunions de suivi ont eu lieu dans la Maison de la culture. Personne n’a expliqué à la communauté les motifs de cette décision. L’évènement a été suspendue, un point c’est tout.

Le collectif la Rueda a été créé récemment, il regroupe de jeunes enseignants, des informaticiens, des animateurs culturels et des artistes. Il travaille pour le socialisme libertaire et l’éco-développement aux moyens de l’auto-organisation et de la gestion communautaire pour régénérer la diversité/vitalité naturelle et culturelle des communautés qui composent l’écosystème du lac-forêt-fleuve Ariguanabo. C’est un espace plein de possibilités pour la défense de la vie, qui favorise le dialogue critique avec la réalité, à partir de la reconnaissance et du respect des autres formes d’organisation et des autres idéaux. C’est la roue, le soleil et l’amour en mouvement. Les membres du collectif croient que la solution des problèmes environnementaux passe par une critique de la culture de la guerre, une culture qui détermine et justifie la destruction de l’environnement et des communautés. Ils se définissent comme anti-capitalistes, anti-étatistes et anti-militaristes, c’est-à-dire anti-autoritaires. Ils aiment Cuba et la cubanie sans exclusions et ils défendent les origines et  les idéaux populaires et démocratiques de la Révolution cubaine. C’est ainsi qu’ils se définissent aujourd’hui.

Le Festival a été leur première action avec une campagne de soutien aux producteurs agro-écologiques du  territoire et aux énergies propres, dans l’attente de fêter le solstice d’hiver, ils ont commémoré l’assassinat du Mahatma Gandhi et le jour de la non-violence.

Le but du Festival était de mobiliser et de sensibiliser la communauté pour transformer son espace et ses relations à l’environnement. Rien de tout cela n’intéresse les officiels qui se sont opposés à la tenue du festival, ils ne s’intéressent pas non plus les idées défendues par le collectif la Rueda: “changer tout ce qui doit être changé”, car il inclut la perte de leurs privilèges. Les opportunistes et les agitateurs des médias officiels utilisent la confusion et les attaques personnelles, les rumeurs… pour imposer le défaitisme et l’apathie, et pour détruire toute résistance réelle à la machine à tuer qui a envahi le monde. Le collectif a réagi après l’interdiction en collant à côté de l’affiche annonçant le festival une autre affiche, en plein milieu de la rue, qui disait : Suspendu par le directeur municipal de la culture. C’était le moins qu’il pouvait faire pour ces enfants qui sont restés habillés et qui pleuraient parce que la “fête n’a pas eu lieu”.

Vous pouvez lire ci-dessous la lettre de Marfrey Cruz Medina (un des animateurs de la Rueda) au chanteur Silvio Rodríguez, afin de l’informer de l’interdiction du Festival et la réponse lapidaire de Silvio Rodríguez. Le troubadour officiel de la nouvelle chanson cubaine se contente,comme il l’a fait précédemment dans d’autres cas, de justifier les censeurs et d’accuser Marfrey pour son engagement dans le mouvement libertaire…

http://observatoriocriticodesdecuba.wordpress.com/2011/11/27/carta-a-silvio-rodriguez-de-marfrey-cruz-medina/#comment-439


Enrique   |  Culture, Société   |  11 29th, 2011    |